Les marchés actions ont connu la semaine dernière une curieuse opposition de style entre le parcours hebdomadaire positif des indices européens et la baisse de Wall Street. Les actions américaines se sont réveillées vendredi, mais le mal avait déjà été fait au cours des quatre séances précédentes. Si bien que le S&P500 a cédé 3,4% sur la semaine, tandis que le Nasdaq 100 s'enfonçait de 5,7%. Sur le vieux continent, le Stoxx Europe 600 a gagné 1,5% et le CAC40 français a engrangé 2,3% sur les cinq dernières séances. L'indice parisien qui affiche d'ailleurs une résistance remarquable cette année, puisqu'il limite ses pertes à 10,3% en 2022, moitié moins que le S&P500 américain. Et le CAC40 intégrant les dividendes, le CAC40 GR, ne perd que 7,7%.

L'explication principale de cette divergence, on la connaît : l'indice large américain est lourdement lesté en valeurs technologiques, qui n'ont pas été à la fête cette année. Ce qui explique que le Nasdaq 100, qui compte encore plus de valeurs de ce genre, en soit à -33,5% depuis le 1er janvier.

Le rebond des actions s'appuie sur deux piliers aux fondations plutôt fragiles, puisqu'il s'agit de convictions assez mal étayées. D'un côté, les investisseurs pensent que la politique monétaire va bientôt s'assouplir dans le monde en général et aux Etats-Unis en particulier. Ce qui constituerait un signal d'achat pour les actifs à risque, comme les actions. De l'autre, ils spéculent sur un arrêt de la politique zéro-covid chinoise, qui ampute la croissance mondiale de l'un de ses moteurs. La semaine sera encore dominée par ces deux thématiques. Ce matin par exemple, les marchés chinois ont fait le yoyo entre des statistiques d'import-export plus dégradées que prévu en octobre et la spéculation sur une politique sanitaire plus souple. Dans les périodes telles que celles que nous traversons, les investisseurs écartent facilement les données tangibles comme les statistiques économiques au profit des annonces qu'ils pensent pouvoir changer la donne.

Quant à la politique monétaire, celle de la Fed en l'occurrence, elle n'est jamais loin : les financiers ont cerclé en rouge la publication jeudi à 14h30 des données sur l'inflation d'octobre aux Etats-Unis. Pour valider leur théorie selon laquelle la banque centrale ne va pas tarder à infléchir sa politique, il faut que les données macroéconomiques aillent dans leur sens, c’est-à-dire une réduction de l'inflation. Ou des dommages importants à l'économie, visibles sur le marché de l'emploi, la consommation et la production. Et idéalement, si je puis dire, une combinaison convergente de ces données.

A ces deux éléments actuellement considérés comme susceptibles de changer la donne, il faut en ajouter un troisième dont les conséquences sont un peu plus floues. Le verdict des élections de mi-mandat aux Etats-Unis tombera mardi ou mercredi. Si l'on en croit les exégètes politiques, les républicains pourraient reprendre une voire les deux chambres du Congrès, ce qui aboutirait à une forme de ce que nous appelons en France la "cohabitation" : un exécutif dans un camp et un pouvoir législatif dans l'autre. Compte tenu de la polarisation de la vie politique au XXIe siècle, on peut s'attendre à des remous aux Etats-Unis, dans le domaine fiscal, social et dans la politique étrangère.

Voilà un peu le tableau de début de semaine. Pour résumer : les marchés actions sont dans une phase de rebond fragile, avec en toile de fond des économies qui ralentissent, mais pas suffisamment pour écarter le spectre d'une inflation autoalimentée. "Les marchés baissiers sont faits pour vous torturer et celui-ci ne déçoit personne". Ce bon mot prononcé par un investisseur lambda la semaine dernière et cité par Bank of America illustre bien le sentiment global.

Comme chaque lundi, on passe en revue quelques actualités qui occupent la scène médiatico-économique :

  • Elon Musk est en train de mettre de grands coups de hache dans Twitter pour qu'il ressemble au jouet qu'il a prévu de s'offrir. Ça en fait marrer certains, mais moins la moitié des effectifs qui a pris la porte. Ça s'agite pour savoir s'il est moral de continuer à utiliser le média social après ça ou si c'est la mort de Twitter. L'issue la plus probable est que passée la phase de scandalisation bruyante, tout va recommencer comme avant : l'être humain a l'indignation facile mais la conviction volage.
  • Donald Trump pousse ses pions à l'approche des élections de mi-mandat. Il ne fait guère de doute qu'on entendra beaucoup plus l'ancien président si son camp triomphe cette semaine lors du scrutin.
  • En Europe, la Commission européenne doit mettre à jour cette semaine (probablement aujourd'hui) ses prévisions économiques et communiquer mercredi sur son projet de réforme des règles budgétaires et sur les plans de modération de l'explosion des prix de l'énergie.
  • La COP-27 a démarré en Egypte. On y parle évidemment de climat à l'heure où les pays qui se sont le plus enrichis cette année sont ceux qui produisent le plus d'énergies fossiles. On y parle aussi de dette climatique des pays riches envers les pays pauvres, ce qui met en lumière une énième ligne de facture.
  • Enfin, la presse américaine croit savoir que des plénipotentiaires de la Maison Blanche et du Kremlin discutent pour éviter une guerre plus étendue, en particulier au sujet des armes non-conventionnelles.

L'Asie Pacifique démarre la semaine dans le vert. Les gains avoisinent 1% au Japon et en Corée et 0,6% en Australie. Ils sont plus modestes en Chine continentale et en Inde. Le Hang Seng, tiré par ses valeurs technologiques, prend encore 3% après une semaine précédente déjà faste. Le CAC40 perd 0,7% à 6366 points à l'ouverture. 

Les temps forts économiques du jour

La production industrielle allemande de septembre (8h00) sera le seul indicateur majeur du jour. Tout l'agenda macro ici. Ce matin, la Chine a fait état de chiffres d'import – export inférieurs aux attentes.

L'euro remonte à 0,9939 USD. L'once d'or rebondit à 1672 USD. Le pétrole continue à remonter, avec un Brent de Mer du Nord à 97,49 USD le baril et un brut léger américain WTI à 91,38 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans remonte 4,15%. Le bitcoin se négocie autour de 20 880 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Airbus : Redburn reprend le suivi à l'achat.
  • Allianz : Goldman Sachs démarre le suivi à l'achat.
  • AXA : J.P. Morgan reste à surpondérer avec un objectif relevé de 30 à 32 EUR. UBS passe de neutre à achat en visant 32,90 EUR.
  • BAE Systems : Redburn reprend le suivi à l'achat.
  • Banco Comercial Portugues : Deutsche Bank passe d'acheter à conserver en visant 0,18 EUR.
  • Colruyt : Jefferies passe de conserver à acheter en visant 29 EUR.
  • Dassault Aviation : Redburn reprend le suivi à l'achat.
  • Esker : Stifel démarre le suivi à l'achat en visant 155 EUR.
  • Galp Energia : Goldman Sachs passe de neutre à achat en visant 16 EUR.
  • Knorr-Bremse : Jefferies démarre le suivi à conserver en visant 48 EUR.
  • Krones : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 90 à 97 EUR.
  • Metro : Jefferies passe de conserver à sousperformance en visant 5 EUR.
  • Nordea : Goldman Sachs passe d'achat à neutre en visant 139 SEK.
  • OCI : J.P. Morgan passe de surpondérer à neutre en visant 43,50 EUR.
  • Rheinmetall : J.P. Morgan reprend le suivi à surpondérer en visant 240 EUR.
  • Safran : Redburn reprend le suivi à l'achat.
  • Saint-Gobain : Citigroup reprend le suivi à l'achat en visant 55 EUR.
  • Shell : Goldman Sachs passe d'acheter à neutre.
  • Smurfit Kappa : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 59 à 52 EUR.
  • Swisscom : Credit Suisse passe de sousperformance à neutre en visant 490 CHF.
  • Technip Energies : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 15 à 17 EUR.
  • Temenos : Research Partners passe de conserver à acheter en visant 85 CHF.
  • Thales : J.P. Morgan passe de surpondérer à neutre en visant 160 EUR. Redburn reprend le suivi à l'achat.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Vinci réfute les mises en cause relatives aux conditions de travail sur ses chantiers au Qatar et "continuera de coopérer avec la justice".
  • Renault envisage de valoriser son activité électrique à 10 Mds€, rapporte Bloomberg.
  • Worldline va racheter les activités d'acquisition commerçant de Banco Desio en Italie.
  • Electricité de France va racheter d'ici à la fin 2023 les activités nucléaires de GE Steam Power.
  • Marie Brizard nomme Fahd Khadraoui au poste de directeur général.
  • TF1 et Canal+ (Vivendi) mettent fin à leur conflit de diffusion.
  • Makheia et NetMedia précisent leur projet de fusion.
  • Enertime signe un contrat pour une chaudière biomasse en Afrique du Sud.
  • 2CRSi dévoile son plan stratégique.
  • Nicox communique ses plans de développement et de partenariat pour le NCX 470 dans le glaucome et va tester le candidat sur la rétine.
  • Vergnet va regrouper ses actions après avoir réduit leur nominal.
  • Autres publications : Delfingen, Mastrad, Spartoo, Transgène

Dans le monde

Résultats des entreprises (les indications sont données à chaud et ne préjugent pas de l'orientation des actions)

  • Berkshire Hathaway : les résultats trimestriels ajustés sont plus élevés que prévu à 7,8 Mds$, mais le bas du compte de résultats est une perte nette, en particulier à cause de l'ouragan Ian.
  • Ryanair : le transporteur espère dégager entre 1 et 1,2 Md€ pour l'exercice 2023.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Philip Morris obtient le soutien d'Elliott pour le rachat de Swedish Match pour 15,7 Mds$.
  • Meta Platforms va lancer le licenciement de milliers de personnes, selon le Wall Street Journal.
  • Apple réduit son objectif de production de nouvel iPhone de 3 millions d'unités, car la demande se modère.
  • Walgreens étudie une fusion avec Summit Health pour 9 Mds$.
  • Le principal actionnaire de HSBC, Ping An, appelle à une réorganisation du groupe.
  • Gold Fields déclare qu'il ne fera pas de nouvelle offre pour Yamana Gold.
  • Wells Fargo écope d'une amende de 1 Md$ du bureau de protection des consommateurs US.
  • Pékin renforce son contrôle sur Kuaishou, le rival de ByteDance, par le biais d'une participation au capital, selon The Information.
  • Nike suspend son partenariat avec le basketteur Kyrie Irving, après sa promotion d'un film antisémite.
  • Principales publications du jour : Activision, BioNtech, International Flavor, Coloplast, NTT Data, Palantir, Ryanair... Tout l'agenda ici.

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