Depuis le début de l'année, les grands acteurs européens du secteur tirent déjà leur épingle du jeu. L'OVNI Adyen surpasse tout le monde, mais le duo Nexi / Worldline (bientôt avec Ingenico) n'est pas en reste. La crise de la Covid-19 avait déjà mis en lumière l'importance de ces intermédiaires du paiement, dont le rôle a été renforcé par la raréfaction de la monnaie papier. Plusieurs analystes ont relevé leurs anticipations sur ces dossiers tout récemment. 

Attention à la marche !
"Nexi : tout le monde est là ?
Worldline : je crois qu'on a perdu quelqu'un
Adyen : Je vois rien, c'est trop loin"

L'effondrement de Wirecard devrait créer des opportunités supplémentaires pour les acteurs bien établis, qui pourraient récupérer des clients, voire des actifs de l'Allemand.

Par exemple, Wirecard compte parmi ses clients plus de 1300 commerçants qui réalisent plus de 10 M€ de chiffre d'affaires, dont 16 au-delà d'1 Md€, rappelle William Beavington. Même si l'analyste en charge du secteur chez Jefferies concède qu'une partie d'entre eux n'est peut-être pas d'une qualité extraordinaire (site pornos, casinos en ligne et… compagnies aériennes). Beavington voit bien Adyen chercher à s'emparer des clients dans l'hôtellerie et le commerce de détail et Network International lorgner les prospects au Moyen-Orient et en Afrique.

Quant à Worldline / Ingenico, Jefferies pense qu'il y a une place à prendre pour eux dans le domaine du paiement par carte chez les commerçants de la région dite "DACH" (Allemagne, Autriche, Suisse). Wirecard avait récemment ajouté Aldi et Real à un portefeuille qui contenait déjà Lidl de longue date. Des opportunités vont aussi exister dans le commerce électronique pour Worldline – qui était historiquement sous-représenté dans ce segment par rapport à ses concurrents – en plus du renforcement de sa position via le rachat d'Ingenico. Un dernier mot sur Nexi : sa présence moins globale et la faiblesse de Wirecard en Italie en font le groupe coté qui bénéficiera peut-être le moins de l'effondrement de l'Allemand. Mais la disparition d'un grand concurrent est forcément une bonne chose.

Vous aurez remarqué que nous enterrons Wirecard. Peut-être est-ce un peu prématuré. Mais dans une industrie où la confiance est un élément intangible de la relation d'affaires, les lendemains de l'entreprise, si elle survit, seront de toute façon très compliqués. Et nous avons volontairement centré notre propos sur les acteurs européens cotés, mais il existe bien sûr beaucoup d'autres acteurs dans le monde, notamment aux Etats-Unis, qui seront ravis d'occuper la place laissée vacante.