Pas plus tard que la veille, j'écrivais que je ne me rappelais pas de la date de la dernière mauvaise performance financière du quintet oligopolisticonumérique américain. Et bim, la réalité est un peu cruelle avec moi puisque quelques heures plus tard, Apple et Amazon dévoilaient des comptes trimestriels dégradés, qui valent aux deux titres des reculs marqués hors séance. Les causes de la mauvaise fortune des deux entreprises ne sont pas tout à fait identiques. Apple a finalement, comme les autres, subi les pénuries de composants. Amazon a vu ses frais enfler, notamment parce que les recrutements ont été plus coûteux et plus compliqués. Je rappelle ici que le géant du commerce en ligne réalise des marges extrêmement faibles, parfois même négatives, sur son activité de marchand, l'essentiel des bénéfices provenant des activités plus technologiques, notamment AWS, la division serveurs. Pour plus de détails, consultez cette excellente vidéo de mon collègue Xavier sur le sujet.

Bon, quand je parle de "mauvaise fortune", il ne faut pas non plus exagérer. C'est une mauvaise fortune relative, par rapport aux attentes du marché et au plein-potentiel des deux entreprises. Dans l'absolu, le chiffre d'affaires trimestriel d'Apple est en hausse de 29% à 83,3 Mds$ quand celui d'Amazon est en progression de 15% à 110,8 Mds$.

Mais peut-être le marché avait-il supputé que ces deux acteurs plus dépendants aux produits physiques que les trois autres larrons éprouveraient plus de difficultés ? En tout cas, ce sont les deux titres aux performances les plus faibles cette année. Apple ne gagne "que" 15% avant la chute attendue ce jour et Amazon est déjà en territoire légèrement négatif. Même Facebook qui subit tellement d'attaques qu'il a décidé de se réfugier dans les méandres du métavers, fait mieux : +16%. Quand à Microsoft et Alphabet, leurs hausses sont respectivement de 46% et 66% en 2021, à la limite de la décence.

Les déceptions sur les comptes des deux sociétés vont rejoindre la liste assez peu garnie jusque-là des publications inférieures aux attentes. Car globalement, cette saison de résultats trimestriels est marquée par des chiffres très élevés, qui ont permis aux indices de toucher de nouveaux sommets aux Etats-Unis hier soir. L'Europe n'était pas en reste, en particulier la France où le CAC40 revient, bon an, mal an, non loin de ses records de la mi-août. L'avalanche de publications de résultats continue ce matin.

L'actualité macroéconomique passe aujourd'hui par une ribambelle d'annonces d'estimations initiales du PIB du 3e trimestre en Europe, et par la publication de l'indice d'inflation PCE aux Etats-Unis en début d'après-midi. Hier, la Banque centrale européenne s'est employée à expliquer au marché qu'elle ne prenait pas l'inflation à la légère mais qu'elle la jugeait toujours temporaire. Sans avoir l'air d'y toucher, l'institution a quand même reconnu qu'elle s'était un peu plantée dans ses anticipations sur l'évolution des prix, qui est un peu plus préoccupante que prévu. L'avantage avec le terme temporaire, c'est qu'il peut signifier 17 minutes ou 8 ans, en fonction du contexte. En l'occurrence, la bonne définition serait que l'inflation forte va durer un peu trop longtemps pour que la BCE soit vraiment à l'aise. J'aime beaucoup le commentaire de chenapan de l'économiste Carsten Brzeski ce matin, qui explique que personne ne peut sérieusement croire qu'une action de la BCE déplacerait plus rapidement les conteneurs de l'Asie vers l'Europe ou qu'elle augmenterait la production mondiale de pétrole et de puces électroniques. La banque centrale va donc continuer à expliquer qu'il ne faut pas s'alarmer et qu'elle n'aura pas à relever ses taux dans l'urgence. On verra bien ce qu'en dit son homologue américaine qui se livrera au même exercice la semaine prochaine.

Après le rebond de la veille, les petites formes d'Apple et Amazon pèsent sur le moral des troupes ce matin. Le CAC40 perd 0,5% à 6770 points dans les premiers échanges. La fête est gâchée aussi en Asie où la séance est un peu à l'image de l'année boursière dans la région : heurtée et plutôt négative.

Les temps forts économiques du jour

Cap donc en matinée sur les PIB des grandes économies européennes (le PIB français a dépassé les attentes, à +3% au T3) et de la zone euro. Aux Etats-Unis, l'inflation Core CPE retiendra l'attention à 14h30, en même temps que les revenus et dépenses des ménages. A 16h00, l'Université du Michigan publiera la seconde lecture de son indicateur de confiance des consommateurs.

L'euro est remonté à 1,1676 USD. L'once d'or perd un peu de terrain à 1796 USD. Le pétrole est stable à 84,51 USD le baril de Brent et 82,80 USD le WTI. Le rendement de la dette américaine à 10 ans remonte à 1,58% (+4 points), comme celui de la dette allemande à -0,14%. Le bitcoin reprend 2% à 61 649 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Anheuser-Busch Inbev : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 73 à 71 EUR.
  • Clariant : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 17,50 à 18,20 CHF.
  • Clasquin : Portzamparc reste acheteur avec un objectif relevé de 72 à 77 EUR.
  • Dassault Systèmes : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 44 à 47 EUR.
  • Eramet : AlphaValue passe d'alléger à acheter en visant 91,10 EUR.
  • ESI Group : Berenberg reste acheteur avec un objectif relevé de 68 à 90 EUR.
  • Exel Industries : Portzamparc reste à renforcer avec un objectif réduit de 90 à 83 EUR.
  • ID Logistics : Berenberg reste à conserver avec un objectif relevé de 280 à 320 EUR.
  • Saint-Gobain : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 62,90 à 63,50 EUR.
  • Scor : Société Générale passe de conserver à acheter en visant 32,50 EUR.
  • STMicroelectronics : Berenberg reste à conserver avec un objectif relevé de 39 à 43 EUR.
  • Straumann : J.P. Morgan relève son objectif de cours de 1920 à 2187 CHF.
  • Telenet : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 35 EUR.
  • United Utilities : HSBC passe d'alléger à conserver en visant 1090 GBp.

En France

Publications de résultats :

  • Air France-KLM : les bénéfices sont de retour au T3 avec l'allègement des restrictions de circulation. Une levée de fonds est toujours prévue prochainement.
  • BNP Paribas : la banque va racheter 900 M€ de ses propres actions après avoir dégagé des bénéfices plus élevés que prévu au T3.
  • EssilorLuxottica : les prévisions 2021 sont relevées après le T3.
  • Gecina : la foncière confirme son objectif 2021, avec des signaux de reprise visibles.
  • Safran : le groupe relève son objectif de cash-flow libre pour 2021, l'activité se redresse au T3.
  • Saint-Gobain : les revenus du T3 sont en hausse de 13,3% grâce aux hausses de prix.
  • TF1 : le groupe a relevé son objectif de marge opérationnelle pour l'ensemble de cette année.
  • Ubisoft : a revu à la baisse son objectif d'évolution du "net bookings", mais il maintient son objectif de résultat opérationnel.
  • Valeo : le chiffre d'affaires du T3 est en baisse de 10% mais l'objectif d'Ebitda est resserré dans le haut de la fourchette antérieure.

 Annonces importantes (et moins importantes)

Dans le monde

Publications de résultats :

  • Amazon : le titre perd 4% après des résultats mitigés par la hausse des coûts et des prévisions un peu étriquées pour le T4.
  • Apple : le titre perd 3,5% hors séance après un chiffre d'affaires trimestriel décevant.
  • Banco Bilbao Vizcaya Argentaria : les résultats trimestriels dépassent les attentes. Un programme de rachat d'actions de 3,5 Mds€ est lancé.
  • Daimler : les résultats sont meilleurs que prévu malgré les pénuries de puces.
  • Glencore : le groupe voit son unité commerciale dépasser ses prévisions de bénéfices.
  • Holcim : les trimestriels sont supérieurs au consensus AWP. Les objectifs de la stratégie 2022 devraient être atteints avec un an d'avance.
  • Signify : l'Ebitda est inférieur aux attentes au T3 à cause des pénuries.
  • Starbucks : la croissance du T3 est moins forte que prévu, l'action perd 4% hors séance.

Annonces importantes (et autres)

Lectures