" Bac-2 " au moment de se lancer dans une vie professionnelle extrêmement riche, Benoît Gillmann fonde en 2000 BIO-UV Group, leader européen du traitement de l’eau sans produit chimique. Après un été 2022 marqué par la sécheresse et les problématiques de gestion des eaux usées, nous faisons le point avec cette société qui vient de publier des résultats semestriels en très forte augmentation.  

Benoît Gillmann, après quelques décalages de votre plan de croissance interne depuis l’introduction en Bourse, BIO-UV Group a connu un bond de sa profitabilité au premier semestre 2022. Est-ce uniquement lié à l’apport de Corelec, acquisition réalisée fin 2021 ? 

" L’intégration de Corelec, dont la marge d’Ebitda avoisinait 30% l’an dernier, augmente bien sûr mécaniquement les résultats du Groupe. Cependant, notre périmètre historique, que ce soit dans nos divisions Terrestre ou Maritime, a vu sa profitabilité progresser grâce à une croissance organique de 17% au 1er semestre. A noter que sur le Terrestre, les activités dites de récréatif (hors Corelec) dégagent le même niveau de marge que Corelec. Par ailleurs, la profitabilité du Maritime s'est améliorée grâce à un mix produits plus favorable, notamment dans la vente de systèmes à petit débit sur le marché des yachts, avec des marges plus confortables que dans la marine marchande. " 

Est-ce à dire que le deuxième semestre sera moins bon ?  

"Le second semestre sera fort et avec un effet de saisonnalité sur l'activité récréative. De plus, nous subissons des hausses de prix que nous répercutons progressivement à nos clients. Au global, nous devrions réaliser une très bonne année 2022 avec un chiffre d’affaires annuel de l’ordre de 50 M€. " 

Une clientèle diversifiée (source : société)

Parmi les nombreux produits et débouchés dans la division Terrestre, lesquels offrent le plus de potentiel de développement pour BIO-UV Group ? 

"Le traitement de l’eau est un marché extrêmement stratégique qui offre de nombreux axes de développement. Nos priorités sont, dans l’ordre, le récréatif sur lequel les solutions non chimiques gagnent des parts de marché, l’aquaculture avec la montée en puissance des élevages alvins à terre, l’industrie dans le traitement des eaux de process où la réutilisation des eaux industrielles est très porteuse, et enfin la « REUSE », la réutilisation des eaux usées qui est un petit marché à ce jour mais doté d’un gros potentiel. En effet, sur les 3% d’eau douce disponibles sur la Terre (97% étant de l’eau salée des mers et océans), seulement 1% est utilisable par l’humain, les 2% restant représentant les eaux congelées des pôles. Sur ce 1% disponible pour l’homme, 70% servent à l’irrigation. Or, en France, moins de 1% des eaux usées sont retraitées pour être réutilisées, contre plus de 10% en Espagne et en Italie. L’évolution de la réglementation devrait nous être favorable en la matière et nous travaillons déjà sur des projets significatifs, avec Veolia par exemple. " 

Plus de la moitié du résultat du Groupe provient du secteur Récréatif, c’est-à-dire le traitement de l’eau des piscines. Quelles tendances observez-vous sur ce marché ? 

"Nous occupons effectivement une place importante en France et en Europe dans ce secteur, que ce soit sur les piscines privées ou collectives. Le marché tient bien après des années de forte activité et sur notre segment des piscines haut de gamme, nous ne voyons pas de ralentissement. Nous étudions en détails le marché américain du récréatif qui ne pèse pas moins de 60% du marché mondial… " 

Pour cela, il vous faudra passer par des acquisitions. En avez-vous encore les moyens ?  

" Effectivement, malgré une dette financière nette de l’ordre de 25ME à fin 2022, notre taux d’endettement et notre capacité de désendettement nous donnent des marges de manœuvre pour redémarrer aux Etats-Unis, un territoire que nous connaissons bien. Le marché américain des piscines haut de gamme se porte bien et les pénuries de chlore depuis deux ans à la suite de l’incendie qui a touché le plus grand fournisseur de chlore outre-Atlantique favorisent les solutions alternatives en matière de traitement de l’eau. " 

Dans le Maritime, BIO-UV Group fournit des systèmes de traitement des eaux de ballast, un marché porté pour le moment par la réglementation… 

" La réglementation qui oblige à traiter les eaux de ballast d’ici le 1er janvier 2025 nous assure le maintien d’un haut niveau de chiffre d’affaires sur cette activité en 2023 et 2024. Au-delà, la baisse du CA sur le retrofit ne devrait pas forcément s’accompagner d’une baisse concomitante du résultat compte tenu de la montée des ventes de services et de remplacement de pièces détachées, mieux margés. " 

Vous présentez des perspectives plutôt prometteuses pour le Groupe. Pourquoi, dans ce contexte, avez-vous personnellement vendu plus de 10% du capital de BIO-UV Group depuis 2 ans ? 

" Votre question est judicieuse, mais quand vous avez travaillé 50 ans il semble temps d’envisager l’avenir de l’entreprise en s’appuyant sur une nouvelle génération de managers de grande qualité, à l’image de Laurent-Emmanuel Migeon, notre Directeur général délégué en charge des finances et d’une grande partie des opérations et Simon Marshall qui a pris la direction de l’Ecosse lors de l'acquisition de Triogen en 2019, en charge également de l'activité export et M&A. "