* Le ministre s'en remet à la médiation sur le projet d'aéroport

* Il plaide pour une transition énergétique ambitieuse

* Fessenheim sera fermée (Actualisé avec autres déclarations, précisions)

PARIS, 18 mai (Reuters) - Le ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, a estimé jeudi soir sur France 2 qu'il existait des "alternatives" au projet controversé d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), auquel il avait dit son hostilité avant sa nomination dans le gouvernement d'Edouard Philippe.

Pour sa première intervention médiatique depuis sa nomination, mercredi, le militant écologiste a concédé un autre point de divergence avec Emmanuel Macron - le chef de l'Etat est favorable à Notre-Dame-des-Landes mais ouvert à la concertation -, sur le nucléaire.

Il a confirmé l'objectif de réduction de la part du nucléaire à 50% à l'horizon 2025 mais a laissé entendre, avec grande prudence, qu'elle pourrait être supérieure.

Dans le dossier de Notre-Dame-des-Landes, "on va sortir de la confrontation et on va rentrer dans la consultation et la coopération, sur ce sujet et sur beaucoup d'autres", a-t-il dit.

Le Premier ministre, Edouard Philippe, a confirmé jeudi matin sur France Inter la nomination d'un médiateur afin "d'étudier l'ensemble des options". Pour l'ancien ministre et directeur du WWF Pascal Canfin, "l'aéroport ne se fera pas avec Nicolas Hulot".

"Ma conviction, a poursuivi Nicolas Hulot sur France 2, c'est qu'il existe des alternatives, mais la médiation qui va démarrer, probablement en fera la démonstration".

"Toutes les solutions et les options sont sur la table. Ma conviction, c'est qu'on n'a pas étudié toutes les alternatives".

"RÉÉQUILIBRER" LE MIX ÉNERGÉTIQUE

"Je pense que la meilleure démonstration pour apaiser, c'est que par rapport aux contraintes, aux visions, des uns et des autres, il y a probablement une autre option qui permettra de satisfaire les intérêts des uns et des autres", a-t-il dit, ouvrant la voie à une solution de remplacement.

Emmanuel Macron et Edouard Philippe sont favorables au projet d'aéroport, faisant valoir le respect de la victoire du "oui" à la consultation de juin 2016 mais affirment dans le même temps leur pragmatisme.

Sur le nucléaire, Nicolas Hulot a concédé qu'on ne pouvait "se passer" de cette énergie mais a plaidé pour "une vision" dans le sens de la transition énergétique.

Durant la campagne présidentielle, Emmanuel Macron a marqué sa détermination à mettre en oeuvre l'intégralité de la loi de transition énergétique pour la croissance verte, adoptée en août 2015. Elle prévoit notamment la réduction, pour 2025, de la part de l'électricité d'origine nucléaire de 75% à 50% en France.

L'électricien EDF gère les 19 centrales nucléaires françaises et leurs 58 réacteurs. Le cours en Bourse d'EDF a dévissé de près de 7% mercredi à l'annonce de la nomination du "pape de l'Ecologie".

Nicolas Hulot s'est voulu rassurant jeudi soir, tout en ouvrant des pistes en faveur des énergies renouvelables.

Avec Emmanuel Macron, a-t-il expliqué, "on a probablement sur la vision, peut-être une divergence, mais il y a un chemin commun et je pense que ce qui est très important - et c'est ce qui a été acté dans la loi de transition énergétique - c'est déjà de rééquilibrer les choses."

"La démonstration se fera peut-être chemin faisant qu'on peut aller plus loin que 50% ou au contraire la démonstration se fera peut-être que pour finir, le développement des énergies renouvelables est plus lent que prévu", a avancé le ministre de la Transition écologique.

FESSENHEIM SERA FERMÉE

"Ce qui est très important, c'est de faire baisser cette part, pas pour des raisons dogmatiques. Parce qu'il en est de l'énergie comme de beaucoup de domaines, mettre tous ses oeufs dans le même panier, ce n'est pas une bonne chose", a-t-il plaidé.

"Le nucléaire, qu'on soit pour ou contre, de toute façon on ne peut pas s'en passer demain matin, et moi je pars du principe que dans la transition énergétique, il faut planifier la transition", a dit Nicolas Hulot, soulignant sa préoccupation pour le sort des salariés du nucléaire.

"Derrière le nucléaire, il y a des hommes et des femmes, et donc les choses ne vont pas se dicter comme ça".

La filière industrielle nucléaire française compte 2.500 entreprises et emploie près de 220.000 salariés (emplois directs et indirects).

"Il faut avoir une vision : le premier point d'étape, et là on pourra vraiment évaluer la pertinence des uns et des autres et confronter les avis des uns et des autres, c'est 2025", a-t-il rappelé. "En 2025, la part du nucléaire, par rapport à ce qu'elle était hier, et pas par rapport à ce qu'elle sera demain, elle doit être de 50%."

S'agissant de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin), Nicolas Hulot a confirmé sa fermeture, au terme du décret pris en avril par Ségolène Royal, qui l'a précédé.

"C'est le dernier acte politique de Ségolène Royal, et moi j'ai promis de préserver l'acquis de Ségolène Royal. Donc elle aura lieu mais encore une fois, là aussi, (...) dans la concertation", a affirmé Nicolas Hulot. (Sophie Louet)

Valeurs citées dans l'article : E.D.F., Vinci