Quand la Chine tousse, le secteur du luxe s'enrhume. A la Bourse de Paris, LVMH cède 2,24% à 251,15 euros, Kering abandonne 2,22% à 396,90 euros et Hermès recule de 2,03% à 486,30 euros. Les investisseurs réagissent mal aux derniers indicateurs témoignant du ralentissement de l'économie chinoise, principal moteur du luxe. En effet, les exportations chinoises ont baissé de 4,4% en décembre sur un an tandis que les importations se sont repliées de 7,6%.

La nouvelle est particulièrement mauvaise pour le luxe. La clientèle chinoise représente plus de 30% des ventes du secteur, selon les estimations du cabinet d'études Bain & Co.
Depuis cet été et les premiers signes d'un ralentissement de la demande chinoise, les valeurs de luxe sont devenues plus volatiles et sensibles à chaque mauvaise nouvelle en provenance de la Chine. Ce dossier est très suivi par les analystes financiers du monde entier.

En décembre, HSBC disait prévoir une croissance organique des ventes de 7% en 2019 après 10% en 2018, essentiellement en raison de l'essoufflement de la demande chinoise. Jeudi dernier, Berenberg a livré ses propres réflexions. La banque allemande convient que le secteur est désormais en fin de cycle, période où le risque d'un ralentissement de la croissance organique est plus élevé que l'hypothèse d'une hausse.

Selon elle, les investisseurs redoutent que le luxe ne s'effondre comme en 2012 après les mesures anti-corruptions drastiques prises par Pékin.
Mais, comparaison n'est pas raison. Le secteur est structurellement mieux positionné qu'il y a cinq ans, observe le broker. Les moteurs sous-jacents de la consommation de luxe en Chine, comme la classe moyenne et la génération "millennial" sont solides et forts capables d'assurer pendant longtemps une croissance organique de 5%.

Pour autant, pas de rebond en vue compte tenu d'un environnement macroéconomique devenu plus incertain, prévient l'analyste.

Dans ce cadre, le bureau d'études préconise la prudence vis-à-vis des groupes qui ont bénéficié le plus de leur statut de "valeur de retournement" tels que Burberry, Prada et Tod's.

Pour autant, certains groupes resteront à la mode, tempère Berenberg : les plus gros, les plus diversifiés c'est-à-dire les champions français LVMH et Kering. Leur puissance de feu financière devrait continuer de susciter l'intérêt des investisseurs en cette année placée sous le signe du Cochon et... des fusions-acquisitions.