Paris (awp/afp) - Le marché de la dette a de nouveau peu varié mercredi, avec des investisseurs toujours occupés à analyser les tenants et les aboutissants de la crise sanitaire en Chine.

"Aujourd'hui le marché ne bouge pas vraiment, il est dans une phase de plateau après avoir déjà entériné il y a quelques semaines les risques liés à la pandémie avec une baisse sensible des taux d'emprunt", a estimé auprès de l'AFP Eric Bourguignon, membre du directoire de Swiss Life AM France.

"Depuis les taux bougent moins, sur un marché obligataire un peu plus prudent comparé aux indices boursiers qui caracolent à des sommets", a-t-il complété.

Selon lui, le marché est désormais assis sur plusieurs "convictions", à commencer par celle que "le pic de l'épidémie a peut-être été atteint et que les moyens déployés pour la freiner semblent être efficaces".

Le bilan de l'épidémie à coronavirus a dépassé mercredi les 2.000 morts, mais l'OMS a mis en garde contre toute mesure disproportionnée, citant une étude montrant que plus de 80% des patients souffraient d'une forme bénigne de la maladie.

Le nombre de contaminations en Chine continentale a atteint mercredi 74.185, soit 1.749 de plus que la veille, le nombre le plus bas de cas supplémentaires ce mois-ci. Ailleurs dans le monde, environ 900 personnes contaminées ont été recensées dans une trentaine de pays.

"Si l'impact de la crise semble réel, les investisseurs estiment qu'il sera de courte durée, que la Chine a pris des mesures fortes pour atténuer les effets sur l'économie chinoise afin de passer cette période difficile et que la chute indéniable de l'activité sera rattrapée", a analysé M. Bourguignon. "Cela avait été le cas au moment de l'épidémie de Sras."

Les Etats-Unis "semblent immunisés"

"Les effets de cette crise sont forts dans le monde émergent, significatifs en zone euro et en particulier en Allemagne", a complété l'expert, "mais les Etats-Unis semblent relativement immunisés or quand l'Amérique va bien les marchés vont bien."

L'épidémie intervient dans le contexte d'une économie mondiale déjà fragile, qui n'est pas forcément bien armée pour la combattre si elle s'étend dans le temps et l'espace, a pourtant averti mercredi la directrice du Fonds monétaire international (FMI). Mais pour l'instant les marchés relativisent.

Car "le marché de la dette, tout comme les indices boursiers s'appuient sur une autre conviction, celle que les banques centrales baisseront les taux si cela est nécessaire", a observé M. Bourguignon.

A 18H00 (17H00 GMT), le taux d'emprunt à 10 ans de l'Allemagne a légèrement reculé à -0,42% contre -0,41% mardi à la clôture du marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Celui de la France a aussi peu bougé à -0,19% contre -0,17%, tout comme celui de l'Espagne à 0,27% contre 0,28% et celui de l'Italie à 0,95% contre 0,93%.

Le taux d'intérêt à 10 ans du Royaume-Uni a terminé pour sa part à 0,60% contre 0,61%.

Aux États-Unis, le taux d'emprunt à dix ans restait à 1,56% comme la veille, à l'instar de celui à 30 ans à 2,01%. Celui à deux ans s'établissait à 1,42%, contre 1,41% mardi.

afp/al