BUENOS AIRES, 30 août (Reuters) - Les obligations d'Etat et le peso argentins ont de nouveau baissé vendredi après la dégradation de la note souveraine du pays par les trois principales agences de notation internationales et l'annonce par la banque centrale de mesures perçues par des observateurs indépendants comme des restrictions à la libre circulation des capitaux.

"Les institutions financières doivent obtenir une autorisation préalable de la banque centrale pour distribuer leurs résultats", a annoncé la banque centrale sans plus de précision.

Aucun porte-parole de la banque centrale n'a pu être joint dans l'immédiat pour commenter cette décision

"La banque centrale ne leur permet pas de distribuer leurs résultats, cela signifie qu'elles ne peuvent pas utiliser leurs pesos. Ce n'est pas une restriction de l'accès au marché des changes mais de la disponibilité du peso", a-t-on expliqué à Reuters de source informée des intentions de la banque centrale.

Le peso argentin a perdu près de 3% vendredi face au dollar et affiche sur l'ensemble du mois d'août une chute de 26,3%, sa pire performance mensuelle. A la Bourse de Buenos Aires, l'indice Merval a certes repris 2,6% sur la journée grâce aux valeurs exportatrices, qui bénéficient de la faiblesse de la monnaie, mais il a perdu près de 40% en un mois.

Les turbulences sur les marchés argentins ont débuté le 11 août avec les primaires en vue de l'élection présidentielle d'octobre qui se sont soldées par une cinglante défaite du président sortant, Mauricio Macri, largement devancé par le candidat d'opposition Alberto Fernandez, ce qui fait craindre aux investisseurs le retour d'une politique économique dirigiste.

La chute du peso a obligé la banque centrale à multiplier les interventions sur le marché des changes ces dernières semaines en puisant dans ses réserves de devises et mercredi, le gouvernement a annoncé son intention de "reprofiler" quelque 100 milliards de dollars (91 milliards d'euros) de dette publique, ce qui revient à imposer aux créanciers du pays un report des échéances qui leur sont dues.

Dans la foulée, l'agence Standard & Poor's a dégradé la note souveraine à long terme argentine en catégorie spéculative ("junk"), déclenchant des ventes par de grands fonds de pension.

Fitch, de son côté, a ramené vendredi sa propre note à "RD" pour "restricted default" (défaut partiel) tandis que Moody's abaissait la sienne à Caa2 en précisant qu'elle n'excluait pas de la dégrader de nouveau.

Le conseil d'administration du Fonds monétaire international (FMI), qui a conclu avec le gouvernement de Mauricio Macri un accord d'assistance de 57 milliards de dollars, devait tenir dans la journée une "session d'information informelle" sur le sujet, a déclaré un porte-parole.

(Hugh Bronstein et Cassandra Garrison; Marc Angrand pour le service français)