L’accord de 2015 conclu avec les Etats-Unis, la France, La Grande-Bretagne, l’Allemagne, la Russie et la Chine, engageait l’Iran à réduire ses activités nucléaires. En échange, le pays bénéficiait d'une levée progressive de la majeure partie des sanctions internationales qui le visaient. Cet accord ne plaisait visiblement pas à Donald Trump, qui excelle dans la remise en cause des accords signés par son prédécesseur Barack Obama, à l'image de la COP 21. Conséquence : les Etats-Unis vont remettre en place des sanctions visant le régime de Téhéran, en particulier dans le secteur pétrolier, tout en fermant à nouveau le robinet du dollar à la banque centrale du pays.


Des échanges en hausse pour la France
 
Source : Ministère de l'Economie et des Finances

En raison des sanctions renforcées imposées à Téhéran à partir de 2011, les échanges commerciaux français avec l’Iran aveint drastiquement diminué. Leur levée a entraîné un puissant appel d'air : +239% d'échanges en 2016 et une tendance à la pente forte identique en 2017, avec des niveaux qui ont même rattrapé ceux, inédits, observés en 2006.

Avec une part de marché en progression de 1 point à près de 2% en 2017, la France était le 9ème fournisseur de l’Iran à l’échelle mondiale, et le 3ème au sein de l’Union européenne, derrière l’Allemagne et l’Italie, qui ont toutefois enregistré une érosion de leurs positions commerciales sur ce même exercice. Elle était également le second partenaire commercial de l’Iran (exportations + importations) au sein de l’UE, derrière l’Italie mais devant l’Allemagne.

Les entreprises françaises les plus touchées

Les entreprises françaises présentes en Iran facturent et encaissent la plupart du temps en dollar, monnaie principale des échanges internationaux, ce qui constitue le premier écueil provoqué par la nouvelle donne.  

Outre les quatre grands groupes les plus impactés que sont Total, Airbus, Peugeot et Renault, d’autres entreprises françaises avaient profité de la fin de l’embargo pour s’implanter sur ce nouveau marché riche de plus de 80 millions d’habitants. Elles sont néanmoins peu nombreuses, essentiellement parce que les grandes banques ont été très frileuses à s’y installer depuis l’affaire de la BNP de 2014, freinant les projets d’investissement et les transactions des grosses pointures. 

Air France sera marginalement impactée, car la ligne Paris-Téhéran, supprimée en 2008 par la compagnie aérienne, a été réouverte en avril 2016. Cependant, après deux années d’activité et une faible performance économique, le groupe a annoncé vouloir mettre cette rotation en adéquation avec le niveau de la demande. A compter d’octobre, les vols seront donc assurés par sa filiale à bas coûts Joon, et uniquement pendant la saison d’été.

L’hôtelier français Accor a ouvert deux hôtels à Téhéran en 2015 en misant sur la reprise du tourisme et des affaires dans la république islamique. Le groupe projetait également d’étendre ses activités à plusieurs villes secondaires du pays, mais risque de reconsidérer ses ambitions. 

Vinci venait de conclure un accord pour prendre la responsabilité des aéroports de Mashhad et d’Ispahan, classées parmi les premières plateformes aéroportuaires en Iran. Bouygues avait longtemps hésité à investir sur le marché iranien, avant d’y renoncer en mai 2017, faute de financement.

A la Bourse de Paris en fin de séance mercredi, Total progressait de 1,8% à 52,72 euros, dopé par la hausse des cours pétroliers. Airbus cédait en revanche -1%, comme PSA, tandis que Renault abandonnait 0,4% dans un marché en légère hausse de 0,1% pour le CAC40.

Réunion au Quai d'Orsay

Le Ministre des Affaires étrangères Jean-Yves le Drian a annoncé que le gouvernement réunirait “dans les jours qui viennent” les entreprises françaises qui ont signé des contrats avec l’Iran “pour essayer au maximum de les préserver” des potentielles sanctions des Etats-Unis. Le Quai d'Orsay devrait appuyer les demandes de dérogations, si toutefois les Etats-Unis sont prêts à adopter une position souple, ce qui reste à prouver. Plusieurs dirigeants européens ont fait part de leur volonté de conserver leurs relations avec l’Iran en dépit de la décision de Donald Trump, à l’instar d’Emmanuel Macron ce matin :