À Paris, le CAC 40 a terminé en baisse de 2,03% à 5.269,92 points. Le Footsie britannique a cédé 1,98% et le Dax allemand a perdu 1,61%.

L'indice EuroStoxx 50 a reculé de 1,88%, le FTSEurofirst 300 de 1,25% et le Stoxx 600 de 1,29%.

Sur la semaine, le CAC accuse un repli de 2,5% et le Stoxx 600 a perdu 1,33%, sa baisse la plus marquée depuis la semaine du 21 décembre.

Ce vif regain de l'aversion pour le risque résulte de l'annonce d'une nouvelle contraction de l'activité dans le secteur privé en mars en Allemagne comme en France; l'indice PMI "flash" manufacturier pour la zone euro, à 47,6, est tombé au plus bas depuis avril 2013.

"Les risques baissiers sont principalement extérieurs: les tensions commerciales et le ralentissement mondial impulsé par la Chine par exemple", ont commenté dans une note les économistes de Barclays, qui ajoutent que les difficultés de l'Italie et du Brexit demeurent non négligeables.

La publication, peu après l'ouverture de Wall Street, d'un indice d'activité PMI Markit inférieur aux attentes aux Etats-Unis n'a fait qu'accentuer cette tendance baissière.

"Aux Etats-Unis, le PMI a été inférieur aux attentes, ce qui a renforcé un momentum déjà baissier sur les taux avec les annonces très accommodantes de la Fed. Simultanément, il n'y aucun risque d'inflation", a déclaré à Reuters Florence Barjou, responsable adjointe des investissements de Lyxor AM.

L'enquête auprès des directeurs d'achat a fait ressortir une estimation flash du PMI à 54,8 dans les services, contre une prévision à 56,0, et à 52,5 dans le secteur manufacturier, contre 53,6 attendu.

TAUX

L'écart de rendement entre les emprunts d'Etat américains à trois mois et ceux à dix ans s'est inversé pour la première fois depuis 2007 après cette statistique, un signe précurseur de récession économique pour certains.

En Europe, le rendement du Bund allemand à dix ans est passé en territoire négatif pour la première fois depuis octobre 2016, tombant jusqu'à -0,033% en séance après avoir ouvert à 0,049%.

La baisse ne concerne pas uniquement les emprunts d'Etat allemand et américain: le rendement des OAT françaises à dix ans a cédé plus de cinq points sous 0,35%.

CHANGES

L'euro cède plus de 0,7% face au dollar, sous 1,128, proche d'un plus bas d'une semaine, pénalisé par les chiffres jugés très décevants des enquêtes PMI en zone euro.

Le dollar progresse, lui, de 0,2% face à un panier de devises de référence mais recule toutefois de 0,8% face au yen, la devise nippone profitant de son statut d'actif refuge.

De son côté, la livre sterling prend plus de 0,6% face au dollar et 1,5% face à l'euro, profitant de la faiblesse de la devise unique et d'un tableau moins pessimiste sur le Brexit avec le report de la date du divorce entre l'Union européenne et la Grande-Bretagne.

VALEURS

Les signes de ralentissement de l'activité en Europe et aux Etats-Unis ont pénalisé quasiment tous les indices sectoriels de la cote européenne: celui de l'automobile a perdu 2,17%, de la chimie 2,2% et de l'industrie 2,1%.

La baisse du compartiment bancaire, la plus forte en Europe (-2,21%), s'explique en outre par la baisse des rendements obligataires.

A Paris, BNP Paribas, Crédit Agricole et BNP Paribas ont perdu entre 3,3% et 3,95%.

Le secteur des ressources de base a fini en baisse de 1,38% et pénalisé le Footsie à Londres, les craintes sur l'économie mondiale ayant plombé les cours des métaux industriels.

Nokia a signé l'une des plus fortes baisses du Stoxx 600 (-5,14% à la Bourse d'Helsinki) après avoir annoncé enquêter sur des transactions réalisées par l'ancien groupe français Alcatel-Lucent, qu'il a racheté en 2016, concernant d'éventuels problèmes de conformité qu'il a signalés aux autorités américaines.

A WALL STREET

La dégradation de la conjoncture mondiale pèse lourdement à Wall Street. A l'heure de la clôture en Europe, le Dow Jones perdait 1,7%, le S&P-500 1,81% et le Nasdaq Composite 2,07%.

Aux valeurs, le secteur financier perdait 3,05% avec la baisse des rendements: Goldman Sachs et JPMorgan perdant respectivement 3,16% et 3,09%.

L'action Nike reculait de 6,19%, signant la plus forte baisse du Dow Jones, après l'annonce par le géant des articles de sport de résultats trimestriels marqué par des ventes en Amérique du Nord inférieurs aux consensus.

LES INDICATEURS DU JOUR

Hormis les PMI, les investisseurs ont pris connaissance d'un net rebond des reventes de logements aux Etats-Unis en février et de la forte augmentation des stocks du commerce de gros.

En intégrant ces deux dernières statistiques, la Réserve fédérale d'Atlanta a relevé sa prévision de croissance au premier trimestre, attendue désormais à 1,2% en rythme annualisé contre 0,4% lors d'une précédente estimation.

Dans le contexte tourmenté de marché, cette annonce n'a pas eu d'effets auprès des investisseurs.

PÉTROLE

Les craintes sur la croissance mondiale pénalisent les cours du brut qui s'éloignent de leurs plus hauts de l'année touchés la veille.

Le Brent perd 1,97% sous 67 dollars le baril, contre un pic à 68,69 dollars jeudi et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) chute de 2,32% pour tomber sous 59 dollars après un plus haut à 60,39 dollars jeudi.

En Bourse, le secteur européen du pétrole et gaz a perdu 1,54% et l'indice S&P de l'énergie reculait de 2,46%.

A SUIVRE lundi :

L'agenda macro-économique sera très peu pourvu lundi avec seulement l'indice Ifo du climat des affaires en Allemagne, attendu à 98,5 selon Reuters.

(Édité par Blandine Hénault)

par Laetitia Volga