Le Printemps s'apprête à repartir à la conquête des marchés internationaux avec des ouvertures prévues en 2021 au Qatar et en Italie, dans le cadre d'un ambitieux plan de développement qui vise à doubler ses ventes en dix ans.

Le groupe de grands magasins entend changer de dimension et porter son chiffre d'affaires à 3,5 milliards d'euros d'ici à 2030, contre 1,7 milliard aujourd'hui, grâce au digital, à de nouvelles offres dans son magasin historique du boulevard Haussmann et à son expansion internationale.

"Il s'agit pour Le Printemps d'une évolution majeure par rapport à ce qui a prévalu au cours des dix dernières années", a déclaré à la presse mercredi Paolo de Cesare, président du Printemps.

Propriété du Qatar depuis 2013, le groupe s'apprête à consentir des investissements qui dépasseront "très largement" les 700 millions d'euros investis ces dix dernières années dans sa rénovation et son repositionnement sur le segment du luxe.

Après avoir fermé en 2017 à Tokyo son dernier magasin à l'étranger, Le Printemps va repartir à la conquête des marchés étrangers, mais sur d'autres bases.

Il n'entend pas laisser à un franchisé la maîtrise des affaires. Les magasins seront gérés directement par le groupe, qui s'assurera que l'offre, les services et l'environnement seront conformes à ses standards.

A Doha, capitale du Qatar, un très vaste magasin d'une surface de 30.000 m² (proche des 45.000 m² du boulevard Haussmann) ouvrira dans un immense complexe immobilier comprenant un hôtel de grand luxe, des cinémas et un parc à thème.

A Milan, Le Printemps ouvrira un magasin à proximité du Dôme, au coeur de la capitale économique italienne, dans un modèle qui sera plus proche de celui du musée du Louvre, à Paris.

CINQ A DIX MAGASINS ATTENDUS A L'ETRANGER

D'une surface beaucoup plus restreinte (2.500 m²), le Louvre profite d'un emplacement stratégique - les 10 millions de visiteurs annuels du musée - et engrange un chiffre d'affaires équivalent au tiers des étages luxe et accessoires du boulevard Haussmann.

Cinq à dix magasins devraient suivre, à l'étranger, "en fonction des opportunités qui se présenteront, dans des lieux uniques et iconiques", a précisé le dirigeant.

L'accélération dans le digital constituera aussi un des moteurs de la croissance future.

Le groupe qui réalise aujourd’hui 7% de ses ventes en ligne via son site de marques "premium" Place des tendances et le site de sa filiale Citadium, attend atteindre la barre de 20% à 25% grâce au lancement, début 2020, d'un site dédié au luxe baptisé Le Printemps.com.

Il mise aussi sur le développement du marché de la maison, avec l'acquisition de la plate-forme Made in Design.

Le spécialiste de la vente de meubles et de décoration, acteur de la démocratisation du design en France, compte cinq sites en Europe et 400.000 clients. La plate-forme viendra enrichir l'offre multicanale du Printemps dans un marché en forte croissance.

En province, la marque Aroma-Zone, spécialisée dans la distribution de produits cosmétiques naturels à faire soi-même, sera proposée dans plusieurs magasins du réseau.

Enfin, pour rester attractif, Le Printemps va engager une dernière phase de travaux dans son magasin historique, dans les étages dédiés au "designers" et aux chaussures.

A l'image du Bon Marché, propriété de LVMH, ou des Galeries Lafayette voisines, le grand magasin parisien multiplie les efforts pour se différencier dans un marché ultra-concurrencé par le e-commerce et attirer les visiteurs à force de marques "exclusives", d'expositions ou d'événements culturels.

Il s'apprête ainsi à accueillir Le Vieux Campeur, le spécialiste de l'équipement sportif, dans un vaste espace du Printemps de l'Homme.

IMPACT DE GILETS JAUNES

Le magasin d'Haussmann, qui compte 22 millions de visiteurs par an et réalise 1,0 milliard d'euros de chiffre d'affaires, devrait ainsi parvenir à 1,5 à 1,7 milliard d'euros de ventes d'ici 2030, selon Paolo de Cesare.

Très touché par le mouvement des "Gilets jaunes", le groupe, qui signait une croissance de 5,5% jusqu'en novembre - et de 8% pour Haussmann - a vu sa progression limitée à 3% sur l'ensemble de son exercice décalé clos le 31 mars 2019.

"L'impact a été énorme", a reconnu Paolo de Cesare. Les samedis ont perdu le quart de leur chiffre d'affaires, une baisse qui a été en partie seulement compensée par le report des achats sur les autres jours de la semaine, principalement le vendredi.

Sur le boulevard Haussmann, avec la baisse de la fréquentation touristique qui compte pour la moitié des ventes du magasin, la croissance été limitée à 3,5%.

(Pascale Denis, édité par Jean-Michel Bélot)

par Pascale Denis