En réaction aux tensions commerciales internationales et au ralentissement de la croissance, la banque centrale néo-zélandaise (RBNZ) presse sa monnaie à la baisse en différant d’une année la perspective d’une prochaine hausse de taux.

Le statu quo du loyer de l’argent, fixé depuis novembre 2016 au niveau historiquement bas de 1.75%, était certes largement attendu. Mais le consensus anticipait jusqu’ici une prochaine hausse fin 2019, conformément aux projections annoncées en mai par l’autorité monétaire.

Celle-ci ne prévoit donc plus de mesure restrictive avant le troisième trimestre 2021, laissant même la porte ouverte à une nouvelle baisse de son OCR (Official Cash Rate) si la croissance se tasse davantage.

La RBNZ abaisse au passage ses prévisions en matière de PIB à +0.5% pour le deuxième trimestre 2018 et +2.9% pour l’année se terminant le 31 mars prochain, contre respectivement +0.8% et +3.3% en mai dernier. Au mois de juillet, la confiance des entreprises recule à un point bas en dix ans tandis que les prix des logements enregistrent la hausse la plus lente depuis octobre dernier.

Les banquiers centraux observent avec vigilance l’escalade progressive des tensions dans la guerre commerciale initiée par Donald Trump alors que l’archipel du Pacifique dépend cruellement de son commerce extérieur. Ces nouvelles annonces de politique monétaire constituent une précieuse parade aux provocations extérieures.

Sur le front de l’inflation, la RBNZ pense désormais atteindre son objectif médian de 2% au premier trimestre 2021, contre fin 2020 précédemment. Malgré un record de 7 ans pour l’inflation sous-jacente (+1.7%) principalement lié au recul du Dollar NZ, les prix à la consommation ont en effet ralenti entre avril et juin (+1.5% sur un an). Les argentiers de Wellington s’inquiètent de l’impact du ralentissement de la croissance sur les prix et considèrent qu’un tel contexte leur offre une marge de manœuvre confortable pour maintenir une politique accommodante et relever les prochains défis du pays en matière économique.

Sur le marché du travail, le niveau du chômage est compatible avec une situation de plein emploi alors que la croissance des salaires est soutenue par l’introduction récente d’un minimum plus élevé, d’une pénurie de main d’œuvre ou encore de revendications pugnaces dans le secteur publiques.

Enfin en conférence de presse, le gouverneur de l’institution Adrian Orr s’est dit « très satisfait » du niveau de la devise qu’il estime proche de sa « juste valeur ».

Graphiquement, le Kiwi s’enfonce dans des niveaux inédits depuis mars 2016. 90% des investisseurs particuliers sont désormais acheteurs alors que les volumes augmentent significativement sur cette paire, signe que les martingales entrent en zone rouge. Ventes sur rebond de rigueur, 0.65 en ligne de mire.