L'intéressé aurait agi après s'être vu refuser une promotion, ce qui était "clairement le bon choix", selon Musk, au vu de ses agissements. "Il y a une longue liste d'organisations qui veulent que Tesla meure", a expliqué le dirigeant dans ce courriel rendu public par CNBC. Il y laisse entendre que l'enquête continue en interne pour savoir si le saboteur a bénéficié de complicité. La théorie du complot ?

Pas super sympa

Alors, qui sont les ennemis de Tesla ? Dans son courriel, Elon Musk cite d'abord les vendeurs à découvert de Wall Street, qui ont "déjà perdu des milliards de dollars et vont en perdre davantage". Ensuite, les compagnies pétrolières, "l'industrie la plus saine du monde", qui n'aime pas l'idée que Tesla "progresse dans l'énergie solaire et les véhicules électriques. "Je ne veux pas orienter votre point de vue, mais il paraît que ces sociétés ne sont pas toujours super sympas", écrit le patron à ses salariés, ceux qui lui sont fidèles en tout cas. Il y a aussi une "multitude" de gros constructeurs automobiles traditionnels, qui "veulent tellement tricher avec les émissions polluantes qu'ils ont peut-être aussi l'intention de tricher d'une autre manière", laisse-t-il entendre.

Les 5 000, les 5 000 !

Musk appelle ses salariés à être extrêmement vigilants, "encore plus dans les semaines à venir alors que nous sommes en train de porter notre production à 5 000 véhicules par semaine" (on l'avait vu venir). "C'est à ce moment-là que les forces extérieures sont les plus motivées pour nous stopper", assène-t-il encore. Une adresse de contact interne a été mise en place pour que les comportements suspects soient rapportés par les Tesla-Girls and -Boys, en leur nom ou de façon "totalement anonyme". Le fondateur de Tesla en profite pour rappeler que tout se présente bien pour relever le défi "hyper-enthousiasmant" de produire 5 000 Model 3 par semaine (cela avait déjà été dit ?). Des courriels seront adressés dans les jours qui viennent aux salariés pour leur décrire les progrès et les enjeux… de la montée en cadence de la production de la Model 3.

L'enquête progresse

Alors, qui a le plus de raisons d'en vouloir à Tesla ? Si l'on regarde l'industrie pétrolière, force est de constater que le poids financier de Tesla est en train d'enfler par rapport aux acteurs du secteur, même s'il reste éloigné des majors américaines. La menace n'est pas encore évidente. Et puis les pétroliers sont en train de préparer leur propre transition énergétique. Il faut chercher ailleurs.
 

Capitalisation de Tesla par rapport au secteur pétrolier américain (source Zonebourse.com)

Les constructeurs automobiles rivaux ont encore un peu de marge sur Tesla, même si le groupe parvient à atteindre ses objectifs de production (5 000 véhicules par semaine, pour ceux qui n'écoutaient pas). Si l'on part du principe qu'il est capable de sortir 5 000 véhicules à partir de la semaine 26, cela signifie qu'il sera en mesure de livrer entre 130 000 et 140 000 véhicules au second semestre. En ajoutant la performance du premier semestre, encore inconnue, Tesla affichera une belle croissance mais sera loin des 500 000 véhicules promis en 2016 pour l'année 2018. Le constructeur devrait malgré tout arriver à de tels niveaux, mais avec du retard. En attendant, il est encore un petit poucet dans le secteur.
 

Ventes mondiales de véhicules 2017 (Source JATO) 

Les vendeurs à découvert figurent en bonne place sur la liste des suspects. Après tout, ils ont jusqu'ici joué contre la société créée en 2013 mais mal leur en a pris, sauf à avoir su profiter des coups de mou chroniques du titre. Musk devrait peut-être axer ses recherches dans cette direction.