Et si on copiait le code de Bitcoin ? 

En étant open source, le code de Bitcoin peut facilement être copié. Vous pouvez copier le code dès à présent ou créer votre propre variante avec une nouvelle fonctionnalité. Vous pourriez nommer ce nouveau réseau : Bitcoin 2, Bitcoin 3, Bitcoin Road To Be Billionaire, comme vous voulez. Si j’ai éveillé votre curiosité de développeur blockchain, je vous laisse vous perdre dans les méandres de BitcoinCore, la Bible 3.0. Mais alors, si le code est facilement copiable, qu’est-ce qui fait la valeur de Bitcoin. 

Les gens ont essayé de faire des contrefaçons et des améliorations de Bitcoin, appelées forks. La liste se compte par milliers, et ce dès 2013, soit quatre ans après le lancement du premier bloc de Bitcoin appelé Genesis. Devinez quoi? Aucun d'entre eux n'a jamais attiré l'attention du public, en tout cas jamais au même niveau que l’authentique Bitcoin, et ce malgré d'éventuelles améliorations mineures du protocole Bitcoin d'origine. 

Mais alors pourquoi le Bitcoin a réussi à conserver sa suprématie ? 

La loi de Metcalfe

On peut trouver une première raison avec la loi de Metcalfe. Ce principe propose que la valeur d'un réseau de télécommunications soit proportionnelle au carré du nombre d'utilisateurs connectés du système. Ainsi, plus un réseau est déjà grand, plus il est facile de se développer encore plus rapidement. Par exemple, par analogie, posséder un seul télécopieur est inutile. Lorsqu'il y a deux télécopieurs, vous pouvez communiquer avec une autre personne, mais lorsqu'il y en a des millions, l'appareil a une certaine valeur.

Les cryptomonnaies, de par leur nature sociale, sont soumises aux mesures de croissance définies par la loi de Metcalf. Plus il y a de personnes qui adoptent une cryptomonnaie donnée, plus il est intéressant pour les autres de l'utiliser. Et plus les autres l'utilisent, plus il est intéressant pour les commerçants de l'adopter. Et plus les marchands l'adoptent, plus il devient précieux pour les utilisateurs d'origine. Répétez à l'infini, ou du moins jusqu'à ce que tous les humains l'utilisent.

Loi de Metcalf
Researchgatenet

Cette loi peut aussi expliquer le haut niveau de décentralisation du réseau Bitcoin, qui, en étant l’un des plus anciens réseaux, à permis, au fur et à mesure des années, de multiplier les nœuds qui sécurisent le réseau partout autour du globe. Bitcoin restant aujourd'hui le réseau le plus décentralisé dans l’écosystème des cryptomonnaies. 

Maintenant, permettez-moi de vous demander. Préférez-vous posséder un bitcoin, même une fraction de celui-ci, sachant que vous pouvez le vendre immédiatement à des centaines de millions d'autres personnes dans le monde instantanément. Ou à la place, achetez mon nouveau "BetterBitcoin" : “Je peux vous le garantir, personne ne l'utilise encore, mais croyez-moi, ils le feront”. Que pensez-vous que la plupart des gens choisiront ? La réponse est évidente. 

Mais qu'en est-il des 20 000 cryptomonnaies dont vous avez entendu parler ? 

Il y a le Bitcoin et les autres

Si, d’un côté, le Bitcoin a été conçu comme étant un système de paiement pair-à-pair avec sa propre monnaie numérique (certains préféreront dire “or numérique”) limitée à 21 millions d'unités qui est décentralisée, incensurable et transparente, de l’autre, les blockchains concurrentes ont une vocation tout autre. Je m’explique, prenez Ethereum par exemple. Nous pourrions la comparer à un ordinateur mondial où tout le monde peut créer son propre logiciel, sauf qu’ici, pour réaliser des transactions dans ces logiciels vous n’utilisez pas des monnaies fiduciaires, mais de l'éther, la cryptomonnaie native de la blockchain. Ethereum est la terre promise pour les développeurs d’applications décentralisées (Dapps) voulant s’appuyer sur des contrats intelligents pour construire des logiciels 3.0. Depuis, de nombreuses blockchains tentent, elles aussi, de devenir un meilleur ordinateur mondial qu’Ethereum à leur tour. C’est le cas de Solana, Cardano, Cosmos ou encore Avalanche entre autres. 

Mais pourquoi pas construire ces applications décentralisées sur Bitcoin me direz-vous ? Comme nous l’avons vu, ce n’est pas la vocation de Bitcoin, il a été conçu par Satoshi Nakamoto pour être un système de paiement électronique décentralisé et incensurable. L'un n'empêche pas forcément l’autre me direz-vous. Bon, c’est le moment de vous raconter une petite histoire pour vous expliquer.

Une brève histoire de Vitalik Buterin chez Bitcoin

Vitalik Buterin, le cofondateur d’Ethereum, en voyant la valeur de Bitcoin, a décidé de consacrer sa vie, dès son adolescence, à la sphère crypto. Buterin a d’ailleurs cofondé Bitcoin Magazineen septembre 2011 alors qu’il était à l’université. Il est rapidement devenu un expert du Bitcoin et a approfondi ses connaissances pour améliorer la blockchain. En mai 2013, à force de s'intéresser au Bitcoin, le jeune Buterin décide de poursuivre le développement de la cryptomonnaie à plein temps, et à la fin du semestre, il avait abandonné l’université pour exaucer son rêve de monde décentralisé. Pendant six mois, en 2013, Buterin a parcouru le monde pour rencontrer des développeurs de bitcoins. Mais il s’est rendu compte qu’il pouvait créer une nouvelle blockchain, potentiellement meilleure. “Bitcoin avait des fonctionnalités trop limitées” a-t-il déclaré.

Pour expliquer sa pensée, Buterin a comparé le Bitcoin à une calculatrice de poche et une nouvelle blockchain semblable à un smartphone pour expliquer Ethereum. “Une calculatrice de poche fait une chose et elle fait bien une chose, mais en réalité, les gens veulent faire toutes ces autres choses. Et si vous avez un smartphone, vous avez une calculatrice de poche en tant qu’application”, a-t-il déclaré. En conséquence, il a proposé Ethereum, le smartphone de la cryptosphère. C’est-à-dire que le langage script initial de Bitcoin à maximiser la sécurité au détriment de la programmabilité, ce qui limitait les ambitions du jeune Buterin.

Désormais, Bitcoin est connu pour son système de paiement pair-à-pair, tandis qu’Ethereum est capable de traiter plus de transactions, il peut alimenter et créer des applications décentralisées, comme des outils financiers et des plateformes de médias sociaux, ainsi que des NFT grâce au développement des contrats intelligents - autrement dit, tout un tas de fonctionnalités trop compliqués à intégrer dans la calculatrice de poche Bitcoin. Avec son passage de la preuve de travail à la preuve d’enjeu, Ethereum a prouvé son ambition de pousser le curseur de la programmabilité au maximum en ayant pour objectif final d’atteindre le trilemme des blockchains. Mais le critère de la décentralisation, d’autant plus depuis son passage à la preuve d’enjeu, semble être remis en cause… 

Ainsi, avec Bitcoin et Ethereum, c’est deux salles, deux ambiances. D’un côté, une bonne vieille calculette de poche qui ne déçoit jamais, de l’autre, un smartphone où les applications pullulent, parfois pour le meilleur et pour le pire… À mon sens, à l'avenir, il y aura probablement une cryptomonnaie majeure - Bitcoin qui pour l’instant est la plus décentralisé, et donc moins sensible aux transactions privées non autorisées ou aux manipulations - et très probablement quelques dizaines d'autres cryptomonnaies plus adaptées à la résolution de tâches économiques uniques et spécifiques ou adaptées aux mœurs politiques et sociales uniques de ses utilisateurs - Ethereum restant pour l’instant la blockchain de référence pour satisfaire les désirs des développeurs du Web3