Il ne faisait guère de doute qu'Elon Musk allait se faire taper sur les doigts par la SEC pour son tweet d'août annonçant un projet de retrait de la cote de Tesla à 420 USD par action. Depuis hier, on connaît le cadre puisque le gendarme boursier a précisé sa position et transmis le dossier à la justice. De son point de vue, Musk a enfreint les dispositions antifraude sur les valeurs mobilières américaines "pour une série de tweets faux et trompeurs concernant une transaction potentielle visant la privatisation de Tesla" et mérite d'être puni à ce titre.

Pas de traitement particulier 

Le tweet du 7 août 2018, posté à 22 millions de "followers", laissait entendre que le dirigeant allait privatiser Tesla à 420 USD, que le financement de la transaction était acquis et que seul le vote des actionnaires constituait une incertitude. La SEC estime qu'en réalité Musk n'avait pas discuté des conditions spécifiques de l'opération avec des partenaires de financement potentiels et qu'il savait que l'opération potentielle était incertaine et soumise à de nombreuses incertitudes. "Le statut de célébrité ou la réputation d'innovateur technologique d'un dirigeant ne donne pas le droit de prendre ces responsabilités à la légère", a souligné Steven Peikin, de la SEC, dans le communiqué publié par l'institution. Fournir des informations fiables et exactes au marché est une règle fondamentale, qui "s'applique avec la même force lorsque les communications sont faites via les médias sociaux ou une autre forme non traditionnelle", ajoute sa collègue Stephanie Avakian.
 
Au final, ce n'est pas parce qu'Elon Musk est un visionnaire plutôt cool qu'il peut s'affranchir des basiques de la communication financière. Mais là où l'affaire pourrait aller beaucoup plus loin, c'est en termes financiers. Les spéculateurs baissiers qui ont perdu de grosses sommes à la suite du tweet d'août, dont certains ont déjà porté l'affaire en justice, risquent de se voir confortés dans leur offensive juridique. Et l'on sait qu'aux Etats-Unis, les réparations peuvent atteindre des sommes extrêmement élevées, surtout lorsqu'on parle de pertes qui avaient atteint des centaines de millions de dollars.

L'action Tesla chute de près de 12% hors-séance à Wall Street, autour des 270 USD. A ce stade, le constructeur n'a pas été mis en cause en tant qu'entité juridique par la SEC.