Valeo s'attend à un exercice encore incertain cette année. Son PDG, Jacques Aschenbroich, l'explique dans les colonnes du 'Financial Times' du jour. "La volatilité du marché est actuellement plus élevée qu'elle ne l'a jamais été et nous nous préparons comme si les choses allaient être plus compliquées cette année", a-t-il précisément déclaré, en laissant entendre qu'un plan d'économies additionnel pourrait être lancé, après celui qui avait déjà été adopté en 2018 pour faire face au durcissement des conditions de marché.

L'ombre d'un doute
 
Pour autant, pas question de changer de stratégie, car dans l'industrie automobile, "il faut travailler sur le long terme". Le 'FT' a donné la parole à deux analystes sectoriels reconnus, Max Warburton chez Bernstein et Chris McNally chez Evercore. Tous deux pointent l'annus horribilis de Valeo en 2018, bonnet d'âne boursier d'un secteur qui a totalement décroché. Son statut de dernier de la classe, l'équipementier français le doit à un niveau de révision à la hausse de ses objectifs largement plus élevé que la moyenne sectorielle. Et à quelques zones d'ombres qui taraudent toujours les professionnels.
 
"Actuellement, il y a une totale rupture entre le carnet de commandes et le chiffre d'affaires", souligne McNally, jugeant que c'est un phénomène très spécifique à Valeo. Pour Jacques Aschenbroich, l'explication vient d'un décalage de démarrage sur certains contrats, qui est venu s'ajouter aux tourments actuels de la spécialité, comme le coup de frein en Chine ou la zizanie créée par les nouvelles normes de pollution sur le vieux continent. Dès cette année, le dirigeant compte sur le démarrage de plusieurs contrats remportés grâce aux innovations du groupe, ce qui devrait progressivement améliorer la performance au cours de l'exercice. Aschenbroich se montre relativement confiant sur la normalisation du marché européen, mais encore prudent sur les tendances du marché chinois.

De violents ajustements
 
L'autre chantier de Valeo, c'est la restauration du lien de confiance avec les investisseurs. L'équipementier a vendu du rêve aux financiers jusqu'en 2017, en se présentant comme l'acteur incontournable de la transformation de l'industrie de la mobilité. Ce sera peut-être le cas, mais personne n'avait anticipé la durée ni l'ampleur du décalage. Les tableaux ci-dessous illustrent le violent retournement de perception. Le premier montre que l'objectif moyen est passé de 66 à 35 EUR en un an. Le second que 4 analystes sur 21 sont positifs, alors qu'ils étaient 10 sur 23 début 2018.