Berne (awp) - Swisscom est resté sous pression au premier semestre et a enregistré une baisse du chiffre d'affaires, en raison de la saturation du marché domestique. Le groupe de télécommunications, soutenu par ses activités en Italie, a pu stabiliser ses bénéfices et rendre une copie dans l'ensemble conforme aux attentes.

Le géant bleu a annoncé jeudi un chiffre d'affaires de 5,66 milliards de francs suisses, en recul de 2,4% sur douze mois, pour un bénéfice net de 780 millions (-0,9%). Le résultat brut (Ebitda) en revanche s'est étoffé de 4,5%, sous l'effet de la nouvelle réglementation sur les contrats de leasing (IFRS 16). Sans cela, la hausse serait contenue à 0,5%.

Si le chiffre d'affaires est inférieur au consensus des analystes consultés par AWP, le bénéfice net et l'Ebitda sont légèrement meilleurs que prévu.

La baisse du chiffre d'affaires s'explique "par la forte pression concurrentielle et tarifaire", relève le groupe. La concurrence est prononcée notamment dans le segment des grandes entreprises.

Le groupe se félicite en revanche du succès de la nouvelle offre mobile inOne, adoptée par 570'000 clients quatre mois après son lancement. Cette prestation permet de téléphoner et de surfer dans 39 pays européens sans frais d'itinérance.

Saturation, économies

"Vu le contexte difficile, le résultat est remarquable", a estimé le directeur général Urs Schaeppi, cité dans le communiqué. "Parce que les marchés sont saturés dans de nombreux domaines, tous les prestataires essaient de gagner des clients et des parts de marché par des promotions", a-t-il ajouté. D'où la pression sur les prix.

Le bénéfice opérationnel (Ebitda) s'est contracté en Suisse de 1,6%, conséquence de l'érosion des ventes. En réaction, Swisscom a lancé un plan d'économies qui permettra d'épargner "au moins 100 millions de francs suisses" sur l'année en cours, a rappelé devant les médias le directeur financier Mario Rossi. L'exercice, accompagné de légères réductions d'effectifs, doit être répété en 2020, comme déjà annoncé.

Tout va bien sur le marché italien, grâce à la filiale Fastweb. Le chiffre d'affaires outre-Gothard a progressé de 3,8% à 1,05 milliard d'euros et l'Ebitda de 6,6% à 339 millions d'euros. Le nombre de clients de Fastweb a bondi de 27% à 1,6 million.

Swisscom TV a enregistré une faible croissance, avec un total de 1,53 million de raccordements (+0,7%). Le secteur des grandes entreprises a souffert. Les ventes des services de télécommunications ont baissé de 10,6% à 471 millions.

Concernant la 5G, et malgré les oppositions, Swisscom garde son but de couvrir 90% de la population suisse d'ici la fin de l'année. Le groupe vise le même taux pour l'Italie à l'horizon 2026, via Fastweb.

Swisscom a équipé à ce jour 110 communes. L'extension du réseau reste freinée par des moratoires dans certains cantons. Cela entraîne non seulement des retards pour la 5G elle-même, mais entrave aussi le développement de la 4G existante, a déploré Urs Schaeppi. "La qualité des réseaux mobiles se détériore, car les volumes de données, dans le même temps, ne cessent d'augmenter."

Concernant le rachat prévu d'UPC par Sunrise, qui doit encore surmonter des obstacles, M. Schaeppi estime qu'il ne modifiera pas fondamentalement la donne. "La concurrence restera très vive", a-t-il estimé.

Par ailleurs, Swisscom maintient ses objectifs pour l'année: 11,4 milliards de francs suisses de chiffre d'affaires, Ebitda de 4,3 milliards et dividende de 22 francs suisses par action.

Les analystes s'attendaient dans l'ensemble à ces résultats, qui prolongent des tendances déjà largement observées. Ils ont mis en exergue les économies pour répondre à l'érosion des recettes. UBS, plus spécifiquement, a exprimé sa confiance dans le retour de la croissance dans le domaine des solutions pour entreprises au 2e semestre.

En attendant, les investisseurs ont réagi fraîchement. A la Bourse suisse, l'action Swisscom a cédé 1,4% à 473,10 francs suisses, dans un indice SMI en repli de 0,23%.

op/al