Tokyo (awp/afp) - L'agence de notation S&P Global Ratings a baissé lundi la perspective de la note de Nissan de "stable" à "négative", jugeant que le redressement du groupe japonais allait prendre du temps, en plein tumulte de l'affaire Ghosn.

Dans l'immédiat, elle maintient son appréciation à "A-", soulignant "le profil financier solide" du constructeur et ses "forces par rapport à ses rivaux": "une gamme de produits étendue et la diversification géographique de ses activités", avec les piliers que sont l'Amérique du Nord et la Chine.

Mais la note pourrait être modifiée dans les prochains mois, d'où cette dégradation de perspective.

"Il y a plus d'une chance sur trois que Nissan mette plus de temps que ce que nous avions estimé auparavant pour restaurer ses profits", a commenté l'agence dans un communiqué.

Sur l'exercice 2018/19 clos fin mars, le partenaire de Renault a accusé une chute de 57% de son bénéfice net sur un an, à 319 milliards de yens (2,5 milliards d'euros), au plus bas en près d'une décennie. Et il prévoit un nouveau plongeon de moitié cette année, alors que ses ventes déclinent aux Etats-Unis et en Europe.

Premier facteur négatif, la morosité du marché automobile mondial. Dans cet "environnement compliqué", Nissan aura du mal à tirer son épingle du jeu, juge S&P, du fait de produits "vieillissants et donc moins compétitifs" et de la décision du groupe de "réduire les incitations commerciales", qui se situaient à un niveau élevé sous la direction de Carlos Ghosn, aux commandes exécutives de 1999 à 2017.

Arrêté en novembre à Tokyo à l'issue d'une enquête interne de Nissan, le magnat de l'automobile a été aussitôt limogé de la présidence du conseil d'administration, et le patron Hiroto Saikawa, un ancien fidèle qui a tourné casaque, a décidé de revoir la stratégie.

Nissan est en outre confronté à "une augmentation des coûts de R&D alors que la compagnie travaille sur les technologies de nouvelle génération, relatives aux véhicules électriques et à la conduite autonome", ajoute l'agence.

Enfin, S&P note l'incertitude qui plane sur l'avenir de l'alliance unissant Nissan à Renault et Mitsubishi Motors, où les tensions sont vives depuis l'interpellation de son bâtisseur M. Ghosn.

"Il est peu probable" que les trois groupes "parviennent à un accord rapidement sur la forme future de coopération", souligne l'agence, ce qui pourrait "affaiblir davantage encore l'image de Nissan et retarder les projets de collaboration dans des domaines clés".

afp/al