Londres (awp/afp) - L'or a fortement baissé sur la semaine, comme l'argent et le platine, alors que le palladium a réussi à limiter ses pertes.

L'once d'or a touché jeudi un plus bas niveau depuis janvier 2017, à 1.160,27 dollars.

"Le rebond de la livre turque et l'appétit pour le risque qui en a résulté sont probablement une des raisons pour laquelle l'or n'est pas demandé", ont expliqué les analystes de Commerzbank, qui citent également l'annonce de futures négociations commerciales entre la Chine et les Etats-Unis à la fin du mois.

Lors de périodes fastes, les investisseurs ont en effet tendance à privilégier les actifs risqués mais qui offrent de meilleurs rendements que l'or.

Après s'être effondrée vendredi dernier et lundi, bousculant les marchés et alimentant les craintes de contagion, la livre turque a partiellement récupéré de ses pertes en milieu de semaine, avant de baisser de nouveau face au dollar vendredi.

Les tensions entre la Turquie et les Etats-Unis, en partie à l'origine de la récente crise de la devise, se sont récemment accrues.

Jeudi, le secrétaire au Trésor américain, Steven Mnuchin, a menacé Ankara de sanctions supplémentaires, après le doublement des droits de douane sur l'acier et l'aluminium, si Washington n'obtenait pas la libération du pasteur Andrew Brunson.

Ce à quoi la Turquie a répondu vendredi qu'elle n'hésiterait pas à répliquer tout en refusant une nouvelle fois de lever l'assignation à résidence de M. Brunson, alimentant la prudence des investisseurs.

Mais "étonnamment, l'or a été incapable de bénéficier de son statut de valeur refuge", a souligné Lukman Otunuga, analyste pour FXTM.

"L'escalade des tensions politiques entre les Etats-Unis et la Russie, l'Iran et la Turquie ont échoué à stimuler la demande (du métal précieux) alors que les investisseurs tablent sur un dollar fort", ont ajouté les analystes de Phillip Futures.

L'or, comme de nombreuses autres matières premières, est libellé en billet vert. Un renchérissement de celui-ci rend ainsi le métal jaune plus cher pour les investisseurs utilisant d'autres devises.

La chute de la roupie indienne qui a touché mardi son plus bas niveau face au dollar, lestée par la crise de la livre turque, a d'ailleurs aussi pesé sur les prix de l'or, ont également souligné les analystes de Commerzbank.

L'Inde est le deuxième consommateur d'or au monde, derrière la Chine, selon le Conseil mondial de l'or.

Inquiétude sur la croissance

Les autres métaux précieux ont aussi fortement souffert sur la semaine, touchant chacun jeudi des plus bas depuis plusieurs mois.

L'argent est ainsi tombé à 14,34 dollars, son plus bas niveau depuis février 2016, le platine à 755,46 dollars, un niveau plus vu depuis octobre 2008, et le palladium à 831,95 dollars, un plus bas en treize mois.

En plus d'être entraînés par le cours de l'or, dont ils reproduisent généralement la tendance, les trois métaux "ont rencontré des pressions additionnelles avec la chute des prix des métaux de base", ont noté les analystes de Commerzbank, précisant que l'argent, le platine et le palladium sont "majoritairement ou même presque exclusivement utilisés dans l'industrie".

Mercredi, en effet, les marchés d'actions et de matières premières ont plongé, mis à mal par les tensions commerciales qui pourraient peser sur la croissance mondiale, et par la chute des monnaies émergentes face au dollar.

Si les métaux précieux ont tous quelque peu récupéré en fin de semaine, le palladium a tiré son épingle du jeu en effaçant presque toutes ses pertes.

Sur le London Bullion Market, l'once d'or valait 1.178,56 dollars vendredi vers 14H05, contre 1.215,49 dollars le vendredi précédent vers 15H15 GMT.

L'once d'argent valait 14,69 dollars, contre 15,38 dollars il y a sept jours.

Sur le London Platinum and Palladium Market, l'once de platine s'échangeait à 779,90 dollars, contre 833,16 dollars sept jours plus tôt.

L'once de palladium valait pour sa part 903,48 dollars, contre 911,74 dollars à la fin de la semaine précédente.

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