Londres (awp/afp) - Les cours du pétrole montaient mardi en cours d'échanges européens, dopés par la décision de Washington de ne pas renouveler les exemptions de sanctions pour certains importateurs de brut iranien.

Vers 14H00 GMT (16H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin valait 74,29 dollars à Londres, en hausse de 25 cents par rapport à la clôture de lundi.

A New York, le baril de WTI pour le même contrat gagnait 62 cents à 66,17 dollars, quelques instants après avoir atteint son plus haut en près de six mois, à 66,31 dollars.

Le Brent a pour sa part culminé à 74,70 dollars vers 08H55 GMT, lui aussi à son plus haut depuis début novembre.

Le président Donald Trump a décidé de mettre fin dès le 2 mai aux dérogations qui permettaient encore à huit pays (Chine, Inde, Turquie, Japon, Corée du Sud, Taïwan, Italie et Grèce) d'importer du brut iranien, pour "porter à zéro les exportations" et "priver le régime de sa principale source de revenus", a annoncé la Maison Blanche.

"Cette décision est bien plus soudaine que nous ne l'attendions, et le reste du marché a aussi été pris par surprise, ce qui explique la hausse des prix", ont commenté les analystes de Goldman Sachs.

En mars, l'Iran exportait encore 1,7 million de barils par jour, selon l'agence spécialisée S&P Global Platts, dont près de 628.000 vers la Chine.

Celle-ci a d'ailleurs fait part mardi "de sa ferme opposition à la mise en oeuvre de sanctions unilatérales par les Etats-Unis", a déclaré devant la presse le porte-parole de la diplomatie chinoise, Geng Shuang.

Sans préciser si Pékin suspendrait ou non ses importations de brut iranien, M. Geng a ajouté que la Chine continuerait à "sauvegarder les droits légitimes des entreprises chinoises".

"Nous estimons que la Chine ne peut pas se permettre de céder, et nous pourrions en fait assister à une hausse des importations chinoises de brut iranien", a jugé Bjarne Schieldrop, analyste chez SEB.

Le marché commence en effet à souffrir d'un déficit de l'offre, même si l'Arabie saoudite, premier exportateur mondial, a appelé mardi à maintenir la pression sur l'Iran pour qu'il cesse sa "politique de déstabilisation" dans la région, selon le chef de la diplomatie saoudienne Ibrahim al-Assaf.

En 2018, l'Arabie saoudite avait obtenu que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et ses partenaires, dont la Russie, assouplissent leur accord de limitation de la production en amont des sanctions américaines contre l'Iran.

Les exemptions accordées à la dernière minute par Washington avaient conduit à un plongeon des prix au quatrième trimestre.

"L'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et d'autres pays de l'Opep vont probablement combler le déficit créé par la baisse des exportations iraniennes, mais ils le feront avec moins d'entrain que l'année dernière", ont estimé les analystes de Barclays, qui jugent également que "cela augmente le risque d'un conflit au Moyen-Orient", avec un possible blocage du détroit d'Ormuz, crucial au négoce d'or noir, par l'Iran.

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