La demande, appréciable à travers les données de broyages, a été néanmoins vigoureuse. Sur le troisième trimestre, l’Association européenne du cacao a annoncé que les broyages ont augmenté de 3% par rapport au trimestre précédent, tandis que l’Association nationale des confiseurs américains a récemment avancé une hausse de 2% des broyages. Enfin, les broyages asiatiques ont bondi de 12% sur la même période. Pour autant, cette hausse de la consommation n’est pas forcément synonyme d’une contraction de l’excédent, sous-entendant l’idée d’un rééquilibrage du marché. Il s’agirait plutôt d’un effet prix qui permet aux consommateurs d’acquérir une plus grande quantité de cacao, stimulant in fine les achats du fait de la faiblesse des prix.

En termes de prévisions, la croissance de la demande est attendue en légère progression de 2 à 3% par an dans le monde et sera particulièrement portée par la région Asie, dont la demande de cacao pourrait croître de 4% par an.

La grande inconnue se porte donc sur l’offre et plus spécialement celle émanant des pays producteurs africains, où se concentre la majorité de la production mondiale. Il est encore difficile d’en estimer le niveau puisque les campagnes ont débuté au début du mois d’octobre. En revanche, une majorité d’observateurs avance que les récoltes pourraient être plus faibles que prévues. Ainsi, la production de la Côte d’Ivoire, premier producteur mondial, pourrait sensiblement diminuer de 8 à 10% pour le premier trimestre 2018, impactée par une infection des cultures et de mauvaises conditions météorologiques qui endommagent les cabosses. A noter que la situation est similaire au Ghana.

Malgré tout, la tendance restera à l’abondance. L’ICCO appelle par conséquent les pays producteurs à mettre en place une action collective pour y faire face. La Côte d’Ivoire, le Ghana, le Nigéria et le Cameroun représentent 75% de l’offre mondiale. L’idée serait d’adopter une politique commune et ferme pour limiter la production. En d’autres mots, la formation d’un cartel, à l’image de l’OPEP pour le marché pétrolier, serait bénéfique selon l’ICCO, afin de réguler le marché du cacao. Plusieurs projets doivent impérativement être traités, tels que la fixation des prix garantis aux planteurs, mais aussi un plus grand taux de transformation locale, afin que les pays producteurs puissent capter davantage de valeur. De nombreux défis animent ainsi l'ensemble de la filière du cacao. 

D’un point de vue technique, en unité de temps hebdomadaires, les cours du cacao semblent acter progressivement un retournement de tendance, à l’image des moyennes mobiles à 20 et 50 semaines qui se redressent et se croiseront prochainement à la hausse. Il faudra ainsi sauvegarder la ligne des 2085 USD la tonne pour valider ce scénario. Par ailleurs, cette stabilisation des cours ne se fait pas n’importe où, puisque le mouvement baissier s’est arrêté au contact d’une zone importante en données mensuelles, autour de 1820 USD. Force est de constater que la tendance à long terme demeure fragile et restera baissière tant que les cours évolueront en deçà de la ligne des 2670 USD. 




Evolution du cours du cacao en données hebdomadaires - source : zonebourse.com



Evolution du cours du cacao en données mensuelles - source : zonebourse.com