Les marchés actions européens ont donc poursuivi leur rebond hier, hormis un DAX plombé par son large compartiment automobile. Aux Etats-Unis, l'ascension s'est poursuivie elle aussi au lendemain du premier tour de vis du nouveau cycle de resserrement monétaire de la banque centrale américaine. Cette inflexion majeure, destinée à réduire la liquidité disponible pour répondre à la flambée des prix, est passée comme une lettre à la poste. Il faut dire qu'elle est annoncée depuis tellement longtemps que les investisseurs ont eu le temps de s'y préparer. En toile de fond, le conflit en Ukraine continue à gonfler l'incertitude sur la situation économique et les cours pétroliers sont repartis à la hausse après un avertissement de l'Agence internationale de l'énergie sur les conséquences de la mise au ban de la production russe. Pour autant, la nervosité est descendue d'un cran, en vertu du bon vieux principe selon lequel le temps qui passe dilue la puissance des réactions. Mais comme vous le découvrirez vers la fin de ce papier, les derniers signaux géopolitiques n'ont pas l'air bien encourageants.

En attendant, je vous propose pour terminer la semaine un crochet par un sujet tombé aux oubliettes mais qui rôde quand même autour de nos économies.

Je crois que j'avais écrit il y quelques mois que la question de la dette des Etats allait refaire surface un jour ou l'autre. Manifestement, ce sera plutôt un autre jour mais la problématique va finir par se poser avec la remontée des taux. Cela sera-t-il grave pour autant ? Pour les plus jeunes membres de mon équipe, qui trituraient du Pokémon plutôt que de la théorie économique en 2008, sachez que la dette publique était une chose très grave en 2008. Très, très grave même (coucou la Grèce). Depuis 2020, c'est plutôt la théorie du quoi qu'il en coûte qui écrase tout sur son passage, puisque les planches à billets des différentes banques centrales sont les nouvelles cornes d'abondance. En d'autres termes il y a dix ans, toute initiative budgétaire un peu osée était tuée dans l'œuf par une réplique implacable : austérité. Désormais, dès qu'un problème se présente, on lui oppose une enveloppe de plusieurs milliards sortie du chapeau. Et pas qu'en France en plus, mais un peu partout dans le monde occidental.

Ces politiques ont bien sûr un coût. A faire s'étrangler les partisans de l'orthodoxie budgétaire. Même si plus personne n'a l'air de les écouter agoniser. Ces politiques sont aussi l'une des causes – je vois des fripons qui disent que c'est même la seule cause - de la vague inflationniste qui a déferlé partout. Notamment parce que les banques centrales se sont mises au service des pays pratiquant le "quoi qu'il en coûte". "Nous nous retrouvons aujourd'hui avec un surendettement important, tant du côté des gouvernements que du secteur privé", explique l'économiste Joachim Klement. Mais la différence avec 2008, c'est que les acteurs vulnérables ne sont pas les banques et les ménages, mais les entreprises privées et les gouvernements. Ce qui complique la tâche des banques centrales parce que si elles augmentent trop les taux d'intérêt, le cercle vicieux de la récession s'enclenche.

Mais il y a une forme de bonne nouvelle là-dedans, sauf bien sûr si vous êtes un fan d'austérité. "A mon avis, ce surendettement crée un plafond de verre pour les taux d'intérêt", ajoute Klement, car si les banques centrales franchissent ce plafond de verre, l'économie stagne et le ralentissement de l'économie finira par obliger les banques centrales à réduire les taux d'intérêt. L'économiste situe ce plafond entre 2% et 3% aux États-Unis et au Royaume-Uni, et sans doute un peu plus bas dans la zone euro. Il pense qu'il y aura resserrement monétaire, mais que l'environnement global de taux bas va perdurer. Pour se débarrasser du surendettement, il faut des taux d'intérêt bas pendant assez longtemps et des taux d'intérêt réels nuls ou négatifs pendant encore plus longtemps. "Si les taux d'intérêt augmentent trop rapidement, les banques centrales tuent la croissance. Si les taux d'intérêt réels dépassent trop largement le niveau zéro, ils tuent également la croissance. Ce dont nous avons besoin, c'est d'une autre décennie dans le même environnement que celui que nous avons connu au cours de la dernière décennie", poursuit Klement, qui voit mal les banques centrales provoquer une nouvelle crise financière et qui pense donc que l'environnement actuel va perdurer. L'intégralité du papier dans lequel il évoque ces questions est disponible ici.

Aujourd'hui à la mi-journée, Joe Biden doit s'entretenir avec son homologue chinois Xi Jinping (à 14h00 heure de Paris). Le renseignement américain a laissé fuiter ses craintes quant à un rapprochement entre la Chine et la Russie. Il a aussi laissé entendre que Vladimir Poutine est prêt à brandir à nouveau la menace nucléaire si la situation s'envenime pour ses troupes. En tout état de cause, la situation diplomatique s'est tendue par rapport aux espoirs un peu naïfs du début de semaine. Mais ça n'a pas l'air de trop perturber les indices boursiers, qui tentent de réduire leur passif 2022.

Les indicateurs avancés européens évoluent autour de l'équilibre. Les futures américains sont plutôt baissiers. En Asie, Tokyo clôture sa semaine en hausse de 0,65% pour le Nikkei 225. La surchauffe haussière des marchés chinois s'est arrêtée, mais la tendance reste positive. Le CAC40 perd 0,3% à 6599 points peu après l'ouverture. 

Les temps forts économiques du jour

Aux Etats-Unis, l'indice des indicateurs avancés de février et les chiffres de l'immobilier ancien du mois dernier seront annoncés à 15h00. Le reste de l'agenda ici. Ce matin, la Banque du Japon a laissé sa politique monétaire inchangée, tout en réduisant ses perspectives économiques.

La paire euro / dollar se négocie 1,1078 USD. L'once d'or se stabilise à 1932 USD. Le pétrole remonte avec un Brent de Mer du Nord à 108,89 USD et un brut léger américain WTI à 105,56 USD. Le rendement de la dette américaine progresse légèrement à 2,17% sur 10 ans, pendant que la dette allemande offre un coupon de 0,38% sur la même durée. Le bitcoin se négocie autour de 40 700 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Akzo Nobel : Jefferies passe de sousperformance à conserver en visant 84 EUR.
  • AlzChem : Berenberg reste à l'achat avec un objectif réduit de 35 à 33 EUR.
  • Atresmedia : J.P. Morgan passe de surpondérer à neutre en visant 5 EUR.
  • Bayer : Liberum reste à l'achat avec un objectif relevé de 74 à 82 EUR.
  • BNP Paribas : Société Générale passe de conserver à acheter en visant 67 EUR.
  • CGG : AlphaValue reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 1,24 à 1,33 EUR.
  • Husqvarna : DNB passe de conserver à vendre en visant 105 SEK.
  • Johnson Matthey : Jefferies passe de sousperformance à conserver en visant 2100 GBp.
  • LDC : Midcap Partners reste à l'achat avec un objectif réduit de 137 à 129 EUR.
  • Lumibird : Midcap Partners reste à l'achat avec un objectif relevé de 22 à 24,50 EUR.
  • Montea : Oddo BHF démarre le suivi à neutre en visant 125 EUR.
  • Sensirion : Research Partners passe de conserver à acheter en visant 150 CHF.
  • Siemens AG : Morgan Stanley passe de pondération en ligne à surpondérer en visant 165 EUR.
  • Siltronic : Berenberg reste à l'achat avec un objectif réduit de 135 à 115 EUR.
  • Softcat : Berenberg passe de conserver à acheter en visant 1900 GBp.
  • Straumann : Jefferies reprend le suivi à l'achat en visant 1820 CHF.
  • The Swatch Group : AlphaValue reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 332 à 350 CHF.
  • UCB : AlphaValue passe d'alléger à accumuler en visant 117 EUR.
  • Virbac : Midcap Partners reste à conserver avec un objectif relevé de 404,50 à 407 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Emmanuel Macron favorable à la sortie de la cote d'Electricité de France. Le groupe lance une augmentation de 3,1 Mds€.
  • BNP Paribas Securities Services et CACEIS (Crédit Agricole) projettent de créer un nouvel acteur dans le domaine spécialisé des services aux émetteurs.
  • La joint-venture SightGlass Vision, entre EssilorLuxottica et CoopeerCompanies, est opérationnelle.
  • Eurazeo va investir dans DiliTrust.
  • Wendel annonce une hausse de 20% de son ANR en 2021.
  • Europorte (Getlink) retenue par CargoBeamer pour effectuer la traction du nouveau service d'autoroute ferroviaire entre Sète (France) et Cologne (Allemagne).
  • Gaztransport & Technigaz retenu par Pacific International Lines et Jiangnan pour la conception des réservoirs de quatre très grands porte-conteneurs propulsés au GNL.
  • Bonduelle assure la continuité de son activité en Russie et explique pourquoi.
  • TFF Group prend le contrôle de la Tonnellerie Raymond.
  • BioMérieux autorisé à commercialiser son test Vitek MS Prime aux Etats-Unis.
  • Catering International Services, dont les activités russes représentent 18% du chiffre d'affaires sur les deux premiers mois de 2022, est aussi affecté par la chute du rouble.
  • Thermador dit s'adapter à un contexte d'inflation des coûts en relevant ses prix.
  • LDC, confronté à une hausse de ses prix de revient de 35%, a relevé ses prix pour compenser la moitié de l'impact et espère obtenir le complément "dans les semaines à venir".
  • Europlasma signe un contrat-cadre sur les déchets d'amiante avec un groupe suisse.
  • Un partenaire de Néovacs va reprendre ses essais cliniques sur le lupus en Chine.
  • Les actions AST Groupe transférées sur Euronext Growth.
  • Bénéteau, Lumibird, Réalités, Parrot, Alpha Mos, Acteos, Bel, Unibel et Foncière Euris ont publié leurs comptes.

Dans le monde

Annonces importantes (et autres)

Lectures