Selon des données publiées lundi par Dealogic Data, les entreprises qui ont choisi Hong Kong pour leur entrée en Bourse ont levé un total de 31,4 milliards de dollars (27,5 milliards d'euros) à quelques semaines de la fin de 2018, soit un pic de huit ans, contre 30,2 milliards pour le New York Stock Exchange.

Mais sur les 20 plus grosses introductions en Bourse à Hong Kong, seules six valeurs, soit 30%, évoluaient au-dessus du prix de leur IPO après un mois de cotation contre un ratio de 80% pour le NYSE et 50% pour le Nasdaq.

Le fabricant de smartphones chinois et la plateforme de services Meituan Dianping voient ainsi leurs actions accuser, au cours de clôture de lundi, des replis de respectivement 22% et 24,5% par rapport au prix de l'IPO, intervenue début juillet pour le premier et fin septembre pour la seconde.,

Le Hang Seng, l'indice vedette de la Bourse de Hong Kong, a perdu près de 14% depuis le début de l'année et l'indice composite de Shanghai plus de 20% alors que le S&P 500, indice de référence des gérants de fonds américains, est en hausse de 0,8% sur la période.

Les places boursières chinoises subissent de plein fouet les incertitudes liées aux épisodes de la crispation des tensions commerciales entre Washington et Pékin, tout en pâtissant également du ralentissement de la croissance observé en Chine.

DES VALORISATIONS INITIALES TROP ÉLEVÉES

Selon des données publiées vendredi par Refinitiv, le total des sommes levées par des IPO depuis le début de l'année atteint 33,2 milliards de dollars en tenant compte, entre autres, des mises sur le marché la semaine dernière de Fosun Tourism, la division tourisme du chinois Fosun International, et la plate-forme technologique médicale chinoise WuXi AppTec.

Les conditions de marché difficiles à Hong Kong ont contraint certaines entreprises à réduire la taille de leur IPO et d'autres à reporter l'opération dans l'attente d'un environnement plus favorable.

La Bourse de Hong Kong a accueilli une floppée de valeurs technologiques cette année, à la faveur notamment d'une modification de ses règles d'IPO en avril permettant la cotation de plusieurs catégories d'actions, l'interdiction pesant jusqu'ici dans ce domaine ayant conduit en 2014 le géant du commerce Alibaba à opter pour New York lors de son IPO record de 25 milliards de dollars.

Evoquant les performances de l'indice Hang Seng et des entreprises qui se sont introduites cette année à Hong Kong, un gérant de fonds déclare que, du point des investisseurs, "c'est un désastre".

"Nombre de ces entreprises sont très intéressantes, elles sont vraiment attrayantes (...) et, à mon avis, beaucoup de personnes ont souscrit aux opérations de peur de rater le coche", a ajouté ce gérant pour expliquer pourquoi les investisseurs ont continué de prendre part aux IPO malgré les piètres performances boursières qui ont suivi les mises sur le marché.

Des banquiers notent cependant que, au-delà des facteurs géopolitiques et macro-économiques, l'évolution des actions post-IPO des entreprises mises en Bourse a notamment été plombée par la réticence des fondateurs d'accepter des valorisations plus basses.

Xiaomi, par exemple, valorisé 54 milliards de dollars par le prix de son IPO de début juillet, cherchait encore à obtenir un prix équivalent à plus 70 de milliards deux mois auparavant.

(Benoit Van Overstraeten pour le service français, édité par Jean-Michel Bélot)

par Julia Fioretti