Ce nouvel avertissement illustre l'ampleur de la crise dans laquelle est plongé le conglomérat industriel allemand, qui accumule les difficultés depuis le début de l'année.

Il pourrait aussi accentuer la pression sur Guido Kerkhoff, propulsé à la tête du groupe après un été tumultueux marqué par les départs successifs du président du directoire et du président du conseil de surveillance face à la pression de certains actionnaires.

Le nouveau président du directoire peine à convaincre les investisseurs de la pertinence de son projet de scission du groupe via la création d'une entité regroupant les biens d'équipement (ascenseurs, équipements automobiles et ingénierie industrielle), chacune des activités composant ce nouvel ensemble rencontrant des problèmes.

Thyssenkrupp a annoncé jeudi avoir décidé d'inscrire des provisions liées à l'enquête de l'Office fédéral des cartels en Allemagne portant sur des soupçons d'entente sur les prix de l'acier.

"Nous prenons ce sujet très au sérieux depuis le tout début et, avec l'aide d'un cabinet juridique extérieur, nous avons mené notre propre enquête interne", écrit Donatus Kaufmann, membre du directoire, dans une lettre au personnel qu'a pu lire Reuters.

"Dans le même temps, nous avons obtenu des informations au sujet des investigations qui nous ont conduits à inscrire une provision dans les comptes financiers du groupe", ajoute-t-il.

L'ACTIVITÉ DANS LES ASCENSEURS MOINS PERFORMANTE QUE PRÉVU

Thyssenkrupp s'attend en conséquence à voir le bénéfice net de l'exercice 2017-2018, clos fin septembre, tomber à 100 millions d'euros, soit une chute de 63% par rapport aux 271 millions de l'année précédente.

Le groupe s'attendait précédemment à une hausse significative de son bénéfice net annuel.

Donatus Kaufmann a souligné que les nouvelles provisions n'auraient aucun impact sur le projet de coentreprise à parité avec l'indien Tata Steel censé regrouper leurs activités sidérurgiques en Europe. Il a assuré que l'enquête pour entente présumée portait sur des pratiques passées.

"Toutes les personnes impliquées ne travaillent plus dans leurs domaines de responsabilité ou ont quitté l'entreprise", affirme Thyssenkrupp.

Le conglomérat allemand a aussi décidé d'inscrire une provision liée à des problèmes de qualité non détaillés dans sa division dédiée aux nouvelles technologies automobiles. Il a également fait état de difficultés d'acheminement de produits dans son activité sidérurgique et prévenu que le bénéfice de sa division ascenseurs serait moins élevé que prévu.

Thyssenkrupp s'attend désormais à un bénéfice d'exploitation ajusté avant intérêts et taxes (Ebit) de 1,6 milliard d'euros, contre une précédente prévision de 1,8 milliard d'euros.

Le groupe présentera ses résultats annuels le 21 novembre.

(Avec Tom Käckenhoff à Düsseldorf; Claude Chendjou et Bertrand Boucey pour le service français, édité par Marc Angrand)

par Christoph Steitz et Edward Taylor