Paris (awp/afp) - Les taux d'emprunt en zone euro ont enregistré une tension jeudi, les investisseurs choisissant de prendre leurs profits après des déclarations montrant des désaccords au sein de la Banque centrale européenne (BCE).

En effet, le membre du directoire de la BCE Benoît Coeuré a mentionné ce jeudi que "les achats de la BCE ne pouvaient pas être permanents car les marchés de capitaux européens n'étaient pas assez grands", a relevé auprès de l'AFP Nicolas Forest, directeur de la gestion obligataire de Candriam.

Ces déclarations ont mis en exergue "les dissensions au sein de la BCE", analyse M. Forest, entre les partisans d'une politique relativement accommodante et les membres favorables à un resserrement du programme de rachats d'actifs.

Le spécialiste rappelle que "les taux ont fortement baissé après les annonces de Mario Draghi", le président de la BCE, lequel a dévoilé courant octobre que le programme de rachats d'actifs de son institution serait prolongé jusqu'en septembre 2018.

"Le Bund (le taux allemand à dix ans, NDLR) a atteint un niveau technique très bas", poursuit M. Forest.

Dans ce contexte, les doutes émis par des membres de l'institution de Francfort venaient susciter des interrogations parmi les investisseurs sur la poursuite à long terme des rachats d'actifs, ceux-ci optant donc pour des prises de profits.

En conséquent, ce mouvement provoquait aussi un écartement des +spreads+, l'écart entre un titre de dette et le Bund, qui fait référence.

Il s'agissait selon M. Forest, de l'illustration de l'adage +Buy the rumour, sell the fact+ (achetez la rumeur, vendez la nouvelle, NDLR). L'annonce accommodante de la BCE ayant été faite le mois dernier, le marché estimait qu'il n'y avait "peut-être plus autant de raisons d'être aussi positifs que cela", poursuit le spécialiste.

A 18H00 (17H00 GMT), le taux d'emprunt à dix ans de l'Allemagne a fini en hausse à 0,375% contre 0,326% contre mercredi à la clôture du marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Celui de la France a suivi la même trajectoire, terminant à 0,749% contre 0,696%.

Le taux d'emprunt à dix ans de l'Espagne s'est pour sa part tendu à 1,533% contre 1,485% tandis que celui de l'Italie est monté à 1,816% contre 1,746%.

En dehors de la zone euro, le taux britannique a lui aussi progressé, finissant à 1,265% contre 1,225%.

A la fermeture des marchés européens, le taux d'emprunt à dix ans aux États-Unis était quasiment stable à 2,329% contre 2,334% à l'instar de celui à 30 ans à 2,809% contre 2,791% tandis que le taux à deux ans s'établissait à 1,637% contre 1,645%.

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