Le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire a donné jeudi son feu vert à la reprise du pôle plats cuisinés du groupe Agripole, propriétaire de la marque William Saurin, par la Financière Cofigeo sous seule condition du maintien de l’emploi dans la société pendant au moins deux ans.

Dans un communiqué, Bercy souligne que le ministre a décidé d’autoriser cette opération de concentration sans mise en œuvre de cession d’actifs, passant outre à la décision rendue à la mi-juin par l'Autorité de la concurrence.

Les actifs acquis par Cofigeo, les marques William Saurin, Panzani et Garbit, appartenaient à la Financière Turenne Lafayette (FTL), groupe dont l'existence était menacée après la mise au jour de comptes falsifiés après le décès de sa présidente et seule actionnaire fin novembre 2016.

Le gouvernement avait dû alors intervenir en urgence pour convaincre les banques de continuer à le financer et l'Etat avait lui même contribué à hauteur de 13 millions d'euros à un plan de sauvetage de FTL.

Le ministère fait valoir que l’instruction de l'opération, "a montré que la stratégie industrielle dans laquelle s’inscrit cette concentration, indispensable pour redynamiser ce secteur, aurait été remise en cause par l’obligation de céder des actifs."

"Les conséquences économiques qu’auraient entraînées de telles cessions pour le groupe Cofigeo faisaient apparaître un risque significatif en termes d’emploi", ajoute-t-il pour justifier le recours, premier du genre, au "pouvoir d'évocation" de Bercy, qui autorise le ministère à réexaminer une décision de l'Autorité de la concurrence au nom de l'intérêt général.

Pour le ministère, "c'est la priorité donnée à la préservation de l’emploi qui a conduit Bruno Le Maire à autoriser la concentration dans des conditions qui visent à donner à Cofigeo toutes ses chances de redynamiser les marchés sur lesquels il opère (...) (et) qui subordonnent cette concentration au respect d’un engagement de maintien de l’emploi par le groupe, pour une durée de deux ans."

Ce "pouvoir d'évocation" est un dispositif prévu dans la loi de 2008 qui a créé l'Autorité de la concurrence.

Celle-ci avait ordonné à Cofigeo de céder la marque Zapetti, l'autre principale marque, avec Panzani, des plats cuisinés italiens appertisés en France, ainsi qu'un site de production en faisant valoir que l'acquisition d'Agripole lui donnait une part de marché de plus 80% dans les plats cuisinés italiens et de plus de 70% des plats cuisinés dits exotiques sur le marché français.

Cofigeo est détenu par MBO Partenaires et Société générale Capital Partenaires.

Les autres activités de FTL ont été reprises par Pastacorp (groupe Skalli) pour les pâtes fraîches et la coopérative agricole bretonne Cooperl pour le pôle charcuterie salaison.

(Yann Le Guernigou, édité par Pascale Denis)