Quel rebondissement. Deux mois après avoir franchi la ligne du zéro absolu, le brut américain se négocie à 41 USD, en hausse de plus de 90% depuis le premier mai. Cette trajectoire est similaire pour la référence européenne, qui se négocie au-dessus de 43 USD le baril.

Plusieurs facteurs concourent à ce rebond spectaculaire des prix pétroliers. En plus des efforts réalisés par l’OPEP+ pour assécher l’offre mondiale (l’accord de réduction ayant par ailleurs été prolongé d’un mois), le consensus du marché, initialement très pessimiste sur l’état de la demande, s’est progressivement redresser.

L’Agence internationale de l’énergie (AIE) s’attend désormais à une augmentation record de la demande, qui contribuera à rééquilibrer le marché. De la même manière, l’Agence d’information sur l’énergie (EIA) a relevé ses prévisions de prix concernant les prix du brut cette année. Cette révision résulte de la dégradation de la production US, qui devrait s’établir autour de 11.56 millions de barils par jour (mbj) en 2020, contre une cadence de 13 mbj en début d’année.

Equilibre offre/demande mondiale selon l’AIE, qui voit le marché s’équilibrer à partir du T3

Néanmoins, il conviendra de se montrer particulièrement attentif à l’évolution de ces « moteurs haussiers », plus particulièrement du côté de l’offre. Le cartel élargi devrait lever le pied dans sa politique de quota tandis que les acteurs américains pourraient rapidement remettre en service des puits déjà forés mais non fracturés. Des prix plus élevés permettent de rentabiliser de nombreux sites, compliquant les efforts de l’OPEP pour réguler l’offre. Hausse des prix pétroliers rime effectivement avec seuil de rentabilité. Une affirmation d’autant plus vraie pour les compagnies de pétrole de schiste puisqu’ils demeurent les acteurs les plus flexibles dans l’ajustement de leur production.

Production américain - source : EIA

La production US pourrait ainsi se redresser de 500.000 barils par jour dans les prochaines semaines. En termes d’ordre de grandeur, l’offre américaine s’est significativement contractée depuis le début de l’année, passant de 12.9 millions de barils par jours (mbj) à 10.5 mbj. Les puits déjà forés mais non fracturés devraient ainsi gonfler la production américaine, un phénomène qui pourrait toutefois ne pas être durable si les dépenses d’investissements ne se redressent pas.

En données hebdomadaires, les cours du WTI ont enregistré un rebond significatif permettant de pratiquement combler le gap ouvert le 9 mars. La tendance est à la normalisation avec un retour des prix vers leurs moyennes mobiles. A plus court terme, les prix demeurent enfermés depuis trois semaines entre 35 et 41 USD. On pourra ainsi agir dans un sens comme dans l’autre à la sortie de cette zone de congestion.