Centenaire en 2017, cette entreprise savoyarde très présente à l’international est dirigée par trois frères, dont Edouard Tivoly, 44 ans, précédemment avocat d’affaires qui a rejoint la quatrième génération en 2016 au moment de l’acquisition du groupe FFDM. Une acquisition stratégique qui lui a notamment ouvert le marché du médical. Entretien.

Edouard Tivoly, pouvez-vous nous présenter le groupe Tivoly en quelques mots ?
"Nous concevons et fabriquons des outils coupants comme des forets pour percer, des tarauds pour le filetage, et des fraises pour travailler la matière, à destination des professionnels surtout, mais également des particuliers. Nous avons un positionnement très qualitatif sur des marchés en constante évolution. Nos débouchés sont très variés : l’aéronautique, le bâtiment, le médical et diverses industries comme l’automobile et l’énergie. L’acquisition de la FFDM en 2016 nous a permis d’augmenter notre position sur deux marchés exigeants et porteurs, le secteur aéronautique et le médical. Près de 700 personnes travaillent dans le groupe, dont la moitié en France. Nous avons réalisé en 2018 un chiffre d’affaires de 80,5 M€".
 

Des outils coupants FFDM
 
Votre groupe vient de publier des résultats 2018 en retrait, après plusieurs années de progression. Est-ce un retournement de tendance ou une pause pour mieux repartir ?
"Industriellement, 2018 fut une très bonne année, dans la continuité d’une année 2017 historique d’un point de vue financier. Nous sortons d’une année d’investissements importants, préparatoire de l’avenir. Nous avons mené de nombreux chantiers avec succès : réorganisation et augmentation de la capacité de production des outils Pneumat sur le site de Bourges, regroupement de sites de production avec à la clé des gains en capacité et en flexibilité, renforcement et fusion des forces de vente Industrie Europe, simplification de la structure juridique de FFDM et enfin mise en place de projets "Lean" progressivement étendus et qui continueront à l’être en 2019. Tous ces éléments, combinés au renchérissement des matières premières et aux perturbations de fin d’année dans les GSB, ont pesé ponctuellement sur notre activité et nos résultats. Mais 2019 a bien commencé et nous nous attendons à une croissance significative de l’activité cette année".
 
Comment expliquez-vous la hausse régulière de vos marges ces dernières années ?
"Notre stratégie a évolué et s’est conformée à un positionnement qualitatif cohérent avec notre ADN d’entreprise familiale qui privilégie le long terme et la technicité des savoir-faire.  Notre chiffre d’affaires s’est donc concentré sur des produits et des clients à plus forte valeur ajoutée, quitte à ne pas suivre certains marchés où le prix prenait le dessus sur la qualité des produits. Nous sommes aujourd’hui un des seuls fabricants européens à maîtriser trois niveaux de savoir-faire : les outils carbure et les outils coupants en acier rapide pour l’aéronautique, et les outils à destination du secteur médical. C’est en rapprochant ces savoir-faire des besoins de nos clients les plus exigeants que nous pourrons continuer de faire progresser nos résultats. Cela passera également par la digitalisation de notre offre dans un contexte d’évolution des canaux de distribution".
 

Tivoly Saint-Etienne
 
Quel type de croissance peut-on attendre pour les années à venir pour Tivoly ?
"Nous n’indiquons pas de prévisions chiffrées, mais notre croissance organique sera tirée par celle de nos marchés sous-jacents, en particulier l’aéronautique et le médical qui croissent respectivement autour de 8% et 5% l’an. Globalement, nous ne ressentons pas de ralentissement de la croissance, ce qui d’ailleurs entretient certaines tensions sur le prix des matières premières, notamment aux Etats-Unis".
 
Edouard Tivoly, vous êtes particulièrement en charge des finances au sein du groupe. Votre groupe est contrôlé à 75% par votre famille, et coté en Bourse depuis 1986. Tenez-vous à cette cotation ?
"La Bourse contribue à notre notoriété et à notre reconnaissance à l’international. De plus, si nous l’avons peu utilisé comme moyen de financement, ce qui fut la raison originelle de notre introduction en 1986, nous ne nous l’interdisons pas à l’avenir. Par exemple au cas où nous aurions besoins d’accélérer avec de la croissance externe".
 

Un groupe familial