Dans l'article de l'agence de presse, on ne retrouve pas de prétendants cités, du moins pas directement. Les noms d'Ubisoft et d'Activision Blizzard sont mentionnés pour illustrer ces grands groupes qui sont en concurrence avec des acteurs plus petits, davantage tournés vers le jeu mobile ou, en l'occurrence, le jeu "social". Activision Blizzard avait, en 2016, racheté King (le papa de Candy Crush). Quant à Ubi, il s'était fait chiper Gameloft par Vivendi. Mais le groupe de Montreuil "n'a pas vraiment besoin d'aller surpayer à l'extérieur ce qu'il pourrait déjà faire en interne", souligne un bon connaisseur du dossier. Alors n'allez pas croire que nous lançons une rumeur.
 
Mais jetons quand même un oeil sur les grands traits de l'Américain avec l'appui d'un spécialiste. "Je pense que Zynga est un actif intéressant", avance l'analyste Tim O'Shea, de Jefferies, qui pense que la liste des acquéreurs potentiels dépasse le simple cadre des rivaux : groupes médias, technologiques voire des entreprises de paris en ligne pourraient trouver de l'intérêt à récupérer Zynga. "Les jeux vidéo sont le média qui affiche la plus forte croissance et le jeu mobile est le plus dynamique au sein du jeu vidéo", rappelle-t-il, en ajoutant que Zynga est sur la bonne voie pour améliorer ses résultats avec une formule assez simple : faire progresser mécaniquement les marges en laissant les coûts inchangés et en augmentant les revenus. Bizarrement, cela fonctionne assez bien. Les multiples de valorisation sont sur la pente ascendante depuis 2015 mais restent raisonnables, estime O'Shea, qui cite les opérations King, Supercell, Big Fish ou Gram Games comme étalons à ses propos.
 
No comment
 
Quant à savoir si Zynga est effectivement en vente, l'analyste a sa petite idée, même si la société ne veut pas commenter. En mai dernier, lors d'une conférence justement organisée par Jefferies, le management avait expliqué qu'il n'y avait pas d'intention de vendre la société, mais que le conseil s'intéresserait à toute approche. En mai toujours, le fondateur Mark Pincus (l'homme au bouledogue) avait converti ses actions à super-droits de vote en actions ordinaires. Plus récemment, le groupe a amendé le régime des compensations à verser en cas de changement de contrôle. Deux événements qui constituent des indicateurs allant plutôt dans le sens du démarrage d'un processus de vente. Jefferies recommande d'acheter le titre, qu'il valorise 5,25 USD par action, ce qui aboutirait à une capitalisation de 4,5 milliards de dollars environ, hors actions à émettre. La moyenne des objectifs actuels est de 4,84 USD (fourchette 3,70 à 6 USD), avec 50% d'avis positifs, 37,5% de neutres et 12,5% de négatifs.
 
Pour illustrer le poids de Zynga, nous avons dressé le tableau ci-dessous qui porte sur les anticipations 2019 (ou 2019/2020 à cause de l'exercice décalé d'Ubisoft). Le groupe français dispose d'une assise très solide et affiche de belles marges, bien plus élevées que l'Américain. Sa stratégie reste conservatrice avec de grands studios internes et une croissance presqu'exclusivement organique, concentrée sur la création et la montée en puissance de marques propres. Une gestion prudente qui porte ses fruits, puisque l'action Ubisoft a été multipliée par 18 depuis la fin 2011, date de l'arrivée en bourse de Zynga, dont le titre a dans le même temps été... divisé par 2.
 

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Chez Ubisoft, on n'a pas souhaité réagir, enfin pas directement, malgré la publication en milieu de semaine d'un article d'opinion sur Bloomberg concernant une hypothétique opération du Français sur l'Américain. Nous vous laissons interpréter à votre convenance la position de l'équipe de relations investisseurs du groupe :