La mobilisation générale des différentes filiales de Thermador Groupe au cœur de la crise sanitaire aura permis d’en limiter les effets à court terme et de préparer une reprise vigoureuse lors des semaines qui ont suivi le déconfinement. En Bourse, le titre a plus qu’effacé ses pertes et n’est plus très loin de ses plus hauts (65€ début 2018).

Guillaume Robin, comment s’est passée l’activité durant ce semestre inédit pour Thermador et toute la filière du bâtiment ?

"Tout d’abord, nous n’avons heureusement pas compté de malade grave parmi les 669 collaborateurs du Groupe. Ensuite, je noterais l’implication toute particulière des équipes, y compris en plein cœur de la crise. Télétravail, équipes alternées, ajustement des congés pour être près au moment de la reprise : tout a été mis en œuvre pour maintenir les équipes logistiques et le service à nos clients et être ainsi prêt au moment de la reprise. Celle-ci a eu lieu dès juin où nous avons enregistré une croissance de 25% par rapport à juin 2019, dont +47% sur la dernière semaine du semestre ! Alors qu'elles subissaient la fermeture complète de leurs clients à mi-mars et durant de nombreuses semaines, les filiales adressant la clientèle GSB affichent finalement les meilleures performances du groupe sur le trimestre (Mecafer/Domac -0,6% ; Dipra/Rousseau +6,0%). Dans la distribution spécialisée/industrie, la situation est plus contrastée, avec par exemple des reculs marqués au deuxième trimestre sur les filiales Sferaco (-24,1%) et PBtub (-23,5%), et au contraire une très forte activité Aello qui bénéficie du boom des piscines avec une croissance de 33% sur l’ensemble du semestre. Ce semestre a également été marqué par l’intégration de la société Distrilabo, acquise le 31 décembre 2019, et de Thermacome, acquise le 30 avril 2020. Les intégrations se déroulent normalement dans un excellent état d’esprit de la part des équipes concernées. Au global, nous avons terminé le semestre sur un chiffre d’affaires en baisse de seulement 1,5% (-4,3% en organique) à 187,9 M€, avec un gain de parts de marchés à la clé."

Source : Thermador

Les marges et la trésorerie ont-elles aussi bien tenu ?

"Comme pour l’activité, la situation est bien entendue contrastée selon les filiales mais nos marges commerciales sont restées globalement stables à 35,8% contre 36,1%, et notre marge opérationnelle affiche un retrait contenu à 12,4% contre 13,1%. Le groupe a bénéficié des mesures

de chômage partiel dans des proportions limitées (impact environ 0,5M€) et a surtout réduit ses frais de missions et réceptions, les équipes commerciales itinérantes étant contraintes à l’immobilité. Objet de toute notre attention, notre trésorerie nette se maintient à un niveau amplement suffisant (8,7 M€), malgré l’augmentation relative de notre stock (0,6 mois d’achats consommés) et le retard de règlement constaté chez un client important régularisé depuis. Notre dette financière de 47,5 M€ (hors IFRS16) reste très raisonnable comparativement à nos capitaux propres de 222,6 M€ sachant que nous n’avons pas réduit le montant de dividende versé, dans la continuité de notre politique de dividende initiée en 1987, année de notre introduction en Bourse."

Un cours de Bourse emporté par le krach boursier, suivi d’une reprise au fur et à mesure des nouvelles rassurantes diffusées par le groupe.

Comment se dessine la fin de l’exercice ?

 "Nous ne pouvons à ce stade évaluer l’atterrissage de notre activité à fin décembre. En revanche, l’activité reste dynamique en juillet, sans que le rythme de juin ne puisse se prolonger tout le semestre évidemment. Il est même à craindre que la réalité économique reprenne rapidement le dessus. Les mises en chantier sont actuellement très mal orientées dans le neuf. Quant à la rénovation et l’entretien dans le bâtiment, qui représente environ 35% de notre activité consolidée, l’effet rattrapage va se tarir et les problématiques de pouvoir d’achat se poser. Heureusement, les mesures gouvernementales, et notamment en matière d’économies d’énergies, vont dans le bon sens et soutiendront nos filiales positionnées sur les accessoires pour les pompes à chaleur, le comptage d’énergie, ou encore la ventilation double flux. Très concrètement, la ministre déléguée au Logement, vient d’annoncer la suppression du plafond de ressources pour bénéficier de "MaPrimeRénov'" qui a remplacé le crédit d'impôt pour travaux d'économies d'énergie (CITE) et un allongement de la liste des travaux éligibles."

Nombre de logements autorisés et commencés sur 12 mois, en milliers (Source : SDES, Sit@del2, estimations à fin juin 2020)

Cette crise aura-t-elle des conséquences durables pour Thermador en termes d’organisation, par exemple en termes de sourcing ou d’investissements dans le numérique ?

 "Nos équipes informatiques ont été soumises à rude épreuve et ont révélé des marges de progression, notamment en termes de téléphonie, de e-commerce et de cybersécurité. Nous nous y sommes attelés sans délai. En matière de sourcing, nous ne souhaitons pas renverser la table. Nous avons trop de respect pour nos fournisseurs, quelle que soit leur nationalité. Pour autant, nous saisirons toutes les occasions possibles de nous rapprocher de fabricants français et européens, comme nous l’avons fait au moment de l’acquisition de Thermacome. En effet, cette opération a été l’occasion de nouer un partenariat fort avec Acome, industriel français renommé pour la fabrication du tube en polyéthylène réticulé."

Le Groupe a multiplié les acquisitions ces dernières années et amorçait une phase d’intégration quand la crise est survenue. Pourtant, cette crise ne va-t-elle pas offrir de nouvelles opportunités de consolidation du marché ?

 "Non, nous comptons toujours consacrer 2020 et 2021 à l’intégration des dernières acquisitions. De nombreux chantiers sont à mener en termes d’organisation, de logistique, de système d’information. Nous pourrons alors saisir de nouvelles opportunités de croissance externe, notamment à l’international. Notre objectif pour la décennie qui commence est de poursuivre notre croissance à un rythme similaire à celui qui fut le nôtre durant les dix dernières années. Cela passera par une forte autonomie accordée aux filiales pour fixer leur propre stratégie et leurs propres objectifs, y compris pour les filiales qui viennent de rejoindre le groupe. L’international a vocation à progresser à partir de nos implantations physiques françaises et étrangères en utilisant les leviers classiques de la croissance organique. Enfin, la création de filiale restera possible dans une activité proche de notre univers, pour autant que nous trouvions les femmes ou les hommes pour mener le projet et les partenaires industriels pour constituer l’offre de base."

Croissance organique de l’activité, trimestre après trimestre (Source : Thermador)

Pouvez-vous nous parler de la façon dont le Groupe a choisi son successeur en cas de défaillance du PDG ?

 "Anticipant son départ à la retraite et la fin de son mandat d’administrateur en avril 2021, le comité exécutif du groupe Thermador s’est pour la première fois réuni en conclave pour choisir collectivement celle ou celui qui parmi eux aurait les qualités pour lui succéder et la volonté d’en assumer la charge. Après trois tours de scrutin, une majorité s’est dégagée en faveur de Lionel Monroe, actuellement P.-D.G. de Syveco. Les administrateurs, qui avaient été associés en amont à ce processus nouveau pour définir le profil recherché, ont approuvé cette décision lors de la réunion du conseil qui s’est tenue le 29 juillet dernier. En conséquence, Lionel Monroe sera proposé comme administrateur lors de l’Assemblée Générale prévue le mardi 6 avril 2021 et nommé D.G. Délégué de Thermador Groupe pour une durée de 4 ans lors de la réunion du Conseil d’Administration programmée le 7 avril 2021."

Source : Thermador