New York (awp/afp) - Bond des ventes des denrées alimentaires et de produits d'hygiène comme le papier-toilette: la pandémie de coronavirus a donné un coup de fouet à l'enseigne américaine Walmart, dont les ventes en ligne ont explosé grâce au confinement.

Le numéro 1 mondial de la distribution a observé à la fois une hausse de la fréquentation dans ses magasins, où des consommateurs confinés chez eux ont dévalisé en mars et en avril les rayons pour constituer des stocks, et une flambée de 74%, un record, des ventes réalisées sur ses plateformes en ligne.

Le chiffre d'affaires lors des trois mois achevés le 30 avril, et correspondant au premier trimestre de l'exercice 2020/2021, a par conséquent augmenté de 8,6% à 134,6 milliards de dollars. La hausse a été de 10,7 milliards de dollars de plus comparé au premier trimestre 2019/2020.

Les ventes à magasins comparables, un des baromètres les plus fiables pour prendre le pouls de l'activité, ont bondi de 10% aux Etats-Unis alors que les marchés et les experts n'anticipaient qu'une hausse de 7,2%.

Les supermarchés Walmart sont restés ouverts parce qu'ils sont considérés comme une activité "essentielle", ce qui a permis au groupe de se distinguer au moment où des chaînes de l'habillement font faillite, à l'instar de Neiman Marcus, JC Penney ou encore JCrew, ou cherchent à renforcer leur trésorerie pour survivre -- comme Macy's.

Plainte pour négligence

"Beaucoup de consommateurs américains se sont tournés vers Walmart pendant cette crise du coronavirus, à la fois pour garnir leur garde-manger et s'assurer qu'ils ont suffisamment de produits du quotidien", explique Neil Saunders, expert chez GlobalData Retail.

Les ventes se sont envolées en mars et en avril, périodes de pic de la pandémie aux Etats-Unis, tirées par les produits alimentaires et ceux de première nécessité. L'habillement a en revanche plongé.

Le reçu moyen à la caisse a augmenté de 16,5%, tandis que les petits prix et la bonne gestion des stocks a permis d'attirer une nouvelle clientèle suite à une pénurie d'articles chez les concurrents, dont Amazon.

Walmart a en outre tiré profit de la fermeture des magasins spécialisés pour augmenter ses ventes dans les catégories d'articles de sport (vélos), de fitness, des machines à coudre, des jouets, des jeux de société, du matériel de bureau et des ordinateurs portables.

Cette bonne dynamique devrait se poursuivre, alimentée par la distanciation physique, le prolongement du confinement dans certains Etats fédérés et surtout par les chèques envoyés aux ménages par l'administration Trump dans le cadre du massif plan de 2.200 milliards de dollars d'aide à l'économie américaine.

Mais la forte demande a fait fondre les stocks, ce qui est de mauvais augure au moment où la pandémie a perturbé les chaînes d'approvisionnement et fait craindre des risques de pénurie.

"Notre chaîne de fournisseurs est parmi les meilleures au monde, mais nous l'avons trop sollicité dans l'environnement actuel", a reconnu Doug McMillon, le directeur général lors d'une conférence téléphonique, indiquant que les stocks avaient diminué de 8% aux Etats-Unis.

"La première chose à faire est de reconstituer les stocks aux Etats-Unis", a déclaré M. McMillon, en l'occurrence les produits d'hygiène et la viande. Les prix de cette dernière ont flambé récemment à cause de la fermeture temporaire d'abattoirs devenus des foyers de Covid-19.

Walmart, contrôlée par la famille du fondateur Sam Walton, a suspendu ses objectifs financiers annuels, en raison des "incertitudes" susceptibles d'affecter les ventes, comme la durée du confinement, la confiance des ménages, l'état du marché du travail après l'inscription au chômage de plus de 20 millions d'Américains au cours du seul mois d'avril.

"Les fondamentaux de notre activité sont solides et notre situation financière est excellente", a tenu toutefois à souligner Brett Biggs, le directeur financier.

A Wall Street, l'action gagnait 0,84% vers 15H15 GMT.

Le bénéfice net trimestriel n'a cependant progressé que de 3,85% sur un an à 3,99 milliards, à cause de faibles marges et d'une hausse de coûts inattendus.

Le groupe de supermarchés a dépensé 900 millions de dollars, en primes et bonus versés à ses employés en première ligne lors de cette crise sanitaire.

Walmart a également dû désinfecter ses magasins, distribuer des masques et des gants aux employés, installer des écrans de plexiglas aux caisses et a embauché 235.000 personnes supplémentaires, des intérimaires, afin de répondre à la forte demande aussi bien en ligne que dans les magasins physiques depuis mi-mars aux Etats-Unis.

Le groupe fait par ailleurs face à une plainte pour "négligence" déposée à Chicago par la famille d'un employé mort du Covid-19 le 25 mars.

afp/rp