Bien que les autorités européennes tentent de convaincre Donald Trump de changer d’avis, la volonté des Etats-Unis est de réécrire un texte beaucoup plus strict à l’encontre de l’Iran. A noter la posture du président iranien, Hassa Rohani, qui a sous-entendu qu’une sortie des Etats-Unis de l’accord entrainerait implicitement celle de l’Iran.
Les évènements profitent bien évidemment à l’Arabie Saoudite, chef de file de l’OPEP, qui en plus de l’affaiblissement économique de son ennemi historique, dispose de meilleures conditions, via la montée des cours du brut, pour l’entrée en bourse de son fleuron Saudi Aramco (à lire ici : Le dilemme saoudien d’un baril à 80 USD).
Une production iranienne à nuancer
Si ces éléments constituent effectivement un solide soutien aux cours pétroliers, il convient néanmoins de nuancer cette réalité en se tournant vers les fondamentaux afin d’assouplir la thèse d’un choc d’offre. Contrairement aux idées reçues, la production iranienne fait pâle figure à côté de celle des Etats-Unis, de la Russie, ou encore de l’Arabie Saoudite, qui avoisine pour chacun les 10 millions de barils par jour (mbj). Téhéran ne représente effectivement « que » 3,7 mbj. En ce sens, il faut reconsidérer l’impact d’un nouvel embargo sur l’offre pétrolière mondiale, d’autant plus que d’autres producteurs ne se gêneraient pas pour produire davantage.
Le cas du Venezuela constitue à ce titre un exemple parfait. La République bolivarienne demeure paralysée par l’une des pires crises économiques de son histoire, auxquelles viennent se greffer de nombreuses sanctions économiques (à lire ici : Une situation dramatique avec une hyperinflation record). En conséquence, par manque d’investissement dans leur appareil productif devenu obsolète, la production vénézuélienne chute significativement depuis 2016 pour tomber sous la barre des 2 mbj. Pour autant, cette crise ne rime pas avec choc d’offre. Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, d’autres producteurs en ont profité pour augmenter sensiblement leur production. C’est notamment le cas des Etats-Unis, dont les « shale oil » (pétroles de schiste) peuvent être caractérisés par leur grande flexibilité dans la mise en activité de nouveaux forages. Fait représentatif, les seules exportations américaines de brut devancent pour la première fois la production vénézuélienne.