RANGOUN, 13 janvier (Reuters) - Des insurgés musulmans rohingyas ont déclaré samedi que les corps de dix Rohingyas retrouvés en décembre dans une fosse commune de l'Etat birman d'Arakan étaient des "civils innocents" et non des rebelles.

L'armée birmane a reconnu cette semaine que ses soldats avaient tué dix "terroristes" musulmans capturés, lors d'attaques insurgées remontant au début de septembre. Il est rare que l'armée birmane reconnaisse des bavures survenues lors d'opérations qu'elle mène dans l'Etat d'Arakan, où vivent les Rohingyas, musulmans apatrides qui ont fui en masse vers le Bangladesh depuis la fin août.

L'Armée du salut des Rohingyas de l'Arakan (ARSA), dont les attaques contre des postes de sécurité fin août ont déclenché de vastes opérations militaires en Arakan, Etat du nord de la Birmanie, a dit saluer la reconnaissance de "crimes de guerre" par "l'armée terroriste birmane".

"Nous affirmons ici que les dix civils innocents Rohingyas retrouvés dans la fosse commune du village d'Inn Din n'étaient pas membres de l'ARSA et ne lui étaient liés en aucune façon", a écrit le groupe d'insurgés sur Twitter.

Un porte-parole du gouvernement birman a déclaré, en réponse au communiqué d'ARSA, que parfois "des terroristes et des villageois sont alliés dans les attaques" contre les forces de sécurité.

L'armée a annoncé le 18 décembre qu'une fosse commune contenant les dix corps avait été découverte dans le village côtier d'Inn Din, à une cinquantaine de kilomètres au nord de la capitale de l'Etat d'Arakan, Sittwe. L'armée a chargé un officier supérieur de mener une enquête à ce sujet.

La dirigeante civile birmane Aung San Suu Kyi a estimé vendredi que la reconnaissance par l'armée des actes commis par les militaires était "une bonne chose".

"C'est une nouvelle étape pour notre pays", a-t-elle dit lors d'une conférence de presse conjointe avec le chef de la diplomatie japonaise, Taro Kono, dans la capitale Naypyitaw. (Thu Thu Aung; Eric Faye pour le service français)