Après le gros rebond de lundi, les indices actions ont tenu le choc hier pour clôturer sur des gains assez solides, quoique éloignés de ceux qui étaient visibles aux meilleures heures de la journée. Et ce n'est déjà pas si mal, puisque ce genre de séance démarrée pied au plancher se termine souvent en déconfiture, faute de carburant pour tenir jusqu'à la fin de la journée. On ne sait toujours pas très bien ce qui motive l'embellie, que l'on mettra donc sur le compte des résultats publiés par les entreprises au titre du troisième trimestre. Les profits des banques américaines ont beau se casser la figure, les investisseurs se concentrent sur les éléments positifs, notamment la capacité des sociétés à répercuter la hausse de leurs coûts. Ce qui est à coup sûr une mauvaise nouvelle pour nos portes-monnaies n'en est pas une pour la Bourse. Des investisseurs qui ont aussi apprécié la nuit dernière les chiffres de Netflix ou de la compagnie aérienne United Airlines, qui ont dépassé les attentes du marché.

Auparavant, le S&P500 avait gagné +1,1% en clôture, pendant que le Nasdaq s'offrait un +0,8%. En Europe, le Stoxx Europe 600 a terminé en hausse de 0,3%, mais certains marchés ont fait mieux, comme le DAX allemand (+0,9%) ou l'OMX Scandinave (+1,5%). Sur les deux continents, ce sont les valeurs industrielles et cycliques qui ont tiré les indices vers le haut, et plus généralement des rachats opportunistes un peu partout sur la cote. Le FOMO, en l'occurrence la peur de rater LE rebond, n'a pas disparu du marché, mais force est de constater que les investisseurs y vont quand même sur la pointe des pieds.

Dans cet environnement complexe, le secteur automobile a brillé. Est-ce le retour du Mondial de l'Auto de Paris après quatre ans d'absence ? Est-ce le rebond des immatriculations en Europe en septembre ? Quoi qu'il en soit, c'est ce qui se fait de mieux en bourse depuis une semaine, juste derrière les compagnies aériennes. Autant le dire tout de suite, je n'ai aucune passion pour les voitures. Même si de façon assez cocasse je me retrouve régulièrement contacté en tant que "journaliste automobile" à cause d'une éphémère collaboration vieille de dix ans qui me vaut de figurer en bonne place sur Google dans la thématique. C'est la magie du référencement. Dans le même temps, je n'apparais dans aucune recherche sur les jeux de mots navrants, ce qui me vexe au plus haut point.

Si je parle automobile aujourd'hui, c'est parce que je me suis réveillé à une heure indue ce matin, taraudé par une question : et si j'avais fait une énorme connerie en achetant cette voiture électrique ? Car voyez-vous, c'est une chose que de traîner de village en village au fin fond de la Bourgogne un dimanche après-midi pluvieux avec 11 km d'autonomie pour trouver une borne libre. Ou d'expliquer à l'heure de l'apéro que je suis bien content de payer 10 balles pour faire 350 km (*sans chauffage, en climat tempéré, sans rouler trop vite sur l'autoroute, sans les phares, sans pente trop forte).

Mais c'en est une autre que d'être dans l'impossibilité de recharger son véhicule dans son propre garage pour cause de blackout. Ou de se demander ce qui se passera si le prix de l'électricité flambe durablement pendant que celui de l'essence fluctue dans ses bornes habituelles.  Actuellement, le prix au kilomètre d'une voiture électrique est en effet "trois à quatre fois moins élevé que celui d’un véhicule thermique", explique sur son site internet EDF, qui n'a pas intérêt à dire autre chose puisqu'il vend de l'électricité et pas du gasoil. Sur la base des prix de l'électricité actuels c'est vrai. Mais si les prix explosent ? J'aurai l'air malin. Encore une bonne illustration de l'adage "les choses ne se passent jamais aussi mal que vous le craignez, mais jamais aussi bien que vous l'espérez", même si on rêve tous qu'un plan se déroule sans accroc, pour reprendre les termes d'un philosophe bien connu (Socrate ou Hannibal Smith, je ne me souviens plus). C'est un peu la même chose en bourse et cela explique pourquoi il faut éviter de s'enflammer au son du clairon ou de s'effondrer au son du canon.

Qu'a-t-on à se mettre sous la dent aujourd'hui sur les marchés ? De l'inflation au Royaume-Uni (8h00) et dans la zone euro (11h00). Ce sont les chiffres de septembre. Ils seront tous frais du côté britannique et peut-être déjà vu pour l'Europe, puisqu'Eurostat a déjà publié son estimation rapide en tout début de mois (10% d'inflation sur un an en l'occurrence). Aux Etats-Unis, l'ambiance est plutôt à l'immobilier avec les mises en chantier et les permis de construire de septembre (14h30). Il y aura aussi la dernière édition du Livre Beige de la Fed, publiée à 20h00, qui regroupe les anticipations économiques des banques régionales qui composent la banque centrale. En Ukraine, la Russie frappe les infrastructures avec des drones. Au Royaume-Uni, Liz Truss empile les records : dernier en date, celui d'être critiquée par 8 Britanniques sur 10. Aux Etats-Unis, Joe Biden devrait annoncer une nouvelle mise sur le marché de pétrole issu des réserves stratégiques, pour tenter de peser sur le prix du carburant. Toute proximité avec les élections de mi-mandat est évidemment fortuite.

Les publications de résultats trimestriels de sociétés continuent, avec quelques baromètres sectoriels : Tesla pour l'automobile, Nestlé pour la consommation généraliste, ASML pour l'industrie des semiconducteurs, Abbott pour la santé ou International Business Machines pour les services informatiques. Tesla et IBM publient post-clôture américaine.

La journée se termine dans le désordre en Asie Pacifique. La Chine (Hong Kong et Shanghai) et la Corée reculent, pendant que Tokyo, Bombay et Sydney poursuivent leur ascension sur des gains modérés. Les indicateurs avancés européens sont à nouveau haussiers ce matin. Le CAC40 gagnait 0,4% à 6091 points à l'ouverture. 

Les temps forts économiques du jour

En Europe, l'inflation britannique (8h00) et de la zone euro (11h00) est au programme. Aux Etats-Unis, les permis de construire de septembre / mises en chantier seront annoncés à 14h30. Tout l'agenda macro ici.

L'euro s'échange à 0,9847 USD. L'once d'or varie peu à 1649 USD. Le pétrole s'effrite, avec un Brent de Mer du Nord à 90,57 USD le baril et un brut léger américain WTI à 83,86 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans remonte à 4,02%. Le bitcoin reste proche de 19 300 USD l'unité.

Les principaux changements de recommandations

  • Allgeier : Oddo BHF reprend le suivi à surperformance en visant 40 EUR.
  • Almirall : Morgan Stanley passe de surpondérer à pondération ligne en visant 12,50 EUR.
  • AstraZeneca : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 12 000 à 11 800 GBp.
  • Covestro : Baader Helvea passe accumulée à acheter en visant 41 EUR.
  • CPH : Baader Helvea passe d'acheter à accumuler avec un objectif de cours réduit de 87 à 75 CHF.
  • EMS-Chemie : Baader Helvea passe d'accumuler à alléger en visant 575 CHF.
  • Ence Energia y Celulosa : Jefferies démarre le suivi à conserver en visant 3,75 EUR.
  • Fresenius Medical Care : reprend le suivi à pondération ligne en visant 34 EUR.
  • Fuchs Petrolub : Baader Helvea passe d'accumuler à acheter en visant 37 EUR.
  • ISS : Goldman Sachs passe de vendre à neutrons visant 147 DKK.
  • K+S : Baader Helvea passe d'accumuler à acheter en visant 27 EUR.
  • Marston's : HSBC passe de vendre à conserver en visant 40 GBp.
  • MIPS : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 480 à 330 SEK.
  • Sandvik : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 273 à 210 SEK.
  • Siegfried : Baader Helvea reste à l'achat avec un objectif de cours réduit 2050 à 950 CHF.
  • Sika : Baader Helvea reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 365 à 275 CHF.
  • UBS : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 18,60 à 19 CHF.
  • Veolia : Morgan Stanley passe de pondération ligne à surpondérer.

En France

Résultats des entreprises

  • Esker : Le chiffre d'affaires neuf mois progresse de 13%. Le groupe confirme son objectif de croissance organique du chiffre d’affaires entre 12% et 14% et son objectif de profitabilité entre 13% et 15%.
  • Mercialys : La foncière confirme ses objectifs après une hausse de 0,8% des revenus locatifs au T3.
  • Sartorius Stedim Biotech : Le groupe a abaissé sa prévision de ventes mais confirmé son objectif de marge en 2022, après un T3 inférieur aux attentes.
  • Virbac : Les revenus sont en hausse de 7,7% en données comparables sur neuf mois. La prévision de croissance du chiffre d'affaires annuel est resserrée à "6 à 9%" (5 à 10% précédemment) et la marge se situera entre 14 et 15% ("autour de 15%" précédemment).

Annonces importantes (et moins importantes)

  • TotalEnergies inaugure la première centrale solaire à grande échelle du Qatar Al Kharsaah.
  • Alstom obtient un contrat de services d'environ 300 M€ auprès de l'opérateur britannique GTR. Par ailleurs, le groupe a signé un contrat-cadre avec Rete Ferroviaria Italiana pour la fourniture d'un système de signalisation ERTMS destiné au centre et au sud de l'Italie.
  • Gaztransport & Technigaz obtient deux commandes pour la conception des cuves de trois nouveaux méthaniers.
  • Casino a finalisé la cession de GreenYellow à Ardian.
  • Argan livre près de Caen un second entrepôt qui produit sa propre énergie verte.
  • ECA Group (Groupe Gorgé) et iXblue unissent leurs forces et deviennent Exail.
  • Reworld boucle l'acquisition d'une division d'Unify auprès de TF1.
  • Dolfines fait l'acquisition de Maintcontrol.
  • Grolleau signe un partenariat industriel avec IES Synergy pour le déploiement de sa prochaine génération de bornes de recharge ultra rapides.
  • Carmat et Amoéba signalent la publication d'articles sur leurs produits (pas ensemble, hein).
  • Nanobiotix conclut un accord définitif pour la restructuration du prêt octroyé par la Banque européenne d'investissement.
  • Haulotte, Sidetrade, Bastide, Bourse Direct, Nicox, Pierre & Vacances, Enogia, Omer-Decugis et Broadpeak ont publié leurs comptes.

Dans le monde

Résultats des entreprises

  • Adobe : L'action gagne 3% hors séance après la publication de ses trimestriels et de ses nouveaux objectifs.
  • ASML : Le groupe vise 61 à 6,6 Mds€ de revenus au T4 et voit peu d'impact pour le moment des nouvelles restrictions technologiques américaines envers la Chine.
  • ASOS : Le groupe lance un avertissement sur ses perspectives, les consommateurs ressentant les effets de l'inflation.
  • BHP : Le groupe minier maintient ses prévisions de production inchangées pour l'exercice clos le 30 septembre 2023.
  • Just Eat Takeaway : Les baisses de coûts permettent d'atteindre l'équilibre opérationnel un peu plus tôt que prévu.
  • Nestlé : Les ventes sont dopées par les hausses de prix. La croissance devrait croître de 8% cette année.
  • Netflix : Le titre bondit de 14% hors séance après la publication des résultats trimestriels.
  • United Airlines : L'action progresse de 6% hors séance après la publication des résultats trimestriels.

Annonces importantes (et moins importantes)

Lectures