Les dirigeants de Renault ne sont pas restés tétanisés très longtemps, après le choc Carlos Ghosn. Si l'on en croit les informations obtenues par le Financial Times, ils ont même décidé de prendre le taureau par les cornes puisque l'hypothèse d'une fusion avec Nissan serait remise au goût du jour, tandis que la croissance externe serait à nouveau au programme. Avec comme cible principale Fiat Chrysler, dont on a pas mal parlé ces derniers temps, mais plutôt à travers un hypothétique mariage avec Peugeot. Une cible "privilégiée", ce qui signifie qu'il y en a d'autres. 
 
Notez bien l'utilisation du conditionnel. Selon le quotidien britannique des affaires, après des mois d'incertitude, la création d'un nouveau comité de direction pour l'alliance il y a peu a restauré une certaine forme de confiance, et pourrait relancer le scénario d'une intégration plus poussée au sein de la structure, c'est-à-dire principalement une fusion entre ses deux principales composantes, Renault et Nissan. Le Financial Times en profite pour révéler, ce qui a priori n'a jamais été publié, que Carlos Ghosn aurait discuté d'un mariage entre Renault et Fiat Chrysler il y a deux ou trois ans de cela, un projet qui aurait été retoqué à cause de l'hostilité affichée par le gouvernement français.
 
Peugeot Partner
 
De son côté, Fiat Chrysler n'a pas caché récemment qu'il était à la recherche d'un partenaire. Même si l'Italo-américain n'est pas un géant du secteur en matière de production, c'est une cible de poids, qui affiche une capitalisation proche de 20 milliards d'euros. En comparaison, le trio Renault, Nissan, Mitsubishi pèse une cinquantaine de milliards d'euros en bourse. Fiat Chrysler possède un portefeuille de marques intéressant, et surtout les clefs d'une production aux Etats-Unis.
 
Les trois marques de l'alliance devraient annoncer en fin d'année 2019 un nouveau plan stratégique visant à produire, et donc à écouler, 14 millions de véhicules à l'horizon 2022. Mais il semblerait, révèle le Financial Times, que Renault souhaite toujours passer à la vitesse supérieure, alors que l'alliance fête ses 20 ans ce mercredi. Les protagonistes n'ont évidemment pas souhaité réagir aux informations du journal britannique, qui révèle aussi qu'en dépit d'apparentes oppositions politiques entre la France et le Japon, les portes ne sont pas fermées. Une source proche du constructeur japonais a révélé que Nissan serait prêt à reprendre les discussions pour redéfinir la structure capitalistique si Jean-Dominique Senard, le nouvel homme fort de la marque au losange, s'avère être un "partenaire de négociation de confiance".
 
A ce stade, les protagonistes considèrent que l'ancien patron de Michelin a rempli son premier contrat, celui de ramener un peu de sérénité au sein de la structure, grâce aux décisions rapides adoptées sur l'organe de gouvernance. Désormais, son objectif est de stabiliser l'édifice et de le développer. Pourquoi pas en réalisant une grosse opération de croissance externe ?