Berlin (awp/afp) - L'économie allemande devrait connaître une hausse de 3,7% de son PIB en 2021, une reprise moins forte que prévue en raison du maintien des restrictions contre la crise sanitaire, selon les prévisions des principaux instituts économiques publiées jeudi.

"La pandémie retarde la reprise", ont affirmé ces six influentes organisations (DIW, IFO, IFW, IWH et RWI), qui tablaient lors de leurs dernières estimations en octobre sur une hausse de 4,7% du PIB, après un plongeon historique de 4,9% en 2020.

Cette actualisation s'explique par la "poursuite du verrouillage actuel" de l'économie allemande, causé par les restrictions contre la pandémie de Covid-19, ajoutent-elles.

Les instituts montrent néanmoins davantage d'optimisme que le gouvernement allemand, qui table sur une hausse de seulement 3% du PIB en 2021.

"Dès que le risque des infections aura été écarté, l'économie connaîtra un fort regain", justifient-ils.

Les experts tablent sur un retour à un niveau d'avant crise dès "le début de l'année prochaine", suivie d'une croissance de 3,9% en 2022.

La troisième vague de coronavirus continue de frapper l'Allemagne, qui a dépassé en début de semaine les trois millions de cas recensés en un an de pandémie.

La persistance de la crise sanitaire plombe la première économie européenne, qui a fermé ses cafés, bars, restaurants depuis novembre, et une grande partie de ses magasins depuis décembre.

L'industrie, qui compensait jusque-là la chute de l'activité dans les services et le commerce, est désormais elle aussi touchée: la production a chuté en janvier et février.

En conséquence le pays devrait connaître une chute de 1,8% de son PIB au premier trimestre 2021, selon les instituts.

"Le plus dur"

Angela Merkel, qui estime que cet épisode est "le plus dur" depuis le début de la crise, multiplie de son côté les appels à durcir les restrictions, en attendant que la campagne de vaccination fasse son effet.

Face à l'opposition des régions, le gouvernement fédéral a adopté mardi un durcissement de la loi sur la protection contre les infections, qui lui confère un pouvoir accru pour prendre de nouvelles mesures.

Lorsque la loi sera adoptée au Parlement, la semaine prochaine, des couvre-feux nocturnes devraient notamment entrer en vigueur dans les zones où le taux d'incidence est trop élevé.

Face à la persistance de la crise, le ministre de l'Économie, Peter Altmaier, a réitéré jeudi sa volonté de "prolonger jusqu'à la fin de l'année" les aides aux entreprises.

Les conséquences économiques de la crise sanitaires pourraient pourtant aller au-delà : le potentiel de production du pays sera amoindri jusqu'en 2024, estiment jeudi les experts.

Cela s'ajoutera aux autres problèmes structurels de l'économie allemande, notamment sa démographie vieillissante, alors que la génération des "baby-boomers" arrive à la retraite et va faire plonger le nombre d'actifs dans le pays.

"Il y a des signes que l'Allemagne affronte une transition démographique profonde" qui aura des "conséquences sur la croissance potentielle" de la première économie de la zone euro, estiment les instituts.

afp/lk