Ce texte, signé en 2015, rassemble de nombreuses puissances économiques (telles que les Etats-Unis, la Chine, la Russie, la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne mais aussi plus largement l’Union Européenne) et accorde à Téhéran une levée des sanctions économiques en échange de l’arrêt de son programme nucléaire. Or, cet accord est de plus en plus contesté par les Etats-Unis depuis l’élection de Donald Trump, qui a plusieurs fois martelé qu’il s’agit du « pire accord jamais négocié », pressant les représentants européens à « réparer leurs affreuses erreurs ». Plus concrètement, l’administration Trump dénonce un accord incomplet, inefficace dans le démantèlement d’installations nucléaires d’une part, qui permet au régime perse de subventionner des organisations terroristes d’autre part.

Bien que les autorités européennes tentent de convaincre Donald Trump de changer d’avis, la volonté des Etats-Unis est de réécrire un texte beaucoup plus strict à l’encontre de l’Iran. A noter la posture du président iranien, Hassa Rohani, qui a sous-entendu qu’une sortie des Etats-Unis de l’accord entrainerait implicitement celle de l’Iran.

Les évènements profitent bien évidemment à l’Arabie Saoudite, chef de file de l’OPEP, qui en plus de l’affaiblissement économique de son ennemi historique, dispose de meilleures conditions, via la montée des cours du brut, pour l’entrée en bourse de son fleuron Saudi Aramco (à lire ici : Le dilemme saoudien d’un baril à 80 USD).

Une production iranienne à nuancer

Si ces éléments constituent effectivement un solide soutien aux cours pétroliers, il convient néanmoins de nuancer cette réalité en se tournant vers les fondamentaux afin d’assouplir la thèse d’un choc d’offre. Contrairement aux idées reçues, la production iranienne fait pâle figure à côté de celle des Etats-Unis, de la Russie, ou encore de l’Arabie Saoudite, qui avoisine pour chacun les 10 millions de barils par jour (mbj). Téhéran ne représente effectivement « que » 3,7 mbj. En ce sens, il faut reconsidérer l’impact d’un nouvel embargo sur l’offre pétrolière mondiale, d’autant plus que d’autres producteurs ne se gêneraient pas pour produire davantage.

Le cas du Venezuela constitue à ce titre un exemple parfait. La République bolivarienne demeure paralysée par l’une des pires crises économiques de son histoire, auxquelles viennent se greffer de nombreuses sanctions économiques (à lire ici : Une situation dramatique avec une hyperinflation record). En conséquence, par manque d’investissement dans leur appareil productif devenu obsolète, la production vénézuélienne chute significativement depuis 2016 pour tomber sous la barre des 2 mbj. Pour autant, cette crise ne rime pas avec choc d’offre. Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, d’autres producteurs en ont profité pour augmenter sensiblement leur production. C’est notamment le cas des Etats-Unis, dont les « shale oil » (pétroles de schiste) peuvent être caractérisés par leur grande flexibilité dans la mise en activité de nouveaux forages. Fait représentatif, les seules exportations américaines de brut devancent pour la première fois la production vénézuélienne.



Pétrole : Production du Vénézuela mise en perspective avec les exportations US de brut
 
Penser que le retrait forcé de Téhéran règlerait définitivement le problème du rééquilibrage de l’offre pétrolière demeure donc partiellement erroné. Cela revient à sous-estimer, voire ignorer l’aspect hautement concurrentiel des marchés pétroliers. Ceci raisonne comme une certitude, les producteurs américains se lanceront dans la conquête de nouvelles parts de marché tandis que le cartel pétrolier profitera de l’absence de pétrole iranien pour compenser les excès de certains de ses membres.