Londres (awp/afp) - Les prix du cuivre, de l'aluminium et du nickel ont subi cette année de plein fouet la guerre commerciale entre Washington et Pékin, qui affecte l'économie de la Chine, premier importateur mondial de métaux de base.

Sur le London Metal Exchange (LME), le prix du cuivre cède 16,9% depuis le début de l'année, l'aluminium 18,1% et le nickel 13,4%.

Dans le sillage de ces trois métaux aux marchés les plus importants, le zinc (-24,4%), l'étain (-2,90%) et le plomb (-17,9%) ont aussi vu leur prix fondre.

"L'élément clef de cette faiblesse des cours, qui devrait se poursuivre en 2019, est la crainte d'un affaiblissement de la croissance des économies américaine et chinoise", ont estimé les analystes de Capital Economics.

Si la Chine a tenté de relancer son économie à travers des mesures budgétaires et fiscales, cela ne se traduit pas pour l'instant par une hausse de la demande de métaux de base, ont noté les analystes de Bank of America Merrill Lynch.

"Le cuivre, par exemple, ne réagit aux mesures chinoises qu'avec un retard d'environ un an, les prix pourraient remonter au deuxième semestre 2019", ont-ils estimé.

Le métal rouge, à la conductivité hors pair, est utilisé aussi bien pour les circuits électriques de l'immobilier que pour ceux de l'électroménager ou des véhicules, le rendant particulièrement lié à la croissance mondiale.

Face à cette faiblesse de la demande, les métaux souffrent en outre d'une offre globalement abondante, comme c'est le cas pour l'aluminium.

Feuilleton Rusal

Le prix de l'aluminium aurait en effet pu grimper alors que les États-Unis ont menacé en avril de sanctionner le géant russe Rusal, contrôlé par le milliardaire Oleg Deripaska, proche du Kremlin.

A l'annonce des sanctions, le coût de la tonne d'aluminium s'est envolé à 2718 dollars sur le LME, à son plus haut depuis sept ans.

Mais Washington a repoussé l'entrée en vigueur à de nombreuses reprises, avant de lever les sanctions fin décembre. Si certains acteurs du marché pouvaient encore douter que Rusal se plierait aux conditions fixées par la Maison Blanche, le président du conseil d'administration, l'Allemand Matthias Warnig, a démissionné le 26 décembre.

Résultat, la tonne d'aluminium a plongé à 1850 dollars la tonne le 27 décembre, à son plus bas depuis mars 2017 et en chute de 32% depuis le pic atteint en avril.

Désillusion du nickel

En début d'année, le nickel a résisté aux tensions commerciales, porté par l'utilisation de ce métal pour la fabrication de certaines batteries électriques.

"Le nickel est le métal parfait pour exposer son portefeuille à la popularité croissante des véhicules électriques, utilisation qui nous pousse à estimer qu'il y aura un déficit de l'offre à moyen terme", ont écrit les analystes de Bank of America Merrill Lynch.

Mais le métal n'a finalement pas résisté au climat d'inquiétude qui a pesé sur les autres métaux.

"Outre les craintes sur la demande mondiale, il y a également eu l'annonce de la construction d'une nouvelle usine en Indonésie", ont ajouté les mêmes analystes.

Les projets d'extraction de ce métal se multiplient, alors même que les prévisions de croissance ne se traduisent pas encore par une demande industrielle réelle.

Sur le LME, la tonne de cuivre pour livraison dans trois mois s'échangeait à 6.018,50 dollars vendredi à 09H20 GMT.

L'aluminium valait 1859 dollars la tonne.

Le plomb valait 2040 dollars la tonne.

L'étain valait 19'445 dollars la tonne.

Le nickel valait 10'695 dollars la tonne.

Le zinc valait 2510 dollars la tonne.

afp/fr