"L'alliance Renault-Nissan est évidemment un fleuron auquel nous tenons beaucoup", a dit le chef de l'Etat français lors d'un discours devant la communauté française à la résidence de France, à Tokyo.

"Je souhaite que tout le monde y soit pleinement engagé", a-t-il ajouté à quelques heures de sa rencontre bilatérale avec le Premier ministre japonais Shinzo Abe. "Pour les salariés du groupe, qu'ils soient japonais ou français, ils tiennent à cette histoire industrielle, à ce qu'elle a apporté à nos deux pays".

"Je crois qu'ils se souviennent tous du fait que c'est une grande entreprise française qui a sauvé cette entreprise japonaise avec le respect des traditions et des équilibres et qu'on a constitué ainsi un géant et une force qu'il nous faut non seulement préserver mais dont il faut développer les synergies et les alliances, dans tous les sens du terme, pour la rendre plus forte face à la concurrence internationale", a-t-il poursuivi. "C'est ensemble que nous devons le faire".

La structure capitalistique héritée du sauvetage de Nissan par Renault en 1999 est au coeur du problème. La partie japonaise la juge déséquilibrée, Renault détenant 43,4% de Nissan, tandis que le groupe japonais détient 15% de son partenaire français, sans droit de vote.

L'alliance Renault-Nissan a été à nouveau fragilisée à l'automne dernier par la disgrâce Carlos Ghosn, architecte et homme fort de l'alliance pendant vingt ans. Un projet de fusion entre Renault et Fiat a échoué début juin sur fond de tensions entre partenaires français et japonais.

"Je sais que l'on entend beaucoup de choses, mais aujourd'hui il n'y a pas de discussion (entre Fiat et Renault)", a dit le président de Renault Jean-Dominique Senard devant quelques journalistes en marge de l'assemblée générale de Nissan qui s'est tenue mardi au Japon.

"J'ai redit aux actionnaires que le dossier était à l'arrêt et que je le regrettais."

Les actionnaires du groupe japonais, dont Renault, ont voté la nouvelle gouvernance de Nissan pour tourner la page sur l'ère Ghosn, poursuivi pour des malversations financières qu'il dément.

Après un bras de fer sur la représentation du groupe français au sein des nouveaux comités de Nissan, les deux partenaires ont trouvé un compromis. Mais le directeur général du constructeur nippon a douché l'espoir d'un réchauffement rapide des relations entre les deux groupes et d'une évolution à court terme de la structure de l'alliance.

Hiroto Saikawa a en effet prévenu que si la relation basculait dans un "gagnant-perdant", elle se romprait très rapidement. Il a ajouté que la priorité de Nissan, qui risque de connaître son pire exercice financier en onze ans, allait au redressement du groupe, "ce qui signifie repousser les discussions autour du futur de l'alliance".

(Christopher Gallahger, avec Marine Pennetier et Gilles Guillaume à Paris, édité par Benoît Van Overstraeten)