Buenos Aires (awp/afp) - La Bourse de Buenos Aires a dévissé lundi de 8%, entraînée par la chute des actions des compagnies pétrolières, quelques jours après l'effondrement du peso argentin, dans un pays scruté par les marchés car sur le point de recevoir un important prêt du FMI.

La baisse de la Bourse intervient après le limogeage, samedi, du ministre de l'Energie et de celui de l'Industrie de la troisième économie d'Amérique latine, en soins intensifs après une forte agitation sur le marché des changes depuis le début de l'année (-35% face au dollar).

L'Argentine s'apprête à recevoir cette semaine une première tranche de 15 milliards de dollars, sur les 50 promis par le FMI en contrepartie d'un engagement à des réformes d'une économie fragilisée par un déficit budgétaire chronique et une inflation annuelle qui dépasse les 20% depuis une décennie.

En revanche, il y a du mieux sur le marché des changes. Après la flambée de la semaine dernière, la monnaie sud-américaine regagnait lundi 0,66% par rapport à la cotation de vendredi.

A l'ouverture des marchés lundi, l'indice Merval de la Bourse de Buenos Aires, a brusquement décroché de 6,55% à 28.240 points, emporté par la chute des actions des groupes d'énergie (YPF, Pampa Energie) et de banques (BBVA Francés, Supervielle). Le Merval a finalement clôturé avec une baisse 8,33% sur la journée (27.636 pts).

FMI, faute de mieux

La monnaie locale semblait, elle, résister: elle se situait à 28,27 pesos pour un dollar, à la veille d'un nouveau "supermardi" où la Banque centrale va émettre de la dette pour renouveler quasiment un tiers de ses réserves, un test important pour l'Argentine.

Le marché a été douché par l'annonce durant le week-end du limogeage de M. Aranguren ainsi que de son homologue chargé de la Production, Francisco Cabrera, deux jours seulement après le remplacement du gouverneur de la Banque centrale argentine, dont le poste a été attribué au ministre des Finances Luis Caputo.

A la suite de la crise monétaire d'avril et mai, l'Argentine a sollicité le Fonds monétaire international (FMI), qui a accordé un prêt de 50 milliards de dollars. Mercredi, l'Argentine doit encaisser une première partie, 15 milliards.

Après l'annonce de l'accord, la pression sur le peso avait continué la semaine dernière, faisant chuter le peso à son niveau le plus bas jamais atteint, avant une légère remontée vendredi, puis lundi. Depuis le début de l'année, le peso a perdu plus de 30% face au dollar, alors que le pays connaît plus de 20% d'inflation.

Le gouvernement a revu ses prévisions à la baisse. Pour l'inflation annuelle, il prévoit 27%, soit plus qu'en 2017 (25%), et pour la croissance il s'attend à une fourchette de 0,4 à 1,4%, contre 3% visés auparavant, après une hausse du PIB de 2,8% en 2017.

"Le gouvernement du président (Mauricio) Macri, en minorité dans les deux chambres du Parlement, avait promis dès sa prise de fonction fin 2015, de remédier au déficit budgétaire avec un plan gradualiste. Le pays s'est endetté à hauteur de 70 milliards de dollars sur les marchés internationaux, mais cette source de financement s'est tarie", fait remarquer l'économiste Ramiro Castiñeira.

"L'Argentine s'est alors tournée vers le FMI, mais à condition d'accélérer la réduction du déficit fiscal. La Bourse répond à cette réalité, les marchés s'adaptent", souligne-t-il.

Crise de confiance

Face à la pire crise de confiance depuis son arrivée au pouvoir, le président de centre droit, un homme d'affaires, a d'abord renforcé les pouvoirs de son ministre de l'Économie, Nicolas Dujovne, un économiste sans ambitions politiques.

La semaine dernière, il a remplacé le patron de la Banque centrale, Federico Sturzenegger, par le ministre des Finances Luis Caputo, un ancien de la Deustche Bank. Avant de remercier deux ministres pendant le week-end.

Aranguren, ancien patron de Shell Argentine, quitte le ministère de l'Énergie. Il était décrié en Argentine pour avoir mené une politique de fortes hausses des prix des factures de gaz et d'électricité.

Au ministère de la Production (industrielle), l'économiste Dante Sica, ex-secrétaire à l'Industrie, au Commerce et aux Mines en 2003/2004, aura pour mission de relancer une industrie en perte de vitesse, à un peu moins d'un an d'un scrutin présidentiel (octobre 2019), à l'occasion duquel M. Macri vise un second mandat.

afp/rp