Après la clôture hier soir, l'Agence Bloomberg a lâché une bombe sur la foi d'une habituelle "source au fait des discussions". L'informateur a révélé que deux des bailleurs de fonds de la société cherchaient à sortir de l'un des crédits renouvelables dont dispose Vallourec. Ils seraient même prêts à le faire à 75% du montant de leurs engagements. Un porte-parole a refusé de commenter la rumeur en se contentant de renvoyer aux déclarations du 26 novembre, dans lesquelles Vallourec soulignait la solidité de son bilan avec 769 millions d'euros de trésorerie et des lignes de crédit non tirées.
 
Fin novembre dernier, le groupe avait dû se fendre d'une mise au point après que S&P eut abaissé sa dette long terme de "B" à B-", pour prendre en compte des résultats moins robustes que prévu. Depuis le début de la crise des sous-traitants de l'industrie pétrolière, à cause de la chute des cours de l'or noir en 2014, Vallourec est fréquemment questionné sur la solidité de son bilan. Le 26 novembre 2018 donc, le management avait expliqué qu'au 30 septembre dernier, ses liquidités et lignes non tirées lui permettaient de respecter son covenant bancaire. Celui-ci correspond au rapport entre la dette nette consolidée et les capitaux propres retraités des gains et pertes sur produits dérivés et des écarts d’évaluation : il était de 71% fin septembre pour un plafond autorisé de 100%. Vallourec avait aussi précisé qu'il estimait être en mesure de respecter son covenant bancaire à la fin de l'année 2019.
 
Plusieurs lignes de crédit
 
En 2014, Vallourec avait signé un crédit renouvelable de 1,1 milliard d'euros à échéance février 2019, avec deux options d’extension d’une année supplémentaire chacune (soit une échéance février 2021). Le syndicat bancaire comprenait alors 19 établissements (Banco Santander, Mitsubishi UFJ, Banque Fédérative du Crédit Mutuel, BNP Paribas, Commerzbank, Crédit Agricole, Société Générale, Sumitomo Mitsui, Bank of America Merrill Lynch, Barclays, Citi, Deutsche Bank, HSBC France, Standard Chartered, Crédit du Nord, ICBC, Intesa San Paolo, Itau BBA International et JP Morgan. 
 
Outre cette ligne, le groupe dispose de deux crédits syndiqués de 400 et 450 millions d'euros arrivant à échéance en 2020, d'une ligne bilatérale de 90 millions d'euros (2021), d'une ligne de 110 millions 'euros (2027) et d'une ligne de 80 millions de dollars rattachée spécifiquement à Vallourec Star d'échéance mars 2019. Le tout représente 2,2 milliards d'euros. Toutes ces informations sont disponibles dans les rapports annuels, les présentations et même sur le site internet du groupe
 
Bpifrance fait front
 
Dans un tout autre registre et sans rapport avec la rumeur propagée par Bloomberg, le patron de Bpifrance, Nicolas Dufourcq, a déclaré que la banque publique, actionnaire avec un siège au conseil, va continuer à accompagner l'entreprise pour lui permettre de traverser sa passe délicate. En dépit d'un marché plus compliqué que prévu au second semestre 2018, le plan suit son cours, a-t-il expliqué lors d'une conférence de presse.

Vallourec reste hautement tributaire d'une reprise plus marquée des investissements dans le secteur pétrolier. Quelques gros contrats commencent à sortir çà et là, mais il faudra un mouvement plus franc pour que le dossier sorte de la sphère spéculative. A force de reporter l'embellie à l'année suivante, les échéances de dette qui semblaient encore lointaines se rapprochent. Pour terminer sur une note plus optimiste, le norvégien Petroleum Geo-Services, qui évolue aussi dans la sphère parapétrolière (c'est un alter-ego de CGG, un autre dossier chéri par les spéculateurs), a annoncé ce matin des perspectives plus favorables pour 2019, en estimant qu'elles pouraient même lui permettre de se refinancer. Vallourec publiera ses résultats 2018 le 20 février.