PORT MORESBY (awp/afp) - Le Premier ministre papouasien, Peter O'Neill, affaibli par une fronde au sein de l'exécutif, a démissionné dimanche et transmis les rênes du pouvoir à un vétéran de la politique locale, Julius Chan, qui dirigea pour la première fois le gouvernement il y a 39 ans.

Au pouvoir depuis 2011, M. O'Neill aura imprimé une certaine stabilité politique à un pays souvent divisé. Mais son mandat a également été terni par la corruption généralisée, la criminalité élevée et des investissements à grande échelle, qui ont fait s'envoler la dette sans vraiment bénéficier à la population.

La grogne monte depuis des mois mais elle s'est notamment cristallisée autour de la signature d'un contrat gazier avec le français Total, l'américain ExxonMobil et Oil Search, détenu pour partie par le gouvernement papouasien. Les opposants jugent que la population de cet archipel du Pacifique de 8 millions d'habitants n'en profite pas assez.

"Nous avons décidé d'un changement dans la direction qui sera transmise à Julius Chan, qui est un vétéran de la politique et un des pères fondateurs de notre Nation", a déclaré M. O'Neill à Port Moresby.

M. Chan, 79 ans, fut Premier ministre de 1980 à 1982, puis de 1994 à 1997.

"Nous ne serons pas juste un gouvernement de transition. Nous travaillerons, nous transformerons la Papouasie-Nouvelle-Guinée, nous allons faire avancer ce pays", a-t-il dit aux journalistes.

M. O'Neill, 54 ans, était parvenu à survivre à un vote de confiance il y a quelques semaines.

Mais plusieurs de ses ministres avaient jeté l'éponge, dont ceux de la Défense, de la Santé et de la Forêt, ainsi que toute une série de membres du Parlement et d'influents gouverneurs de province.

L'ex-ministre des Finances, James Marape, avait démissionné en dénonçant le fait que le gouvernement n'ait pas réussi à assurer que l'accord avec Total, Oil Search et ExxonMobil -qui doit permettre de doubler quasiment les exportations de gaz de Papouasie - profite aux entreprises nationales et aux populations locales.

Le Parti du congrès national populaire de M. O'Neill ne jouit que d'une courte majorité et de nombreuses figures de cette formation faisaient pression sur le Premier ministre pour qu'il se retire.

La Papouasie-Nouvelle-Guinée est un des pays les plus pauvres du monde. Seul un habitant sur dix a un accès fiable à l'électricité.

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