Les investisseurs n'aiment pas beaucoup voir les indices boursiers clôturer dans le rouge et qui plus est au plus bas de la séance, surtout quand ils ont évolué en hausse une partie de la journée. C'est ce scénario qui s'est imposé hier à New York, où la tension a l'air d'être montée d'un cran concernant les résultats trimestriels des entreprises, qui vont commencer à s'empiler cette semaine. Comme je l'expliquais hier, les chiffres seront bons, mais c'est leur trajectoire qui inquiète dans un environnement économique difficile à décrypter. Dit autrement, les financiers voient mal comment les prévisions de fin d'année et au-delà pourraient ne pas être affectées par les vents contraires actuels. La contraction des marchés en septembre est une conséquence directe de cette dégradation du sentiment.

Attention, cela ne signifie pas que l'on court à la catastrophe. Juste que la normalisation en cours dans plusieurs domaines après le choc du coronavirus n'épargnera pas l'exubérance qui s'était emparée des marchés financiers. Des gens bien plus compétents que moi n'hésitent pas à écrire que la machine va redémarrer. Le grand manitou de la stratégie de Goldman Sachs pense que les marchés actions vont repartir de l'avant "car les investisseurs sont de plus en plus convaincus que le rythme actuel de l'inflation est transitoire". Son homologue chez JP Morgan conseille même à sa clientèle d'acheter le creux.

L'occasion pour moi de faire une digression sur quelques mots de vocabulaire anglo-saxon ainsi qu'on me l'a récemment suggéré. "Acheter le creux" est la traduction de l'expression "buy the dip", qui signifie donc profiter d'un repli du marché pour passer à l'achat. Le principe du creux boursier, c'est que l'on ne connaît pas sa profondeur à l'avance. Si c'est un nid-de-poule ou la fosse des Mariannes si vous voulez. Donc quand votre interlocuteur vous recommande d'acheter le creux, soit il est très bien renseigné et il faut absolument l'écouter, soit il fonctionne au doigt mouillé et il faut être un peu plus vigilant. Ceci dit j'ai bien peur que l'un des deux personnages n'existe pas, un peu comme le père noël ou la personne qui a la réponse à la question "la voiture électrique est-elle bonne pour l'environnement". "Buy the dip" est une expression que l'on n'entendait plus beaucoup, dans la mesure où les marchés actions ne cessent de monter. En effet, il n'y a pas d'alternative à cette classe d'actifs, estiment les investisseurs traditionnels (je dis traditionnels parce que les fans de cryptomonnaies rient sous cape). C'est le concept "TINA" ("there is no alternative"), qui profite aux actions, dont le couple potentiel / risque est jugé inégalable depuis plusieurs années. Et pour terminer avec le vocabulaire à la mode, les financiers ne sont pas épargnés par le poids des tendances, que l'on résume souvent par l'angoisse de manquer quelque chose. Le FOMO ("fear of missing out") jette les investisseurs en masse sur les mêmes idées ou les pousse à se positionner sur des dossiers qu'ils jugent déraisonnablement valorisés pour éviter d'être laissés à l'écart. Pour terminer, l'anti-FOMO ne s'appelle pas JOMO ("joy of missing out") en bourse, mais plutôt "contrarian". C'est l'investisseur qui adopte une stratégie inverse par rapport aux paris les plus embouteillés (que l'on appelle "crowded trades").

Refermons cette parenthèse sémantique pour revenir à l'actualité. Pendant que Goldman Sachs et JP Morgan voient l'éclaircie se profiler, les marchés continuent à souffrir d'une météo économique orageuse. Les prix de l'énergie restent sous tension, le promoteur chinois Evergrande a raté sa troisième échéance de dette en autant de semaines et les pénuries continuent à empoisonner le quotidien des entreprises. La saison des résultats trimestriels revêt donc une importance particulière car le sursaut viendra à court terme des sociétés et probablement pas de la macroéconomie. Givaudan ce matin et LVMH ce soir lancent le bal en Europe. A partir de demain, les grosses financières américaines prendront le relais.

Le CAC40 perdait un peu plus de 1% à 6500 points peu après l'ouverture. 

Les temps forts économiques du jour

Les chiffres de l'emploi britannique en septembre (8h00) précéderont l'indice ZEW de confiance des financiers allemands en octobre (11h00) et l'enquête JOLTS sur les ouvertures de postes aux Etats-Unis (16h00).

Très léger frémissement de l'euro à 1,1559 USD. L'once d'or stagne entre 1750 et 1760 USD. Le baril est ferme à 80,40 USD le brut léger américain WTI et à 83,60 USD le Brent de mer du Nord. Le rendement sur 10 ans atteint 1,61% (+1 point) pour la dette américaine et -0,12% (inchangé) pour la dette allemande. La signature néerlandaise remonte à 0 pour la première fois depuis mars. Le bitcoin recule légèrement à 56 890 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Ahold Delhaize : Goldman Sachs passe d'acheter à neutre en visant 30,50 EUR.
  • ASML : Sabadell passe de vendre à achat en visant 805 EUR.
  • Equinor : Morgan Stanley passe de pondération en ligne à souspondérer en visant 200 NOK.
  • Eutelsat : Morgan Stanley démarre le suivi à pondération en ligne en visant 14 EUR.
  • Fevertree : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 2550 GBp.
  • Gurit : Research Partners passe de vendre à conserver en visant 1700 CHF.
  • Kering : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 775 à 750 EUR.
  • LVMH : Sabadell passe de vendre à achat en visant 706 EUR.
  • Mapfre : CaixaBank passe d'acheter à neutre en visant 1,95 EUR.
  • Metso : Berenberg démarre le suivi à l'achat en visant 10,50 EUR.
  • Norway Royal Salmon : Handelsbanken passe de conserver à acheter en visant 232 NOK.
  • Orsted : ABG passe de conserver à acheter en visant 1025 DKK.
  • Polymetal : Deutsche Bank démarre le suivi à conserver en visant 1200 GBp.
  • Seb : Midcap Partners reste à l'achat avec un objectif réduit de 179,70 à 178 EUR.
  • SES : Morgan Stanley démarre le suivi à pondération en ligne en visant 9,50 EUR.
  • Société Générale : Sabadell passe de vendre à achat en visant 31,26 EUR.
  • Sodexo : Bernstein passe de performance de marché à surperformance en visant 94 EUR.
  • Stemmer : Berenberg passe de conserver à acheter en visant 42 EUR.
  • Sulzer : Baader Helvea reste à accumuler avec un objectif de cours réduit de 105 à 100 CHF.
  • Swedbank : Goldman Sachs passe de neutre à vendre en visant 170 SEK.
  • The Weir Group : Berenberg démarre le suivi à l'achat en visant 2060 GBp.
  • TeamViewer : Deutsche Bank passe d'acheter à conserver en visant 16,50 EUR.
  • Veolia : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 30 à 35 EUR.
  • Verallia : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 40 à 41 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Société Générale annonce 3700 suppressions nettes d'emplois entre 2023 et 2025 dans le cadre de la réorganisation de sa banque de détail prévoyant sa fusion avec Crédit du Nord.
  • Airbus a livré 424 appareils sur neuf mois, pour 133 commandes nettes.
  • Stellantis réorganise ses usines à Turin.
  • Alstom fournira le matériel roulant de la future ligne 18 du métro francilien.
  • Nova Energies, une coentreprise de Technip Energies, développera un ensemble d'études conceptuelles visant à réduire l'empreinte carbone du complexe de "ZapSibNeftekhim".
  • Gecina cède quatre actifs pour un montant de 83 M€.
  • McPhy nomme Jean-Baptiste Lucas au poste de directeur général.
  • Néovacs rachète l'ancien laboratoire Servier de Suresnes.
  • Berkshire Grey et Atos s'associent pour promouvoir l'automatisation au sein des chaînes d'approvisionnement.
  • Gensight obtient un statut fast track de la FDA pour GS030 comme traitement optogénétique de la rétinopathie pigmentaire.
  • Netgem signe avec TalkTalk un contrat de fourniture de sa plateforme NetgemTV pour le lancement du service TalkTalk TV 4K.
  • Abionyx Pharma démarre des discussions avec IRIS Pharma en vue d'un éventuel rapprochement.
  • Energisme et Upergy ont publié leurs comptes.

Dans le monde

Annonces importantes (et autres)

  • Le patron de JPMorgan Chase, Jamie Dimon, estime que le bitcoin ne vaut rien et doit être régulé.
  • La crise China Evergrande Group met le rôle de PwC sous les projecteurs, selon le Financial Times.
  • Le conseil de surveillance de Facebook doit rencontrer Frances Haugen, ancienne employée et lanceuse d'alerte, au cours des prochaines semaines.
  • Chevron prévoit de parvenir à des émissions nettes nulles d'ici à 2050 après avoir triplé ses investissements en faveur de la réduction des émissions de carbone.
  • TechnipFMC signe un contrat de 500 M$ pour des navires de support de pose de conduites avec Petrobras.
  • EasyJet relève ses capacités à 70% du niveau de 2019.
  • Lonza se fixe de nouveaux objectifs 2024.
  • Deutsche Lufthansa rembourse en avance 1,5 Md€ d'aides publiques.
  • Ascom remporte un important contrat dans un hôpital à Macao.
  • Givaudan publie des revenus sur neuf mois en ligne avec les attentes.
  • Stadler Rail signe un gros contrat de 264 M$ en Nouvelle-Zélande.
  • Partners Group cède une part minoritaire de Foncia.
  • Givaudan s'offre DDW.
  • Syngenta soumet de nouvelles données pour relancer son processus d'introduction à Shanghai, bloqué par l'opérateur de marché.
  • Principales publications de résultats : LVMH, Givaudan, Fastenal, Entain, Tryg, Esker

Lectures