Autant les variations étaient fortes au début du mois de février, autant celles de cette semaine ont été contenues, avec des indices qui ont tendance à faire du surplace. Un peu mieux que du surplace en réalité sur certains marchés, à l'image de l'inévitable Nasdaq 100, qui a signé de nouveaux pics en clôture hier, dopé par ses seconds couteaux plus que par ses vedettes habituelles. Rien ne semble pouvoir contrarier ces marchés-là, qui attendent patiemment que la situation se décante au niveau budgétaire aux États-Unis et sanitaire dans le monde.

Pour apporter un peu d'animation, on peut faire confiance aux "boursicoteurs sociaux", capables de se fédérer en un temps record pour tailler un costard sur mesure à un vendeur à découvert, puis de fondre à l'achat sur une autre classe d'actifs en quelques clics. Hertz, GameStop ou l'argent y sont passés. Cette semaine, c'était plutôt ambiance cannabis. L'agilité de ces traders et la rapidité avec laquelle ils interviennent donnent des maux de tête aux régulateurs, qui savent qu'ils sont dans l'incapacité de suivre leur rythme, mais qui ne peuvent rester les bras ballants.

Illustration avec la SEC, le gendarme de la bourse aux Etats-Unis, qui a décidé hier soir de suspendre la cotation des actions SpectraScience jusqu'au 25 février au moins. Evidemment, cette medtech cotée sur le marché libre américain ne vous dit rien. Et pour cause, puisqu'elle n'a plus publié ses comptes depuis quatre ans, ni aucune autre information d'ailleurs, et qu'il s'agit d'un coquille vide. C'est une "penny stock", une valeur dont le cours est extrêmement faible. En l'occurrence 0,0022 USD. Ce qui signifie qu'il est possible d'acheter 10 000 titres pour 22 USD. L'action a commencé à s'agiter en décembre lorsqu'elle cotait 0,0001 USD. Des traders la poussent un peu sur les réseaux sociaux (en l'occurrence Twitter) et le tour est joué. Une variation moderne du "pump and dump", cette technique aussi vieille que la bourse qui consiste à jouer les bonimenteurs sur un titre pour faire affluer les pigeons, en revendant ses positions quand lesdits pigeons ont fait monter l'action. Sur chaque marché boursier du monde, des actions, souvent des penny stocks, sont manipulées ainsi, mais la plupart du temps dans un cercle restreint. La nouveauté avec les réseaux sociaux et la mode actuelle, c'est que les montants en jeu et le nombre de traders concernés sont incomparablement plus élevés. Bref, sur SpectraScience, la SEC a dû siffler la fin de la récréation hier via une suspension, parce qu'elle n'a pas d'autres moyens d'empêcher ces bulles de se former.

A l'échelon supérieur, des enquêtes fédérales sont en cours pour déterminer s'il y a eu manipulation de marché dans l'affaire GameStop et consorts. En réalité, et c'est là que le bât blesse, il y a forcément eu manipulation. Mais démêler les responsabilités s'annonce d'une complexité folle. Et les qualifier pénalement sans doute encore plus. Les boursicoteurs sociaux le savent pertinemment et cette zone grise est à la fois leur terrain de jeu et un majeur levé bien haut à destination des autorités. Il va probablement falloir s'habituer à des flux et des reflux ponctuels sur certains actifs, sans impact systémique mais que les investisseurs plus traditionnels vont devoir intégrer dans leur grille de risques, sans quoi ils se retrouveront piégés comme l'ont été certains vendeurs à découvert fin janvier.

La séance du jour est encore dominée par les publications d'entreprises. L'Oréal et The Walt Disney Company hier soir par exemple. Et une nuée d'autres plus petites pour terminer la semaine. Les marchés chinois sont clos pour le nouvel an lunaire. Tokyo met fin à quatre séances consécutives dans le vert sur un repli modeste. Le CAC40 a démarré en baisse de 0,25% à 5655 points.

Les temps forts économiques du jour

La production industrielle dans la zone euro en décembre (11h00) et l'indice de confiance des consommateurs de l'université du Michigan de février (16h00) sont programmés aujourd'hui.

Peu d'évolutions entre le dollar et l'euro, à 1,2121 USD. L'once d'or faiblit à 1821 USD, comme le pétrole, avec un Brent à 60,72 USD et un WTI à 57,72 USD. Le rendement du T-Bond remonte à 1,16%. Le Bitcoin, qui a flirté avec les 49 000 USD, redescend à 47 230 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Aperam : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 35 à 37 EUR.
  • Aroundtown : Jefferies passe d'acheter à conserver en visant 6,30 EUR.
  • Cranswick : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 3600 à 3700 GBp.
  • Danone : Bernstein reste à sousperformance avec un objectif réduit de 50 à 46 EUR.
  • Dassault Systèmes : J.P. Morgan relève son objectif de cours de 180 à 200 EUR.
  • Dätwyler : Research Partners relève son objectif de cours de 240 à 250 CHF.
  • Delta Plus : GreenSome Finance reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 88,20 à 97,20 EUR.
  • DKSH : Julius Bär reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 63 à 73 CHF.
  • EssilorLuxottica : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif relevé de 154 à 160 EUR.
  • John Laing : Liberum démarre le suivi à l'achat en visant 350 GBp.
  • L'Oréal : Credit Suisse reste à sousperformance avec un objectif de cours relevé de 235 à 242 EUR.
  • Neste Oyj : Barclays passe de pondération en ligne à surpondérer en visant 75 EUR.
  • Rexel : J.P. Morgan relève son objectif de cours de 14 à 18 EUR.
  • Schneider Electric : RBC reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 130 à 135 EUR. Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 127 à 145 EUR.
  • Scout24 : Goldman Sachs passe de neutre à achat en visant 77,40 EUR.
  • Sodexo : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 78 à 89 EUR.
  • ThyssenKrupp : DZ Bank reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 9,80 à 13 EUR.
  • Total : LBBW passe de conserver à acheter en visant 39 EUR.
  • Umicore : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 50 à 56 EUR.

L’actualité des sociétés

En France

Résultats des sociétés

  • Eutelsat : L'opérateur satellitaire a relevé la borne basse de son objectif de chiffre d'affaires 2020/2021 en marge de la publication de ses comptes semestriels.
  • L'Oréal : les résultats du T4 sont supérieurs aux attentes, notamment grâce à la progression de la vente en ligne. Un dividende en hausse, de 4 EUR, sera proposé. L'objectif 2021 est de faire progresser les revenus les résultats, dans des proportions qui n'ont pas été précisées.
  • La Française des Jeux : les efforts sur les coûts ont permis de maintenir l'Ebitda 2020 au niveau de celui de 2019. Le bénéfice net a atteint 214 M€. Un dividende de 0,90 EUR sera proposé, soit un taux de distribution de 80 %. Le groupe ne formule pas de prévisions chiffrées à ce stade.
  • Rubis : les revenus 2020 se contractent de 25 % à 3,9 Mds€. Le groupe confirme que son résultat net devrait se situer au-dessus de celui de 2018 mais en deçà de celui de 2019.

Annonces importantes

Dans le monde

Résultats des sociétés

  • Ems-Chemie : le groupe fait un peu mieux que prévu en 2020, en dépit d'une contraction de son chiffre d'affaires et de ses résultats. Un dividende de 17 CHF sera proposé. La reprise constatée au T4 devrait se confirmer cette année.
  • HubSpot : le titre flambe de près de 16 % hors séance, après les résultats du T4.
  • ING Groep : les bénéfices du T4 sont supérieurs aux attentes, assez nettement même.
  • The Walt Disney Company : les résultats du T4 sont en baisse, mais dépassent les attentes grâce à la plate-forme de streaming du groupe. Le titre gagne 1,5 % hors séance.

Annonces importantes

Ça publie aujourd'hui. The Charles Schwab, Dominion Energy, Moody's, ING Groep, Ems-Chemie, Boliden, Norsk Hydro, La Française des Jeux, Eutelsat

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