Paris (awp/afp) - Les taux d'emprunt des pays les plus sûrs de la zone euro se sont détendus vendredi, la crise de la livre turque ayant ravivé l'aversion au risque des investisseurs.

Cette baisse des taux d'emprunt "est liée à la situation turque, il s'agit de l'événement marquant de la journée, qui participe à augmenter l'aversion au risque", a commenté auprès de l'AFP Cyril Regnat, stratégiste obligataire de Natixis.

"C'est assez logique de trouver une configuration de baisse des taux sur les émetteurs les mieux notés de la zone euro, à commencer par l'Allemagne", a-t-il précisé.

A l'inverse, les taux d'emprunt des pays jugés risqués, comme l'Italie, ont souffert.

La livre turque a brutalement chuté vendredi, sur fond de crise diplomatique entre la Turquie et les Etats-Unis et d'inquiétudes face à d'éventuelles répercussions sur des banques européennes.

Selon un article du Financial Times, la Banque centrale européenne est préoccupée par une éventuelle contagion de cette crise monétaire à certaines banques européennes très présentes en Turquie. Le secteur bancaire a d'ailleurs fini en fort repli vendredi sur les places financières européennes.

Réponse forte

"Les investissements attendent une réponse de la banque centrale turque, des hausses de taux assez fortes, à l'image de celle de juin", a estimé M. Regnat.

"Sans la mise en place d'actions de la banque centrale, il sera difficile de stabiliser la devise turque", a-t-il complété.

Début juin, la Banque centrale turque (CBRT) avait relevé son principal taux directeur de 125 points de base, dans une tentative d'enrayer l'inflation et de soutenir la devise nationale.

Vendredi, le président Recep Tayyip Erdogan a appelé ses concitoyens à échanger leurs devises étrangères pour soutenir leur monnaie, avant que le président américain Donald Trump n'annonce de son côté une forte augmentation des taxes à l'importation sur l'acier et l'aluminium turcs.

"Les annonces de Donald Trump viennent jeter un peu d'huile sur le feu", a relevé M. Regnat.

Dans ce contexte, les chiffres de l'inflation américaine sont passés au second plan, selon l'expert.

Les prix ont légèrement augmenté aux Etats-Unis en juillet, maintenant l'inflation annuelle à 2,9%, au plus haut depuis 2012. Elle dépasse nettement l'objectif de 2% en glissement annuel fixé par la Réserve fédérale (Fed).

A 18H00 (16H00 GMT), le taux d'emprunt à dix ans de l'Allemagne a baissé à 0,317% contre 0,375% jeudi, à la clôture du marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Celui de la France a suivi la même direction à 0,670% contre 0,712%.

A l'inverse, le taux d'emprunt à dix ans de l'Espagne a un peu progressé à 1,407% contre 1,394%. Le mouvement a été plus marqué sur celui de l'Italie, qui a terminé à 2,993% contre 2,898%.

En dehors de la zone euro, le taux d'emprunt britannique à dix ans a reculé, à 1,242% contre 1,296%.

A la clôture des marchés européens, le taux d'emprunt à dix ans des États-Unis était également en baisse à 2,877% contre 2,962% jeudi, à l'instar de celui à 30 ans à 3,038% contre 3,072%. Celui à deux ans s'établissait pour sa part à 2,608% contre 2,645%.

afp/rp