Les vieux démons sont en train de resurgir sur Wirecard. Pour ceux qui ne le connaîtraient pas, le groupe allemand fait figure de star et de précurseur parmi les acteurs européens qui ont ébranlé les monopoles bancaires au début du millénaire. On le retrouve derrière la technologie qui permet d'assurer les transactions en ligne de plusieurs sites connus, mais sa palette de services va bien au-delà, de la gestion de la fraude à l'émission de moyens de paiement en passant par les opérations sans contact. En France, l'illustration la plus poussée de l'offre de Wirecard est sans doute Orange Bank, puisque l'opérateur historique s'est largement appuyé sur les outils de l'Allemand pour monter son offre bancaire.

-40% en trois séances 

Mais la star est aussi poursuivie depuis plusieurs années par une vilaine rumeur sur la qualité de ses comptes. La semaine dernière, le vénérable Financial Times s'est déchaîné. Une première salve a été tirée mercredi, avec la révélation d'une enquête interne sur les pratiques comptables d'un cadre haut placé en Asie. Enquête qui n'aurait rien donné, ce dont s'est semble-t-il ému l'informateur du quotidien. Résultat ? -13,3% pour l'action sur la séance, malgré les démentis de l'entreprise. Vendredi, rebelote avec une nouvelle bordée du FT. Le journal affirme qu'un audit externe commandé par Wirecard au cabinet d'avocats Rajah & Tann conclut que de faux en écriture voire des falsifications comptables ont été opérés depuis le bureau de Singapour. Le rapport aurait été présenté dès le mois de mai dernier au comité de direction. Bilan, -25% vendredi.
 
Wirecard a confirmé qu'un employé avait émis des soupçons sur un dirigeant, mais qu'aucune preuve n'a pu venir étayer les accusations. Le management a effectivement fait appel à Rajah & Tann pour avoir une vision extérieure, mais les conclusions définitives ne sont pas encore disponibles, et aucune réunion sur le sujet ne s'est tenue à la date citée par la publication. Les auditeurs n'ont pas fait état, à ce stade, d'éléments laissant penser qu'il y a eu malversation. Le Parquet de Munich a fait savoir qu'une enquête était en cours mais que rien ne permet à ce stade d'incriminer la société. En dépit des révélations, Wirecard n'est pas particulièrement ciblée par les vendeurs à découvert, puisque les positions ouvertes n'atteignaient vendredi que 1,84% du capital.
 
Ce matin, Wirecard reprend 15% à 125 EUR, mais n'a gommé ni sa chute de la semaine précédente, ni tous les doutes du marché. Une conférence de presse prévue à 13h00 pourrait contribuer à dissiper les doutes.