Les marchés actions évoluent toujours avec en toile de fond la plus longue période de croissance économique de l'histoire moderne. Cela n'a pas empêché plusieurs zones de turbulences, la dernière en date remontant à la fin de l'année 2018. Les indices naviguent désormais sous leurs pics historiques récents, dans un climat alourdi par les tensions persistantes sur le commerce entre la Chine et les Etats-Unis. Dans un tel contexte, quelles sont les secteurs les plus prolifiques depuis que Donald Trump a fait entrer en vigueur les premières taxes douanières, c'est-à-dire les droits de douane sur l'acier et l'aluminium le 8 mars 2018 ?
 
La réponse est plutôt logique d'un point de vue théorique : les secteurs défensifs. Dans le tableau qui suit, First Trust a listé les performances sectorielles (dividendes inclus) des valeurs américaines du S&P500, du S&P MidCap 400 et du S&P SmallCap 600 (les trois indices représentent ensemble 90% de la capitalisation aux Etats-Unis). Dans l'indice phare, aucune discussion possible : les meilleures performances sont l'apanage de l'Immobilier (+33,44%) et des Utilités (+32,95%). Ces deux secteurs se distinguent aussi chez les moyennes et chez les petites capitalisations. Du défensif donc.
 

Le tableau conçu par First Trust, avec les performances des indices et des secteurs depuis le début des taxes douanières
 
Les Technologies de l'Information et la Consommation n'ont pas démérité non plus avec des hausses à deux chiffres. A la baisse, le S&P500 ne contient que quatre secteurs (Energie, Financières, Matériaux et Industrielles), avec une nette baisse pour l'Energie. En revanche, sept secteurs sur onze sont baissiers chez les MidCaps et six sur onze chez les SmallCaps. Les deux indices perdent d'ailleurs du terrain depuis le 8 mars 2018, à l'inverse du S&P500 qui garde une avance de 8,18% (première ligne du tableau).
 
Quelles sont les autres conclusions à tirer ?
  • Il existe de fortes disparités dans certains secteurs entre capitalisations. Dans la Consommation de base (Consumer Staples), les valeurs du S&P500 ont gagné 15,99% sur la période, alors que celles du S&P MidCap 400 ont perdu 0,31%. Dans l'Energie, les grosses valeurs ont perdu 12,1% mais les autres ont cédé plus de 40%. Même constat dans les Matériaux : plus les valeurs sont petites, plus elles ont sombré. La performance des valeurs de la santé (Health Care) est plus difficile à cerner : les valeurs moyennes ont dominé les débats.
  • First Trust signale qu'au 26 août, le S&P500 évoluait 4,87% sous ses pics historiques, le S&P MidCap 400 à 9,70% en deçà et le S&P SmallCap 600 quelques 17,5% plus bas. Ce dernier indice est relativement proche de ce que les financiers appellent un "marché baissier" ("bear market", quand un indice a perdu 20% sur ses sommets les plus proches).
  • Plus globalement, les grosses capitalisations ont beaucoup mieux résisté que les autres depuis l'arrivée des droits de douane. En d'autres termes, un investisseur qui aurait pris un ETF S&P500 aurait gagné environ 8% en 18 mois alors qu'un pari sur les petits valeurs lui aurait coûté une perte de 3%, soit une sousperformance de 11%. Cette tendance se vérifie aussi en Europe, ce qui fera l'objet d'un prochain article.