Tokyo (awp/afp) - Le japonais SoftBank Group a annoncé jeudi avoir renoncé à racheter pour 3 milliards de dollars d'actions du groupe américain en difficulté WeWork, arguant que certaines conditions pour réaliser cette opération n'étaient "pas satisfaites".

SoftBank Group reste toutefois "pleinement engagé dans la réussite de WeWork", a souligné le groupe japonais dans un communiqué, assurant également que le retrait de son offre n'aurait "pas d'impact" sur les opérations et la stratégie du géant américain des bureaux partagés, ni sur ses clients et salariés.

Ce rachat d'actions faisait partie d'un plan de sauvetage encore plus vaste de WeWork annoncé par SoftBank Group en octobre, devenu nécessaire après l'abandon du projet d'introduction en Bourse du groupe américain face aux doutes grandissants des investisseurs sur son modèle d'activité et sa gouvernance.

Le Conseil de direction de WeWork s'est dit "surpris et déçu".

"Nous restons déterminés à trouver une solution dans le meilleur intérêt de WeWork et ses actionnaires minoritaires, y compris nos actuels et anciens employés. Le +Comité spécial+ va évaluer toutes ses options juridiques, y compris de porter l'affaire devant un tribunal", ont précisé les directeurs dans une déclaration obtenue par l'AFP.

Ils envisagent de lancer une action en justice contre SoftBank dans les jours ou semaines à venir.

SoftBank Group a rappelé jeudi avoir engagé 14,25 milliards de dollars (13 milliards d'euros) dans WeWork à ce jour, dont 5,45 milliards de dollars dans le cadre du plan de sauvetage d'octobre.

Cure d'amaigrissement

L'offre publique d'achat (OPA) pour 3 milliards de dollars devait faire monter SoftBank Group à 80% du capital de WeWork, sans pour autant lui permettre de contrôler une majorité des droits de vote au conseil d'administration.

Cette OPA devait en particulier profiter au fondateur et ancien PDG de WeWork, Adam Neumann, qui avait accepté de se retirer définitivement des instances dirigeantes en échange du plan de sauvetage de SoftBank Group.

Parmi les diverses conditions non réunies à l'échéance du 1er avril pour mener à bien cette transaction, SoftBank Group a évoqué jeudi les "nombreuses enquêtes en cours" au civil et au pénal dont WeWork fait l'objet depuis octobre autour de sa débâcle financière et des affaires de M. Neumann.

Si elle avait été réalisée, cette OPA aurait conduit SoftBank Group à enregistrer une perte non opérationnelle sur son exercice comptable écoulé 2019/20, clos au 31 mars, toujours selon le groupe.

Lui-même sous pression à cause de paris ratés comme WeWork, de la dépréciation brutale de certains de ses actifs en raison de la crise du coronavirus et de son endettement élevé, SoftBank Group s'est engagé depuis le mois dernier dans une gigantesque cure d'amaigrissement.

Le groupe a ainsi annoncé en mars son intention de céder jusqu'à 4.500 milliards de yens (soit 38 milliards d'euros) d'actifs dans les 12 prochains mois, afin de réduire sa dette et financer d'énormes rachats de ses propres actions en vue de les annuler.

afp/rp