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PARIS (awp/afp) - Toujours assurés du soutien de la BCE et momentanément soulagés sur le Brexit, les marchés européens attendent désormais de voir si les résultats d'entreprises leur donneront raison d'avoir été si optimistes depuis janvier.

"La semaine prochaine, tout dépendra des publications de sociétés. Si elles sont encore de bonne facture, cela permettra aux indices de se maintenir à de bons niveaux", estime auprès de l'AFP Lara Nguyen, experte en investissements financiers au sein de Milleis Banque.

"Le niveau d'exigence est très élevé, puisque les marchés sont montés en ligne droite depuis le début de l'année, il faudra du coup de très bonnes surprises pour déplafonner les indices" et leur permettre de nouvelles avancées, complète-elle.

"Le risque est un peu asymétrique" car à ces niveaux "le potentiel de hausse est faible" et le risque de déception plus important, juge également auprès de l'AFP Jean-Louis Mourier, un économiste du courtier Aurel BGC.

Mais, relativise-t-il, "les prévisions de résultats ont été pas mal abaissées, notamment aux États-Unis, ces dernières semaines, pour s'adapter à la communication de certaines entreprises et à la conjoncture. Les probabilités de mauvaises surprises ont donc reculé".

Comme toujours, ce sont les entreprises américaines qui ouvrent le bal alors qu'en Europe le gros de la saison est attendu d'ici une dizaine de jours. Premier poids lourds à se lancer, la banque américaine JPMorgan Chase n'a pas déçu en annonçant des bénéfices et recettes trimestriels "record".

Semaine écourtée

En matière d'indicateurs, les investisseurs surveilleront notamment le baromètre Zew du moral des investisseurs en avril en Allemagne et, au Royaume-Uni, les chiffres du chômage pour février, ainsi que ceux de l'inflation et des ventes au détail pour mars.

La semaine sera par ailleurs écourtée en Europe par le long week-end de Pâques et la fermeture des places dès vendredi jusqu'au lundi suivant inclus.

Les indices resteront également "contraints par la chape d'incertitudes politiques" qui continue à peser malgré des évolutions sur le Brexit et en matière commerciale, estime M. Mourier.

Mais pour la première fois depuis bien longtemps, les investisseurs devraient pouvoir se désintéresser un peu du Brexit puisque le Parlement britannique sera en pause pour dix jours. Cette semaine, au contraire, le sujet a été au sommet de l'actualité.

Les 27 se sont en effet entendus sur un report au 31 octobre, pour éviter un divorce sans accord. Et jeudi soir, la Première ministre britannique Theresa May a exhorté les députés à trouver un compromis pour permettre au Royaume-Uni de quitter l'UE avant les élections européennes de mai.

Du côté des négociations sino-américaines, les nouvelles ont été plus clairsemées mais néanmoins plutôt positives. En revanche, les États-Unis ont commencé à se tourner vers l'Europe, dont les États membres ont approuvé jeudi l'ouverture de discussions commerciales avec Washington.

La politique monétaire n'a pas été en reste avec, à la fois, une réunion de la Banque centrale européenne (BCE) et la publication du compte-rendu du dernier comité de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed).

Les investisseurs n'ont pas appris grand-chose de nouveau, mais ils ont été une nouvelle fois assurés de la volonté des deux institutions de ne pas les lâcher au milieu du gué.

Au final, les indices n'ont pas beaucoup bougé à l'échelle de la semaine, digérant de nombreuses informations mais peu d'imprévus.

Le marché britannique a tout particulièrement surpris par son calme en dépit du nouveau délai de six mois sur le Brexit, une nouvelle déjà largement anticipée.

La Bourse de Francfort est toujours un peu distanciée par ses voisines, en raison de sa plus grande sensibilité au ralentissement mondial lié à sa forte orientation à l'export. Et, selon une note de Capital Economics, les actions allemandes devraient à moyen terme "rester à la traîne par rapport au reste de la zone euro".

Globalement, "cela a surtout été une semaine de digestion sur des marchés un peu lassés d'être toujours confrontés aux mêmes catalyseurs, résume Mme Nguyen, et c'est ce qui explique qu'ils ont finalement peu réagi malgré l'importance de certaines nouvelles".

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