A première vue, pas tellement. Avec 576 assertions "banque" dans le document de référence 2017 de Natixis et une définition maison qui commence par "Natixis est la banque internationale de financement, d’investissement, de gestion d’actifs, d’assurance et de services financiers du Groupe BPCE", on comprend vite qu'il va falloir trouver d'autres arguments pour s'affranchir de la qualification. Jetons quand même un coup d'œil à la répartition de l'activité du groupe, du moins à ses activités au début de l'année, car quelques bouleversements ont eu lieu depuis.
 
Les résultats 2017 faisaient apparaître un produit net bancaire de 9,5 milliards d'euros. Les pôles Gestion d'actifs & de fortune et Banque de Grande Clientèle représentaient chacun environ le tiers des revenus. Le solde était assuré par les Services financiers spécialisés (14%) l'Assurance (8%) et la division "Hors Pôles", en particulier l'assureur-crédit Coface. La répartition du PNB 2017 ressemble au reblochon ci-dessous (Zonebourse est installé à Annecy, pas en Normandie).
 

Depuis, la donne a un peu changé. Natixis a annoncé en septembre dernier avoir enclenché le processus de cession à sa maison-mère BPCE de ses branches Affacturage, Cautions & garanties, Crédit-bail, Crédit à la consommation et Titres. L'opération valorise ces actifs, qui représentent 67% du PNB des Services financiers spécialisés 2017, à 2,7 milliards d'euros. La part des Services financiers spécialisés baisse ainsi de 14 à 5% de l'activité, comme le montre la spécialité fromagère qui suit.
 

Pourquoi douter du statut de Natixis ? Parce que petit à petit, l'établissement s'éloigne des métiers traditionnels de la banque. "Je me demande si Natixis a toujours besoin d'une licence bancaire. Mon intuition penche définitivement vers la négative", explique Farhad Moshiri, qui suit le secteur bancaire chez AlphaValue et qui ne voit pas de contrainte économique ou technique à l'abandon de la licence bancaire. "La seule réticence viendrait de BPCE mais l’influence grandissante de Natixis au board de BPCE nous laisse penser que ça n’est plus un obstacle", estime Moshiri.

Une valorisation libérée, délivrée 

En sortant de la sphère purement bancaire, Natixis, s'affranchirait des exigences réglementaires les plus strictes. AlphaValue estime que devenir une société de financement permettrait de dégager un potentiel additionnel de 20%. Mieux, en devenant un fournisseur de services d'investissement, le levier serait de 35%. Le bureau d'études pense que le "zéro bilan bancaire" est préférable, ce qui transférerait la capacité de recevoir de dépôts ou de faire de prêts à BPCE. "Nous considérons que les investisseurs sont plus à l’aise avec des modèles simples, peu risqués et moins contraignants", résume Farhad Moshiri. Nous profitons de l'occasion pour ressortir de notre chapeau un graphique réalisé il y a peu sur la valorisation des secteurs en Europe : les services financiers sont largement mieux considérés que la banque par les investisseurs.
 
 
Cliquer pour agrandir (Source Zonebourse avec Reuters)
 
En se libérant du carcan bancaire, Natixis pourrait se renforcer sur trois métiers prioritaires. L'Assurance, la Gestion d'Actifs et les Services de Paiements. Dans ce dernier segment, impossible de passer sous silence l'intérêt avéré du groupe pour Ingenico, qui permettrait de réduire l'écart avec les pointures du secteur, comme Adyen et Wirecard. AlphaValue souligne que la branche terminaux n'aurait pas vocation à rester dans le périmètre. En tant que fournisseur de services d'investissement, la valorisation du dossier atteindrait 7,46 EUR l'action, indique Farhad Moshiri, soit un potentiel de plus de 60% sur le cours actuel de 4,61 EUR.