Tesla, le groupe automobile qui veut révolutionner le secteur, a accusé une perte de 709,6 millions de dollars au premier semestre 2018, pour un chiffre d’affaires en hausse de 26% à 3,4 milliards de dollars. En données ajustées, le déficit est un peu moins lourd que prévu. La trésorerie de la société représentait 3,2 milliards de dollars au 31 mars. Le management a assuré que la marge brute de la Model 3 sera proche de l’équilibre sur le trimestre en cours et qu’elle sera "nettement positive" sur la seconde moitié de l’année. Le dossier a été chahuté dernièrement à cause de sa consommation de cash et des difficultés de montée en cadence de la production de la Model 3 de la firme, précommandée à 450.000 exemplaires mais qui ne sort qu’à 2.270 modèles par semaine actuellement, là où il en faudrait 5.000. Cette cadence pourrait être atteinte à la fin du mois de juin. Tesla sera cependant loin de la promesse de 2016 de sortir 500.000 véhicules par an dès 2018. Cela n’empêche pas la société de peser 51 milliards de dollars en bourse, à peine moins qu’un Renault (31,9 milliards de dollars) et un Peugeot (22,2 milliards de dollars) réunis.

Des questions "pas assez cool"

La conférence téléphonique avec les analystes a pris hier soir une tournure franchement inhabituelle lorsqu’Elon Musk a rétorqué « arrêtez de poser des questions aussi ennuyeuses » à un interlocuteur qui l’interrogeait sur la technologie de charge des batteries des véhicules. Le dirigeant a aussi écarté sèchement une question sur les besoins en financement de sa société posée par l’analyste de Bernstein, au motif qu’elle n’était « pas assez cool ». Puis il a immédiatement taclé l’analyste suivant, de RBC Capital, qui lui réclamait des éléments additionnels sur les réservations de la Model 3. Visiblement agacé par le contenu, Musk a préféré se tourner vers un jeune actionnaire sur YouTube tant les questions des professionnels lui sont apparues « arides ». « Elles vont me tuer », a-t-il même ajouté.

Pour en revenir à la partie financière de la publication, Tesla n’a pas besoin de lever de l’argent, ou plutôt n’en a pas envie, a indiqué son PDG, même si les analystes voient mal comment le groupe échappera à une recapitalisation. Elon Musk juge quant à lui que la montée en cadence de la Model 3 va permettre de dégager des bénéfices au second semestre et que les mesures d’économies feront le reste.